« Ni acteur, ni complice » : parier avec les jeunes pour l’élimination les mutilations génitales féminines
« Ni acteur, ni complice ! Stop au MGF maintenant » : c’est une campagne par laquelle les jeunes d’organisations de la société civile des 13 régions du Burkina ont uni leurs voix pour dire Non aux mutilations génitales féminines. Dans le cadre de cette campagne, plusieurs centaines de ces jeunes se sont réunis le 3 décembre 2022 à Ouagadougou pour réitérer leur engagement à mener un ”vieux combat” mais loin d’être gagné.
Un après-midi de samedi, sur la pelouse d’un hôtel luxueux de Ouagadougou, pas moins 200 personnes ont rendez-vous, principalement des jeunes femmes et hommes venus des 13 régions du pays au nom d’organisations de la société civile. L’instant est festif et convivial, accompagné de musique et de danse. Mais pas pour autant qu’il faut reléguer au second plan la cause qui réunit : le combat pour l’éradication des mutilations génitales féminines (MGF).
Sur des t-shirts noirs qu’ont arborés ces centaines de personnes, on pouvait lire le même message, inscrit en blanc : « Stop à l’excision. Ni acteur, ni complice ». C’est autrement le slogan de la campagne dite de mobilisation et d’engagement des jeunes contre les MGF, campagne portée par le Fonds des nations-Unies pour la population (UNFPA) au Burkina. Cette campagne s’inscrit dans les cadres des activités d’une autre, plus vaste et dénommée « 16 jours d’activismes contre les violences basées sur le genre ».
L’objectif de « Ni acteur, ni complice » est sans détour : il s’agit d’« engager les jeunes dans les actions de prévention et de dénonciation des cas de MGF au Burkina Faso ». Cet objectif traduit une réalité persistante des MGF au Pays des Hommes intègres malgré des progrès constatés au cours des dernières années. En effet, le Burkina fait partie de 29 pays africains où des femmes et des filles subissent encore la pratique de l’excision. Les chiffres ? Des enquêtes indiquent qu’en 2015, la prévalence de l’excision était de 67,6% des femmes dont l’âge est compris entre 15 et 49 ans même si elle était de 75,8% en 2010 pour la même tranche d’âge.
Les MGF ne sont pourtant pas sans conséquences, à divers niveaux, pour les victimes. « Cette pratique est la cause de complications sévères, pouvant même causer la mort ; les MGF violent les principes et les normes des droits de la personne, y compris le droit à l’intégrité physique et mentale ainsi que le droit à la vie. Les filles qui subissent cette pratique courent des risques préjudiciables à leur santé de la reproduction, brisant le plus souvent leurs perspectives de réaliser leur potentiel et de contribué à l’effort de leur communauté », a déploré Edith Ouédraogo dans un discours tenu au nom du représentant résident de l’UNFPA au Burkina lors de la cérémonie. Et d’en appeler à « des initiatives coordonnées et systématiques impliquant des communautés entières ».
Pour Edith Ouédraogo, le combat pour l’élimination des MGF et toutes les autres formes de violences basées sur le genre est d’abord celui des jeunes. En témoigne le flambeau de la lutte qui leur a été transmis par les plus hautes autorités du pays en 2020. « Votre engagement est un travail pour la vie, un travail pour la liberté, un travail pour l’émancipation de la femme. Restons tous débout jusqu’au jour où ces pratiques ne seront qu’un mauvais souvenir pour les jeunes et les femmes », a-t-elle souhaité.
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Un combat des jeunes, les participants à cette campagne n’en sont pas moins conscients. Le représentant des jeunes, Paulin Ouédraogo a invité ses camarades à redoubler d’effort dans les actions et dans la veille au quotidien pour être « cette génération dont nos filles liront les histoires de MGF dans les livres d’histoire. Nous ne serons ni acteurs ni complices, nous prenons une fois de plus l’engagement de maintenir allumé le flambeau transmis à la jeunesse et à assurer la relève ».
A noter qu’à l’échelle mondiale, l’objectif des Etats est de mettre fin aux MGF d’ici à l’horizon 2030
Bernard Kaboré