Situation nationale: “La reconquête du territoire, la sécurité de nos populations passent avant les élections”, Moussa Koama, un citoyen
Dans la tribune ci-dessous, Moussa Koama, un citoyen livre une analyse sur la situation sociopolitique actuelle du Burkina. Et en perspective de la fin de la transition prévue pour juillet 2024 comme convenue avec la CEDEAO, l’auteur de la présente estime que ”la reconquête du territoire, la sécurité de nos populations passent avant les élections”. Lisez plutôt.
Il est sans conteste que des militaires qui arrivent au pouvoir par un coup d’état créent un rapport de force en s’imposant au gré du reste de l’armée. Ainsi, ils comptent sur le reste de la troupe ayant contribué à la prise du pouvoir pour leur maintien à la tête de l’état. Cela ne va pas sans conséquences car avec le temps, le reste de la troupe qui n’a pas été appelé aux affaires, pourrait se considérer oublié, négligé, trahi et sans parler du reste des frustrés de l’armée.
Nous savons que sous les régimes d’exception, afin de s’installer pour un long règne, la technique de purge pour se débarrasser de ses ennemis réels ou supposés ennemis, et de s’affranchir de ses compagnons hier serait de les accuser de tentative de coup d’état, d’intelligence avec l’étranger et de complot. Cela n’a pas toujours été le cas. DAMIBA qui par raccroc n’a pas rencontré de résistance populaire lors de son pronunciamiento a voulu prendre son « indépendance », sa « liberté » vis-à-vis de ses camarades en se faisant investir Président du Faso pour « légitimer son pouvoir par le peuple » et le préserver des sauts humeurs de ses camarades et de tout « aventurier » qui penserait à un coup d’état. La suite on la connait.
Ainsi pour se mettre à l’abri de toute surprise qui pourrait entraver le processus enclenché depuis le 30 octobre 2022, Il faudrait nécessairement que les autorités actuelles travaillent à avoir une armée unie si ce n’était pas le cas, en responsabilisant ses différents constituants de l’armée à travers leurs chefs pour l’atteinte des objectifs ayant motivés la prise du pouvoir. Les velléités de coup d’état ou de déstabilisation tous les gouvernements du monde entier en connaissent et vivent avec. Il appartient donc à nos autorités d’être vigilants « d’ouvrir l’œil et le bon » de travailler dans la transparence en accord avec le peuple pour bénéficier de l’engagement total de celui-ci à ses côtés.
Dans la plupart des cas les militaires qui prennent le pouvoir à la suite d’un coup d’état, arrivent à la tête de l’État sans programme politique et sans idéologie definis.
Le manque de programme politique et d’idéologie devrait amener le pouvoir à s’ouvrir aux politiques sauf s’il est la branche armée d’une organisation quelconque. Ainsi les politiques l’aideront à décliner sa vision globale en actions pour l’atteinte des objectifs ayant motivé la prise du pouvoir. Cette inclusion devrait permettre de gouverner sur une longue période avant de procéder à l’organisation des élections.
Pour le cas du Burkina Faso, la situation est plus compliquée. Une partie du territoire est occupée par des terroristes qui y sèment mort et désolation. Les militaires actuels au pouvoir arrivent à la suite d’un précèdent coup d’État militaire avec pour motif que leurs prédécesseurs (camarades d’hier) n’avaient pas fait de la reconquête du territoire et de la lutte contre le terrorisme leur priorité, manquaient de volonté et d’efficacité. Trois mois ont été donnés par les nouveaux arrivant pour qu’on ne parle plus de terroristes au Burkina Faso. Un gouvernement de transition est mis en place. Un délai de vingt-quatre mois avait été arrêté avec la CEDEAO à l’issu duquel délai des élections démocratiques devraient être organisées pour un retour à une vie constitutionnelle normale.
Principalement ce qui m’attriste c’est le fait que certaines personnes refusent de voir la réalité. Le président Ibrahim TRAORE dans l’euphorie de l’action avait dit que le problème du terrorisme pouvait être réglé en trois mois et que le pouvoir pouvait être donné à un civil parce que lui il a besoin d’être sur le terrain pour libéré le pays parce que les gens souffrent beaucoup. Premièrement la charte de la transition n’a pas donné le choix entre militaire ou civile. Elle dit clairement que le président du MPSR est le président du Faso et le président du MPSR c’est Ibrahim Traoré donc la question du civil président du Faso a été réglée et personne n’a trouvé à redire. Pourquoi se focalise-t-on sur ce délai de trois mois (maintenant dépassé) pour tenir rigueur à Ibrahim TRAORE alors que les trois mois n’étaient même pas indiqués dans la charte de la transition ? Pourquoi refuse-t-on de voir le délai de trois mois comme l’expression de la volonté ferme et affichée d’une personne souffrant dans sa chair du fait de la souffrance de ses compatriotes, qui veut libérer son pays dans de meilleurs délais ? Vu l’ampleur de la tâche et malgré les actions courageuses et salvatrices de nos FDS/VDP nous savons tous à moins d’être de mauvaise foi que matériellement tout délai pourrait être insuffisant dans ce contexte de lutte contre le terrorisme. On sait quand commence une guerre mais pour ce qui est de sa fin il serait hasardeux de chercher à la prévoir. Quelqu’un a-t-il un agenda caché ? La question est posée à ceux qui font une fixation sur les 3 mois sans voir le travail abattu.
Je trouve que les élections prévues à l’issue des vingt-quatre mois ne devraient pas avoir lieu même si nous réussissions à récupérer 80% de notre territoire. Pourquoi ?
Parce que :
– nous retomberons inévitablement dans les mêmes situations faites d’insécurité, de mauvaises élections, de mal gouvernance, de corruption et d’exclusion. Les élections ont toujours été des moments de corruption et d’achat de consciences de telle sorte que c’est celui qui distribue le plus de billets de banque, organise des ripailles qui est élu. Les billets de banque des personnes avides de pouvoir en disposent et n’attendent que le top- départ des élections. D’ailleurs on se demande comment ont –elles pu se constituer une telle richesse financière dans cette savane.
-la sécurité est la priorité du moment. Il y a trop de personnes déplacées internes qui attendent d’être réinstallées dans leur localité d’origine. L’économie est désorganisée et disparaissant. La paysannerie est à l’agonie du fait de l’insécurité et les déplacements des populations. Les paysans ont été dépossédés de leurs terres subtilement accaparées par des promoteurs immobiliers et d’autres personnes souvent avec la complicité de responsables locaux laissant ainsi à la postérité des conflits fonciers sanglants en gestation.
-la misère que vit actuellement les populations des villes et des campagnes risque d’entrainer des émeutes de la faim et de développer une économie parallèle (le marché noir) compte tenu de la cherté de la vie engendrée par une hausse exagérée des prix des produits et de la baisse du pouvoir d’achat. Dans ce contexte social difficile certaines personnes résisteraient difficilement à la corruption et à la vente de leurs voix lors des élections.
Quel que soit la préparation de ces élections je ne suis pas sûre qu’on puisse avoir dans l’intervalle de temps (sur les 24 mois il restera 18 mois) qui a été arrêté avec la CEDEAO des élections apaisées vu notre situation sécuritaire.
Il y a une nécessité de maintenir les acteurs (FDS/VDP) qui sont sur le terrain pendant dans la dynamique et dans la lancée actuelle de sécurisations, de défense et de reconquête du territoire. Les élections pourraient être perturbantes pour nos FDS/VDP.
La date fixée pour la fin de la transition devrait être proroger de 5 ans. La réflexion de prorogation doit se mener maintenant. Nous savons tous que la fin des 24 mois ne coïncidera jamais ni avec la fin du terrorisme, ni avec la récupération totale du territoire burkinabè et ni avec le retour de toutes les personnes déplacées à leur lieu d’origine. La terre de notre cher Burkina Faso terre de nos ancêtres ne peut se déplacer. On doit travailler à la sécuriser pour le présent ainsi que pour le futur et c’est en cela que le Président Ibrahim TRAORE s’est engagé. Il faudrait lui accorder le temps nécessaire. Il ne faudrait pas se précipiter pour organiser des élections et retomber dans la même situation sinon pire que celle d’avant le coup d’Etat. Il pourrait être envisager que souverainement et par le fait du prince le Président Ibrahim TRAORE puisse décider de passer directement le pouvoir à un civil qui sera chargé de la suite et de l’organisation des élections au cours de la période de transition (les 5 ans inclus) comme il l’avait laisser apercevoir aux premières heures de sa prise de pouvoir. Il pourrait ainsi se réorganiser pour se retirer sur le front auprès FDS/VDP.
La CEDEAO et le reste du monde n’ont pas la réalité du Burkina Faso plus que les Burkinabè eux même qui la vivent dans leur chair. Il est de notre intérêts d’assainir le paysage économique, social et politique pendant la transition et ne pas céder aux exigences et au conformisme des engagements souscrits (bien sûr en y mettant les formes) qui pourraient nous coûter cher et nous ramener à un éternel recommencement avec des pertes en vies humaines. Ainsi, nous disons que si la loi, la légalité, les engagements souscrits et la démocratie ne peuvent permettre de sortir le Burkina Faso de sa situation actuelle alors, embrassons la « dictature éclairée » car le danger aujourd’hui est tel que « les lois » pourraient devenir des obstacles, et la démocratie source de désordre, d’injustice, de régression économique et sociale.
Aussi il y a le fait qu’on ne peut pas aspirer à reconstituer un état de paix, équilibré, fort, développer une économie nationale intégrée à l’organisation administrative et politique ainsi qu’une justice qui répond aux attentes des populations sans oser briser certains liens séculaires et sans au préalable la réconciliation entre les fils et filles du Burkina Faso. Nous savons que la réconciliation ce n’est pas le temps d’une élection mais c’est sur le long terme. Pourtant sans la réconciliation sincère toute victoire engrangée par tout autre moyen pourrait être inhibée.
Le problème aujourd’hui c’est qu’on ne sait plus sur qui compter. Certains « politiques », certains OSC, la corruption, le vol, les détournements d’argent public parait-il font bon ménage et que la grande muette ne serait pas en reste. De la justice, les jugements des affaires de crimes politiques, crimes économiques, de corruption et l’examen des rapports des audites de L’ASCE-LC, et ceux du RENLAC ainsi que leur jugement s’il y a lieu sont attendus avec impatience par les populations.
Je serais tenté de dire que les Burkinabès sont fatigués des pouvoirs éphémères, fatigués des coup d’état, fatigués d’expérimenter des militaires, las de l’instabilité et las d’être à la merci des commerçants véreux (dont certains seraient complices des terroristes), las de l’insécurité…
Les Burkinabès aspirent à la paix, à la sécurité, à la réconciliation, à la prospérité. Les Burkinabès veulent un homme sage, digne de confiance, honnête, d’une grande autorité, économe, et par-dessus tout patriote à la tête de son Etat. Un homme qui sait que le Burkina Faso est fait d’hommes et de femmes de tout âge, accepte que la jeunesse seule n’est pas une panacée dans la gouvernance d’un État et saura fédérer autour de sa personne toutes les forces et compétences de la nation.
Pour le moment je croirais avoir trouver cette personne en sa version militaire en la personne du président Ibrahim TRAORE et en sa version civile en ce patriote ayant fait de la réconciliation son cheval de bataille, qui a compris très tôt que sécurité et réconciliation dans le contexte burkinabè doivent aller de pair.
Enfin, Les gens biens et sages sont légions au Burkina Faso. Ils doivent parler et agir, continuer de parler et continuer d’agir pour que le Burkina Faso terre de nos ancêtres reste debout, se libère pour continuer sa marche victorieuse vers un avenir radieux.
QU’ALLAH sauve et bénisse notre cher Burkina Faso
KOAMA Moussa
Un citoyen