Société

Société des éditeurs de la presse privée : une délégation chez le doyen E. Ouédraogo

Le directeur de publication de L’Observateur Paalga a reçu ce mardi 17 janvier 2023 une délégation de la Société des éditeurs de la presse privée du Burkina (SEP). Cette délégation était conduite par son premier responsable, Inoussa Ouédraogo. Une visite de courtoisie au doyen de la presse privée burkinabè qui a été l’occasion d’un tour d’horizon des défis qui se posent à la presse d’aujourd’hui, dont la rareté du papier à imprimer et l’insuffisance d’un appui de l’Etat.

Une photo de famille a immortalisé cette visite au “doyen”, Edouard Ouédraogo (Ph. Assane O.)

L’objectif premier de la visite d’une délégation de la SEP au doyen de la presse privée burkinabè a été d’abord de présenter les vœux de cette structure au directeur de publication de L’Observateur Paalga mais aussi de lui faire mieux connaitre la nouvelle équipe dirigeante de la SEP qui a été installée il y a quelques mois. Mais dans un contexte où la presse privée rencontre mille et une difficultés qui menacent d’ailleurs sa survie, cette visite ne pouvait que prendre plutôt l’allure d’un cadre de réflexion sur des défis à relever. Le président de l’a SEP, Inoussa Ouédraogo, a d’ailleurs déclaré au sortir de la rencontre avec Edouard Ouédraogo : « Nous venons à la tête de la SEP dans un contexte où les entreprises de presse traversent des moments extrêmement difficiles ».

Ces difficultés, selon Inoussa Ouédraogo, sont liées, non seulement à la rareté du papier à imprimer du fait notamment d’une conjoncture internationale marquée par la guerre russo-ukrainienne, mais aussi des difficultés liées à une rareté des lecteurs. « On a de moins en moins des gens qui lisent et du coup les entreprises de presse arrivent à peine à vendre leurs productions », a-t-il expliqué. Dans un contexte également marqué par le tout numérique et où les réseaux sociaux devancent les médias classiques sur certaines informations, il ne fait pas non plus bon vivre pour la presse imprimée, selon le patron de la SEP. « Il nous faut nous adapter et chercher les lecteurs où il faut les trouver et faire en sorte qu’ils s’intéressent aux contenus que nous produisons afin de pouvoir continuer à vivre en tant qu’entreprises et faire face aux charges auxquelles nous sommes confrontées, y compris les impôts et les salaires à payer », dit-il.

Il n’y a pas que le défi de la reconquête du lectorat ou de la disponibilité des intrants à relever. A en croire Inoussa Ouédraogo, le piratage des contenus de journaux constitue un défi majeur pour les éditeurs de presse. « Nos contenus sont à longueur de journée piratés, distribués dans des groupes WhatsApp et d’autres plateformes numériques. Or, nos entreprises vivent aussi de la vente de l’information », regrette   le chef de la délégation du jour. En résumé, « nous avons échangé sur la nécessité d’aller vers un nouveau modèle économique adapté à notre contexte», a confié Inoussa Ouédraogo. Et d’arguer qu’à la SEP, on réfléchit à comment saisir l’opportunité qu’offre le numérique afin de monétiser les contenus des journaux.  Toujours pour améliorer la santé financière des entreprises de presse, la SEP, selon son premier responsable, œuvre de commun accord avec le ministère en charge de la Communication et le Fonds d’appui à la presse privée à la seule fin de rendre disponible sur le marché les intrants de productions.

Avec Edouard Ouédraogo qui, en rappel, fut l’un des fondateurs de la SEP, l’occasion a été pour ses visiteurs du jour d’aborder une question qui n’occupe pas moins l’actualité ces derniers temps : la liberté d’expression qui « est en recul », selon le constat de la SEP. « Aujourd’hui, faire de l’information dans le contexte de guerre que connait notre pays, c’est extrêmement difficile. Nous faisons face à des lecteurs qui ne comprennent pas, à des citoyens qui veulent que nous orientions l’information à droite plutôt que d’aller à gauche, il y a aussi des autorités qui ne comprennent pas souvent le traitement de telle information ou de tel autre. Mais nous estimons que l’un dans l’autre, en communicant, nous pouvons trouver les meilleurs moyens de collaboration afin que chacun continue de faire son travail où il est. Globalement nous attendons des autorités qu’ils fassent en sorte que les entreprises de presse ne meurent pas. Nous regardons tous certaines mourir les unes après les autres, personne ne dit rien », a déploré Inoussa Ouédraogo. Quid de la subvention accordée aux journaux ? « Cette subvention ne répond pas du tout aux réalités du contexte. Or à chaque fois qu’une entreprise de presse est fermée, c’est la liberté d’expression qui recule. Et lorsque cette liberté recule, la dictature et le totalitarisme s’installent, ce qui entrave le développement de notre pays ».

Aux hommes et femmes qui ont consacré leur vie pour la liberté d’expression, à l’image du directeur de publication de L’Observateur Paalga, la SEP envisage dans les jours à venir « une soirée d’hommage ». « Nous souhaitons que cet hommage soit un hommage national, avec l’appui de tous les acteurs, que ce soit les opérateurs économiques, que ce soit les partis politiques ou les organisations de la société civile ou des autorités dirigeantes elles-mêmes. Tout le monde doit mettre du sien afin que nous rendions hommage à ces hommes et femmes pendant qu’ils sont encore avec nous ». En rendant hommage aux « doyens », la SEP y voit aussi une manière de reconnaitre le mérite des structures que ces  doyens  ont bâtis ou qui les ont révélés.

Bernard Kaboré

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