Defense & Sécurité

Acquisition matériels militaires au Burkina : « On préfère ne pas faire de la propagande sur ça », selon le porte-parole du gouvernement

Le doyen de la presse privée burkinabè, L’Observateur Paalga a reçu ce mardi 14 février 2023, la visite du ministre  de la Communication, Jean Emmanuel Ouédraogo. A cette occasion, le porte-parole du gouvernement s’est confié à la rédaction du journal sur des questions d’actualité en lien avec la crise sécuritaire. Sur l’absence de communication officielle autour de l’acquisition de matériels militaires, Jean Emmanuel Ouédraogo a indiqué que le gouvernement a opté de « ne pas faire la propagande ».

Le ministre jean Emmanuel Ouédraogo (à g.), lors de sa visite au ”Doyen” Edouard Ouédraogo, directeur de publication de L’Observateur Paalga

Que peut bien signifier la visite d’un ministre de la Communication au doyen de la presse privée burkinabè, L’Observateur Paalga ? Au sortir d’un tête-à-tête avec Edouard Ouédraogo, directeur de publication du canard, le ministre Jean Emmanuel Ouédraogo a répondu à la question à travers un échange avec les journalistes de la rédaction. « C’est l’occasion de traduire la reconnaissance du ministère et moi-même en tant que ministre pour la qualité du travail au quotidien du journal et cette immense contribution à l’information des citoyens », a d’emblée salué l’hôte du jour. Et de relever que « le mérite revient aux agents qui travaillent souvent dans des conditions qui ne sont pas optimales, mais qui sont mues par la passion du métier de l’information », a déclaré celui qui, depuis quelques jours, est en dans les presses privées.

Puis, le porte-parole du gouvernement s’est confié aux journalistes de la rédaction sur des sujets d’actualité, en lien notamment avec la crise sécuritaire que traverse le Burkina. « Ce sont des moments difficiles pour le pays et les organes de presse. L’exercice du travail sur le terrain n’est pas toujours évident. Beaucoup de zones ne sont plus accessibles du coup se sont des zones de travail en moins », a reconnu Jean Emmanuel Ouédraogo.

Dans l’ambiance d’une conférence de rédaction avec le ministre de la Communication (extr. d. )

Si les critiques sont récurrentes sur « une communication trop fermée » du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo veut qu’on se le tienne pour dit : « Nous sommes dans un contexte de guerre qui amène le gouvernement à repenser un certain nombre de choses parmi lesquelles la communication et je sais que cela crée aussi une rupture et des incompréhensions avec les journalistes qui me reprochent, en tant que ministre porte-parole et surtout journaliste il y a encore quelques semaines, de ne pas beaucoup les aider à accéder à un certain nombre d’informations. Ce sont des frustrations que je comprends parfaitement. On ne fait pas pour embêter les journalistes ».Et le chef du département de la Communication du gouvernement Kyélem d’ajouter : « Moi en tant que porte-parole du gouvernement je ne serai pas jugé sur le nombre de conférences de presse que j’aurai fait ou sur le nombre de communiqués que j’aurai produits. Je pense que c’est l’objectif final qui sera l’unité de mesure de la réussite ou non de la Transition. Quand le moment de communiquer à outrance va arriver, il n’y a pas de raison qu’on ne le fasse pas. Mais je réponds à toutes les sollicitations ; quand je peux donner une information, je la donne. Quand je ne peux pas, je m’abstiens ».

Dans le livre d’or de L’Obs., sous le regard de son directeur de publication, Edouard Ouédraogo (debout à g.) et son directeur de la rédaction, Ousseni Ilboudo (à d.), le porte-parole du gouvernement a salué ”la qualité de travail” du canard et a espéré une victoire du Burkina sur les forces du Mal

Pourtant, il faut communiquer, ne serait-ce que sur les acquisitions de matériels, juge une partie de l’opinion qui pense que cela pourrait dissuader l’ennemi. « Non », estime le ministre. « Peut-être que les autres pays ont opté de faire du bruit sur leur acquisition, nous nous avons opté pour autre chose. On préfère ne pas faire de la propagande autour de ça. On préfère jouer la carte de la surprise et je vous assure que ça marche bien sur le terrain », a déclaré Jean Emmanuel Ouédraogo.

Devant un constat selon lequel le vide laissé par la communication officielle est comblé par des activistes sur les réseaux sociaux, Jean Emmanuel Ouédraogo répond : « Il y a des fuites à tous les niveaux. Il y a des informations qui laissent croire qu’elles proviennent forcément d’un militaire parce que ça vient de la première ligne du front. Il y a des gens qui ont réussi à avoir des connexions. Ce n’est pas la communication officielle qui choisit de communiquer avec des activistes. (…) Ce sont des connexions que nous avons du mal à identifier. Ce n’est nullement une volonté du gouvernement de travailler avec des activistes et de mettre de côté les médias classiques ». Idem pour les opérations du théâtre national : « Notre communication obéit à une certaine logique. C’est aussi une guerre de communication. Je suis convaincu qu’il y a beaucoup d’attaques sur lesquelles vous ne communiquez pas, non pas parce que vous n’êtes pas au courant, mais parce que vous êtes des médias responsables. Parce que, l’objectif du terroriste c’est aussi de faire tous les jours la Une, qui permet d’asseoir la psychose », a expliqué le ministre. A cela, il ajoute la prudence dont le gouvernement doit faire preuve dans sa communication par rapport à l’activiste. « L’activiste peut se tromper, mais nous nous n’avons pas le droit. On ne peut pas produire un communiqué officiel qui prend des légèretés avec la réalité sur le terrain. Il y a un travail à faire avant de communiquer sur une attaque ».

Bernard Kaboré

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