Les humeurs de Barry : Prochain remaniement Bassolma Bazié, ministre d’Etat, ministre des Affaires occultes
Il y a un Dieu pour les déprimés. En ce temps de grisaille ambiante, il est des personnalités et non des moindres qui nous poussent au sourire.
Merci à Bassolma Bazié, pour ce rayon de soleil, cette pilule du bonheur dans un ciel clair-obscur qu’il nous a servi. Notre super patriote nous a une fois de plus tenu en haleine lors d’une rencontre sur la sécurité ou sur l’insécurité nationale – c’est selon – qui a rassemblé un bon contingent de ministres, parmi lesquels celui de la Défense, le colonel major Kassoum Coulibaly. On pensait la cérémonie terminée quand dans ses envolées lyriques, notre ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique nous a gratifiés d’un show d’anthologie dont lui seul a le secret.
En voici un extrait. C’est gratis. A consommer sans modération donc : « …C’est pas une question de gendarmes… C’est pas une question de policiers… C’est ce que j’ai dit aux coutumiers ce matin… Vous ne devez pas venir vous asseoir on va vous donner la situation et vous vous levez et vous partez… Allez-y vous préparer ! Moi j’aurais cru comprendre que vous venez avec des canaris et des queues et vous déposez ! Demandez à ceux qui sont au front. On a vu des cas où des djihadistes sont en colonne à motos par centaine. Pas moins de 200. Il y a un qui est devant, à moto. Lui il n’a pas d’arme. Son rôle, c’est de dire aux autres d’avancer. Il n’a pas d’arme. On tire sur lui mais il avance. On a aussi vu qu’après des attaques, des gens reviennent avec des motos pour chercher des cadavres spécifiques. On les bombarde, mais rien. Ils viennent prendre ce qu’ils veulent et ils repartent. Nous on a fait quoi ? On n’est pas tombé du ciel… Il fut un temps où si tu pars dans un village et tu déconnes, tu ne sors pas… Avant il y avait des gens qui pouvaient voyager sans prendre avion. Tout ça c’est parti où ? Chacun prend, il jette dans le marigot et puis il devient je ne sais quoi… ».
Bassolma va nous tuer ! Rappelez-vous ce témoignage après avoir enfreint aux règles traditionnelles de descente dans la mine de Perkoua et s’est par conséquent réveillé trempé de sang : « Je saignais de la bouche, des narines, de partout. J’avais le tricot trempé de sang comme si un animal avait été égorgé à mes côtés. On a passé un coup de fil aux frères du village d’où on nous a prescrit la conduite à tenir. Une fois les prescriptions respectées, le sang s’est arrêté vers 4h du matin. Je n’oublierai jamais. Ne nous amusons pas avec la tradition ». Il a donc raison sur une chose : on dit que nous avons des pouvoirs mystiques. Est-ce donc parce que nos valeurs coutumières se sont lyophilisées et se sont dissolues dans le temps avec les religions révélées qu’elles n’ont plus d’effet ? A supposer que ces pouvoirs mystiques soient d’actualité. Que dire, comme il l’a si bien illustré, de celui dont dispose l’ennemi d’en face.
Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau de bain. A bien y voir, Bassolma pourrait être notre sauveur. A défaut de ne pouvoir pas être au devant de la troupe quand elle va à l’assaut compte tenu de son calendrier très chargé, il pourrait se révéler bon consultant côté mystique; en commençant à tout le moins par donner l’adresse de son fournisseur à notre état-major qui se chargerait d’inviter nos combattants à s’abreuver à la bonne source. Devant l’hydre terroriste qui nous empoisonne la vie, aucune potion ou décoction n’est en effet de trop.
Vivement donc un prochain remaniement.
Issa K. Barry