Politique

Russie/Afrique : Déblayage de terrain à Ouaga pour St Pétersbourg

En juillet prochain, la Russie abritera à St Pétersbourg le deuxième sommet Russie/Afrique. En prélude à cet évènement, un forum international a eu lieu ce mardi 13 juin 2023 à Ouagadougou à l’initiative de l’AES SOYOUZNIKI, l’Association des anciens stagiaires burkinabè en ex-URSS. Placé sous le thème « Coopération Russie/Afrique : identification et appropriation des leviers des secteurs prioritaires de l’économie et du développement », la rencontre de Ouagadougou se veut un cadre de repérage et de propositions d’axes de coopération qui seront soumis au sommet.

Au sommet de fin juillet (du 26 au 29) à St Pétersbourg, le Burkina n’entend pas marchander sa participation. Le Pays des Hommes intègres compte s’y faire représenter avec une « forte délégation », selon les propos du président du comité d’organisation du forum de Ouagadougou, Christian Ouédraogo. Mais en attendant, c’est déjà plusieurs centaines de personnes, dont des participants d’autres pays, qui se sont mobilisés pour prendre pour à la rencontre de Ouagadougou. L’importance de cette rencontre a été rehaussé par la présence de plusieurs personnalités : le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, l’ambassadeur de Russie auprès du Burkina, Alexei Saltikov et la représentante de l’Alliance internationale des BRICS, Larisa Zelentsova.

Il ne manquait que ce forum pour confirmer que l’axe Ouagadouhgou-Moscou est plus que jamais renforcé, à l’image des drapeaux burkinabè et russes flottant côte-à-côte dans la salle des conférences du ministère des Affaires étrangères ; à l’image aussi de l’emploi de mots russes dans les discours prononcés par la ministre Olivia Rouamba et le secrétaire général de l’AES Soyouzniki. Au-delà du renforcement de cet axe, il s’agit, pour les différentes parties de rappeler, comme l’a fait le secrétaire général de l’AES Soyouzniki, Daouda Diandé, que le Burkina et le Grand Ours sont des « partenaires traditionnels de longue date ». Et c’est dans le cadre de ce partenariat, dit-il, que « la Russie et les autres pays de l’ex-URSS ont formé plus de 3500 cadres burkinabè qui ont servi ou qui continuent de servir dans tous les secteurs de développement socioéconomique de notre pays ».

A travers la rencontre de Ouaga, l’AES Soyouzniki poursuit un objectif : identifier et proposer des axes de coopération qui serviront de bases de discussions, pour la partie burkinabè, au prochain sommet Russie-Afrique. C’est pour cela que plusieurs communications ont été déroulées, abordant différentes thématiques qui vont de la coopération au  transfert de technologies en passant par l’enseignement, la sécurité alimentaire et énergétique, le commerce et l’investissement, l’industrie, le partenariat scientifique et informationnelle, etc.

L’AES Soyouzniki perçoit le prochain sommet, qui se tiendra pour la deuxième fois, comme un cadre de « promotion d’une nouvelle ère, d’un nouvel ordre mondial dans laquelle la Russie a toute sa place ». Mais les enjeux ne se limitent pas à cela. En effet, le gouvernement burkinabè confère à la Russie le statut de « partenaire stratégique », notamment dans la lutte contre le terrorisme, « cette nouvelle adversité artificielle à laquelle fait face des pays d’Afrique, freinant du même coup leur développement socioéconomique », selon Daouda Diandé.

Pour l’ambassadeur russe au Butrkina, Alexei Saltikov, le sommet de St Pétersbourg sera le lieu d’affirmation d’une amitié vielle de plusieurs décennies  entre son pays et l’Afrique. « La Russie a apporté une contribution considérable dans la formation des jeunes Etats africains et continue d’interagir avec les pays du continent sur des bases légales », a-t-il soutenu, fustigeant au passage « la décolonisation des années 60 qui n’a pas permis aux Etats africains de jouir de leur souveraineté économique » ; « des pratiques néocoloniales qui ont permis aux dirigeants de l’Ouest de maintenir leurs économies à flot », … Et de traduire la solidarité de Moscou quant à la nécessité de « mener un processus de décolonisation de l’Afrique ».

Dans la foulée, Alexei Saltikov a annoncé une intensification de la coopération scientifique entre l’Université russe de l’Unité des peuples, rebaptisée université Patrice Lumumba, et des pays amis de la Russie. Une université qui entend contribuer, selon Alexei Saltikov, à la formation d’un nouveau système juste d’évolution des nations dans lequel il n’y aura pas de place pour les pratiques colonialistes et néocolonialistes ». Toujours dans le domaine de la formation, la Russie se présente comme une alternative au manque de spécialistes qualifiés dans les secteurs prioritaires du continent. 

En organisant le forum de Ouaga et en y associant des participants d’autres pays africains, la volonté affichée, selon la cheffe de la diplomatie burkinabè, Olivia Rouamba, est d’aller à St Pétersbourg  « de façon solidaire et unie, avec des positions consensuelles africaines ».

Bernard Kaboré

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