Justice

Procès journalistes et leaders d’OSC : « Je n’ai jamais reçu un rond de Marcel Tankoano », Désiré Guinko

Au tribunal de grande instance de Ouagadougou, 10 journalistes et leaders d’organisations de la société civile ont comparu ce mardi 21 juin 2023 dans le cadre de l’affaire dite des audios incitant à brûler la cour du Mogho Naaba. Après l’ouverture des débats par l’audition du président du mouvement M21, Marcel Tankoano, son co-pévenu, Désiré Guinko a livré sa dépositition dans laquelle il assure n’avoir jamais reçu de l’argent de Marcel Tankoano, contrairement aux déclarations de certains témoins contenus dans le dossier.

A la base de ce qui a amené Marcel Tankoano et 9 autres à la barre du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, il y a ces deux audios partagés sur les réseaux sociaux, l’un appelant à incendier le palais du Mogho Naaba, l’autre à s’y opposer. Plus d’un témoin, notamment Moustapha Kontougomdé, commerçant et militant de longue date du M21, dit avoir été approché par Marcel Tankoano en vue des enregistrements. D’où les accusations d’incitation à attroupement non suivi d’effet ou de mise en danger de la vie d’autrui, qui pèse sur lui entre autres.

A la barre, le témoin Moustapha Kontougomdé a expliqué que les faits remontent à fin avril. Son récit : « J’ai reçu un appel de monsieur Tankoano me demandant de le rejoindre vers le SIAO. Lorsqu’il je m’y suis rendu, il m’a demandé si je trouve normal que des gens passent leur temps à la Place de la nation à insulter d’autres. J’ai répondu par la négative ; il a encore demandé si j’ai une solution pour déguerpir ces gens-là de la Place de la nation. J’ai dit que je n’en ai pas. Lui, a dit qu’il a la solution et que cela consiste à enregistrer un vocal pour appeler à incendier la cour du Mogho Naaba en me faisant passer pour un des pro-irissi (entendez pro-russe). Marcel Tankoano a ajouté qu’en faisant cela, la police interviendrait au palais royal pour demander aux gens de déguerpir et c’est en ce moment qu’il lui sera sollicité de déguerpir d’abord ceux qui campent à la Place de la nation », a expliqué le témoin Kontougomdé. Moustapha Kontougomdé dit avoir refusé l’offre de Marcel Tankoano en lui proposant une autre personne, son ami Karim Kouanda, un commerçant, à qui il avait pris le soin de faire part de ses réserves.

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Karim Kouanda, qui a lui aussi comparu en qualité de témoin, a tenu une déposition qui corrobore celle de Moustapha Kontougomdé. Selon ce dernier, Marcel Tankoano lui avait expliqué que de l’argent pour du carburant était prévu pour celui qui accepterait la proposition de l’enregistrement. Les témoignages des deux commerçants ont été battus en brèche par Marcel Tankoano qui n’est pas allé de main morte pour classer Moustapha Kontougomdé dans  le lot des complotistes, au même titre que Zakaria Tagnan, un autre témoin dans le dossier. Pour Marcel Tankoano, Moustapha Kontougomdé pourrait même être corrompu. Chose que le témoin a rejeté, non sans se livrer à une litanie de son patrimoine.

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Si Moustapha Kontougomdé et son ami disent n’avoir pas perçu de sommes d’argent, ce n’est pas le cas pour d’autres témoins, à savoir Tagnan Zakaria et Zigui Mamadou qui, selon leurs procès-verbaux d’audition, ont reçu un montant cumulé d’environ 500 000 F CFA. Désiré Guinko, un autre des 10 prévenus, a-t-il lui aussi reçu de l’argent du président du M21 ? « Non, je n’ai jamais reçu un rond de Marcel Tankoano », a assuré le mis en cause qui a par ailleurs nié toute implication, de près comme de loin, dans le projet des enregistrements audio. Et si encore Désiré Guinko était porte-parole du Front uni pour le Faso (FUF), cette coalition de 13 organisations de la société civile dont Tankoano en était le premier responsable, il a nié avoir participé à des réunions du regroupement, avec comme ordre du jour des enregistrement sonores.

L’audition des prévenus se poursuivra demain 22 juin 2023.

Bernard Kaboré

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