Procès Vincent Dabilgou : «  Je regrette d’avoir signé les bordereaux  fictifs de carburant sous ordre de l’ancien ministre », Méda Aristide

Les auditions des témoins se sont poursuivies ce mardi 26 juin 2023  au Tribunal de grande instance de Ouaga. 1. En rappel, Vincent Dabilgou, ministre en charge des Transports sous le magistère de Roch Kaboré, est poursuivi pour un «  détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, financement occulte de parti politique ».  Aux côtés de Dabilgou, il y a Jean Gabriel Séré, Ousmane Sigué, Malick Kouanda, Alhoussaini Ouédraogo, Minata Coulibaly, etc. qui ont été également mis en examen dans le cadre de ce dossier.

Méda Aristide, directeur régional des Transports de la Boucle du Mouhoun, a été le premier témoin à venir s’expliquer à la barre. Selon le technicien supérieur en aménagement foncier, il a été contacté  en son temps, par le comptable matière du ministère des Transports, Ousmane Sigué qui a souhaité le rencontrer au ministère. « Il m’a demandé de passer le voir parce qu’il avait des difficultés à justifier  des frais de carburant. Il m’a fait signer trois bordereaux non conforme à la réalité qui se chiffrent à 9 millions 315 000 F CFA en 2020,  2, 5 millions et 5 millions en 2021.  J’ai exécuté les ordres parce qu’il m’a expliqué que  cela vient du patron Vincent Dabilgou, sinon Mr Sigué n’est pas mon supérieur hiérarchique. Je n’ai pas pris aussi la peine de contacter le ministre pour vérifier, j’ai juste pris langue avec Mr Séré pour comprendre pourquoi on me fait signer ce document. L’ex DAF du ministère, Jean Gabriel Séré   m’a fait comprendre qu’il y avait un manquant à justifier. Je n’ai pas reçu d’argent en contre parti de l’acte que j’ai posé. J’ai signé un document qui atteste que j’ai reçu du carburant alors qu’il n’en était rien. Nous recevons pour notre dotation annuelle 2 millions 500 F CFA de carburant par an de la DGTTM.

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Qu’est ce qui peut vous amener à signer un tel document fictif, a questionné le procureur au témoin. « Je ne saurais vous dire ce qui m’a motivé à signer ces documents. Le comptable matière du ministère de Transports, Ousmane Sigué, n’est pas mon supérieur hiérarchique, mais il m’a fait comprendre que c’est un ordre qu’il a reçu du ministre Dabilgou », a précisé  le témoin Méda, qui a ajouté qu’il  n’avait pas accès au ministre afin de se rassurer sur ce qu’on lui demandait.

A la suite de Mr Méda Aristide, l’ex directeur des transports de la région des Cascades, Ali Ramdé, a donné sa version des faits. Il affirme lui aussi avoir été contacté par   Ousmane Sigué qui lui a demandé de signer des documents qui prouvent que la direction a reçu du carburant à hauteur de 16 à 17 millions de francs CFA. « Mr Sigué lui a fait comprendre que l’ordre venait du patron, c’est-à-dire du ministre.  Si l’ordre venait du DAF, je n’allais jamais m’exécuter. On a élaboré de faux documents, je le reconnais  mais honnêtement je n’avais pas mesuré la gravité de l’acte que j’ai posé. C’est un acte regrettable après 9 ans de service », a-t-il relaté à la barre. S’adressant au témoin Ramdé, le procureur a précisé que Mr Ramdé devrait comparaitre en bonne et due forme à la barre pour répondre de ses actes.

Le directeur administratif des Transports  dans la région du nord, Sanfo Ibrahim, a déclaré qu’il n’a jamais rencontré l’ancien ministre Vincent Dabilgou. «  Je l’ai aussi appelé une fois mais il n’a pas décroché. J’ai été aussi appelé pour signer les documents (fictif, ndlr)  parce que c’est le patron qui en a donné l’ordre. On  n’a pas pris le temps de réfléchir avec la pression. J’ai tout de suite pensé au ministre Dabilgou. J’ai signé trois documents mais j’avais conscience que l’acte que je posais n’était pas légal», a témoigné  Mr Sanfo. « Est-ce que vous avez conscience que vous risquez la prison M. Sanfo », a interrogé le procureur? « Oui, j’en ai conscience, M. le procureur », a dit l’ancien directeur administratif.

Le directeur des Transports, région du Sud-Ouest, Simon Abdoulaye, a exprimé son mécontentement à la barre parce qu’il en voulait à Mr Sigué. « Ma direction n’avait plus de carburant. Ousmane m’a appelé, me rassurant que dès que je passe à Ouagadougou, muni d’un cachet, on se verra à son bureau pour signer . Je suis allé signer le document effectivement. Mais, nous n’avons même pas reçu de carburant par la suite. En tout cas, entre lui et moi, le courant ne passait plus », a déclaré Simon Abdoulaye.

W. Harold Alex Kaboré