RENCOF : le contrôle et le plafonnement des frais APE au centre d’un panel
Le Réseau National des Consommateurs du Faso (RENCOF) a organisé un panel le jeudi 6 juillet 2023 à l’Université Joseph Ki Zerbo. Par cette activité, cette OSC entend lancer la réflexion sur la transformation de l’école qui doit selon elle, avoir une vocation sociale et non lucrative. Le thème de la rencontre est : « Droit à l’éducation au Burkina Faso : Réalité ou relativité ».
Le panel a été organisé à l’université Joseph Ki Zerbo, précisément à l’amphi C qui était quasiment plein. A la suite des responsables du RENCOF, l’auditoire a eu droit à trois communications. Deux animée par des Anciens ministres et l’une par un responsable syndicale. La modération a été assurée par l’ex secrétaire technique de l’Institut des peuples noirs, Ousmane Djuiguemdé. De l’avis du vice-président du RENCOF, Abdoul Fataho Bangagné, la rentrée scolaire rime avec angoisse pour les parents qui subissent l’augmentation des frais de scolarité. « Il y a des augmentations qui varient de 25 à 100%. Pour l’année 2022-2023, on nous a signalé déjà des augmentations de 20. 000, 45 000 et de 120 000 F CFA. De nouveaux services payés s’ajoutent au fil des années, des frais de dossiers, de réinscription, d’ Association des parents élèves (APE), largement en dessus du montant prévu par les textes règlementaires. Des établissements exigent 11 000 F CFA, 15 000 F CFA, au lieu de 2000 F CFA. On assiste à une transformation des écoles en boutiques, sans que les autorités ne fassent grande chose pour stopper le phénomène », a-t-il déploré, ajoutant que le gouvernement entreprend lui-même des actions de privatisation de l’école burkinabè. « Il ne construit pas assez d’écoles publiques et ne ferme pas non plus les écoles qui ne respectent pas les cahiers de charges. L’Etat ne veille pas au respect du droit à l’éducation, consacrée par de nombreux textes nationaux et internationaux. Le pire, il vient d’imposer plus de 110 000 F CFA sur les frais de scolarité dans les lycées scientifiques ».
Le secrétaire générale de la fédération des syndicats nationaux des Travailleurs de l’Éducation et de la Recherche, (F- SYNTER), Soleymane Badiel, dans sa communication, est revenu sur l’importance du droit à l’éducation pour les Hommes et pour toutes les sociétés, mais aussi sur le rôle des acteurs du système éducatif dans notre pays. Pour lui, c’est au regard de l’importance de l’éducation que la communauté internationale a adopté un important programme de développement durable à l’horizon 2030, programme dans lequel l’éducation occupe une place de taille. « A cet effet, l’éducation se présente essentiellement comme un objectif autonome accompagné de cette cible de résultat et de trois moyens de mise en œuvre. Il s’agit de l’ODD 4. Je vais rappeler trois points principaux sous-jacents. L’éducation est un droit humain fondamental, un droit dont la jouissance permet de comprendre et d’utiliser de nombreux autres droits. Pour honorer ce droit, les pays doivent assurer l’égalité d’accès pour tous à une éducation et un apprentissage de qualité, inclusif équitable, ne laissant personne pour compte », a-t-il expliqué.
Le SG de F- SYNTER a par ailleurs relevé que l’éducation est un bien public et l’Etat assure la responsabilité principale, la protection du respect et de la réalisation du droit à l’éducation. « L’égalité entre les sexes qui est indissociable du droit à l’éducation pour tous. Réaliser l’égalité entre les sexes exigent une approche fondée sur les droits, assurant aux filles et aux garçons, aux femmes et aux hommes, non seulement l’accès et l’achèvement de cycle complet d’éducation mais une autorisation à égalité dans et par l’éducation. Ce sont là des principes important édictés par la Communauté internationale et auxquels notre pays a souscrit », a-t-il rappelé.
Dans ses textes fondamentaux l’Etat burkinabè reconnait que le droit à l’éducation, qui est même obligatoire de 6 à 16 ans, a rappelé l’un panéliste, l’ancien ministre, Alkassoum Maiga, « Qu’une OSC interpelle des décideurs par rapport aux engagements pris, c’est louable. Ce cadre permet de faire du lobbying, d’interpeller l’Etat par rapport au droit à l’éducation, au principe de gratuité. Le niveau de développement des dragons d’Asie, n’est pas due aux atouts de la nature, mais plutôt à leur capacité d’offrir une éducation de qualité en formant des personnes techniquement compétentes dotés du patriotisme, de l’intégrité et de l’honnêteté », a-t-il confié.
De 1987 à nos jours l’éducation nationale à évoluer grâce aux changements au niveau de la législation, a rappelé la panéliste Nestorine Sangaré, ancienne ministre de la Promotion de la Femme et du genre. « La loi 013 96 a pour finalité de permettre aux jeunes burkinabè, d’assimiler, des valeurs spirituelles, intellectuelles, orales, physiques de la société civiques, morales, internationales, culturelles, de la société ainsi que les valeurs universelles, fondements de l’éducation. Pour la loi de 2007, la finalité de l’éducation est de produire des citoyens responsables, productifs, réactifs, capable de participer activement par leurs compétences au développement du pays. Au fil de l’évolution, avec l’application des OMD, l’Etat va chercher les objectifs internationaux pour baser nos priorités en matière d’éducation. Le problème de financement se pose donc. C’est donc celui qui a l’argent qui détermine l’agenda de l’éducation », a-t-elle expliqué longuement.
W. Harold Alex Kaboré