Société

Respect expression des libertés d’opinion et d’expression : l’Association pour la Promotion de la Démocratie interpelle les militaires 

Ceci est une déclaration de l’APDC sur la situation nationale.

Burkinabè des villes et campagnes en lutte pour l’intégrité territoriale et à l’avènement d’une ère de paix. Fidèle à sa vocation essentielle d’alerter, d’interpeler et de sensibiliser sur les grandes questions qui constituent des préoccupations pour notre peuple, l’Association pour la Promotion de la Démocratie et la Participation Citoyenne, depuis sa sentinelle de veille, par la présente, a, à cœur, de tirer la sonnette d’alarme sur des faits qui commandent une réorientation des pratiques actuelles de gouvernance ce, pour éviter de conduire notre pays à vau- l’eau. En effet, au printemps de l’avènement du MPSR2 suite au putsch du 30 septembre 2022, des scènes de liesse populaires exprimaient éloquemment la soif d’un retour à la paix et à une vie constitutionnelle normale. Emportées et séduites par l’adhésion populaire, les nouvelles autorités n’ont eu de cesse de distiller des discours empreints de démagogie pour amadouer la jeunesse et lui priver d’avoir un regard lucide et objectif sur les tristes conditions humaines qui déchirent douloureusement tout être de cœur et de chaire. 

Au nombre des promesses faites au peuple ébranlé par une euphorie aveuglante, on peut citer celle de débarrasser nos campagnes de l’hydre terrorise en 3 mois. Nous sommes à plus de trois mois et le constat est implacable : plusieurs localités demeurent sous siège terroriste et les habitants qui y vivaient paisiblement sont devenus des fardeaux humanitaires que le gouvernement peine à supporter. Plus tard, il a été fait la promesse de permettre aux personnes déplacées internes de pouvoir retourner dans leurs logis et  exploiter leurs propriétés champêtres sans inquiétude aucune cette saison hivernale. A présent, nous y sommes, rien ne fit. Les déplacés internes continuent d’errer, palis par la faim, la soif, sans logement décent, sans dignité, et jusqu’aux mômes livrés à la mendicité. Or, ce constat révoltant et écœurant doit être passé sous silence, car le régime en place, ragaillardi et tristement encouragé par le culte de personnalité du président de la Transition, est hostile à toute critique. Au nom de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement en rajoute à la misère du peuple en repoussant jusqu’au point zéro les marges de libertés. Les libertés d’expression, d’opinion, d’aller et de venir, entre autres, sont foulées aux pieds sous des acclamations des personnes dont les intérêts personnels sont garantis dans ce contexte de trouble. 

La privation des libertés a été même institutionnalisée condamnant jusqu’aux calendes grecques les organisations de la société civiles et les regroupements politiques aux bagnes du silence et de la léthargie. Ce qui vaut, c’est le salut et les apologies en faveur du président et sa camarilla qui excelle d’hégémonie à la tête d’un pouvoir dont la forme démocratique rappelle les heures de gloire de certaines dictatures. Certes, des efforts sont consentis dans le renforcement des capacités matérielles, techniques et opérationnelles des armées, mais le tissu social ne cesse de se déchirer au gré du diktat de la pensée unique et de « l’Ibéisme » abusif et fanatique. Une des meilleures, tangibles et actuelles  illustrations est donnée par les actualités au Burkina avec l’intrusion de certains militaires dans une procédure pénale visant une justiciable de droit commun. Cette affaire dite de la guérisseuse vient rappeler,  si l’on peut se permettre encore d’en douter,  qu’il y a des citoyens burkinabè qui comptent sur l’onction du président pour poser des actes aux antipodes et nocifs aux valeurs de la République. Ces gens qui n’ont cure de la notion minimale du droit et de la finalité du droit dans la cohésion sociale défient quotidiennement les autorités compétentes en faisant valoir le seul langage qu’ils expriment et entendent, à savoir celui des armes. Devant les représentants du peuple, le Premier ministre a eu la maladresse de déclarer haut et fort que le gouvernement ne cherchait pas à réconcilier tout le monde. Dans ce schéma belliqueux et belliciste, comment l’odeur de

la paix peut-elle être agréable aux honnêtes et paisibles citoyens épris de paix, mais qui ploient depuis plus de la moitié de décennie sous le fardeau de l’insécurité et de l’instabilité ? 

Chers compatriotes des villes et des campagnes en lutte, 

Nous avons accepté et nous nous sommes faits la conviction éclairée qu’au risque même de se faire parachuter au front ou d’être séquestrés, de subir des pressions morales et des menaces voilées et ouvertes, il fallait critiquer pour changer, critiquer pour construire.  En tout cas, il faut se départir de la prostitution intellectuelle consistant à s’inféoder par manque de courage ou par avidité, pour dénoncer sans porter de gang  quand ça ne va pas et d’applaudir lorsque des actes sont posés dans le sens de l’intérêt de tout le peuple.  Nous ne nous accommoderions point n’en déplaise à quelques flagorneurs. 

On peut au bénéfice des actualités résumer la situation sociopolitique et sécuritaire en trois points :

D’abord, sur le plan sécuritaire, plusieurs échéances données pour sonner le glas de l’hydre terroriste n’ont jamais été respectées. Cela n’étonne guère car, l’expérience des pays qui sont venus à bout du phénomène nous enseigne qu’on ne terrasse pas l’hydre du jour au lendemain, mais que la lutte est une lutte holistique de longue haleine de sorte que les promesses en la matière son vaines et utopiques

Ensuite sur le plan social, la déchirure continue du tissu social, la mise à rude épreuve de la cohésion sociale par la consécration de la pensée unique et du culte de la personnalité ajoutées au drame humanitaire qu’engendre la déferlante errance des personnes déplacées internes    sont  plus que jamais préoccupantes.

Sur le plan politique enfin, le gouvernement s’ingénue à ouvrir la fronde à plusieurs niveaux compromettant gravement les libertés et en créant un terreau fertile à la provocation de l’institution judiciaire qui se bat pourtant pour son indépendance. 

Au regard de cette description synthétique de l’état du Faso, peut-on en toute objectivité et pour peu que l’on soit intellectuellement honnête, affirmer que tout vas bien ? Non tout ne va pas bien, et tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes possibles. 

C’est pourquoi, l’APDC lève la voix, celle de ceux qui ont peur de dénoncer, peur de critiquer, peur de s’assumer parce que peur du couperet du régime ou de ses inconditionnels au bras lourds de représailles pour :

-Interpeler les autorités à revoir leurs copies pour permettre l’expression des libertés d’opinion, d’expression et d’association en toute urgence

-Interpeler et appeler le gouvernement et ses inconditionnels à œuvrer au respect de la séparation des pouvoirs et de tout mettre en œuvre pour garantir l’indépendance de la magistrature

-Interpeler et appeler la CEDEAO à explorer des voies et moyens idoines pour permettre le retour à l’ordre constitutionnel au Burkina. 

-Interpeler et appeler les institutions régionales et sous régionales à prendre les dispositions idoines et coercitives pour le retour des militaires dans leurs casernes et la sanctuarisation des pouvoirs civils. 

En tout état de cause, tel le cri perturbateur d’un bébé, la voix de l’APDC sonnera toujours pour déranger le sommeil de ceux qui insidieusement sapent les intérêts des peuples et organisent les armes à la main une dictature portée par une masse factice entretenue et nourrie. 

La Patrie ou la mort nous vaincrons!

Que Dieu bénisse notre cher pays le Burkina Faso.

Safiatou LOPEZ ZONGO

Présidente d’honneur

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