Affaire guérisseuse de Komsilga : pourquoi Larissa Nikèma a demandé d’être détenue à la MACA
Après l’annonce par le Procureur général près la Cour d’Appel de Ouagadougou de l’incarcération de Larissa Nikièma à la Maison d’arrêt et de correction des 2Armées, beaucoup se sont demandé pourquoi ce lieu de détention au lieu de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou avant le jugement de cette affaire dite de la guérisseuse de Komsilga. La réponse se trouve dans une requête que les avocats de dame Nikièma ont adressée au ministre de la Défense nationale afin qu’elle soit détenue à la MACA, avançant notamment des raisons sécuritaires. Une requête à laquelle le patron de la Défense nationale a favorablement répondu à travers un document estampillé ‘’confidentiel’’ mais largement diffusé sur les réseaux sociaux. Des explications dans la requête des avocats dont nous avons obtenue copie et vous en proposons la substance.
Madame NIKIEMA Larissa, née le 31 décembre 2002 à Tampouy/ Komsilga, de nationalité burkinabè, tradipraticien résident précédemment à Rakissé/ Komsilga ;
Laquelle a pour Conseil la SCPA LOYALTY, société d’avocats inscrite au Tableau de l’Ordre des Avocats du Burkina Faso;
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Le vendredi 28 juillet 2023, la requérante était l’objet d’un mandat de dépôt délivré par les soins de Monsieur le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance OUAGA II. Aussitôt le palais de justice de Karpala fut encerclé par des hommes en armes lesquels mirent en mal l’exécution diligente du mandat ainsi délivré. Il s’en est suivi des vives protestations dans l’opinion publique nationale;
Notre cliente, dame NIKIEMA Larissa n’entend point se soustraire à la justice de son Pays. Mais elle craint pour sa sécurité à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) pour au moins trois (03) raisons :
D’une part, l’exécution de son mandat de dépôt a provoqué un clash entre Garde de Sécurité Pénitentiaire (MACO) et d’autres forces de défense et de sécurité. Elle croit au professionnalisme de nos GSP, mais elle craint légitimement d’être victime de représailles pour des faits dont elle n’est pas auteur;
D’autre part, elle soupçonne que la tension reste vive entre la GSP et les forces qui ont mis en mal l’exécution du mandat de telle sorte que sa détention à la MACO peut présenter le risque de créer d’autres troubles, dont elle n’en sortirait peut-être pas vivante ;
De troisième part, sa détention à la MACO présente des risques d’insécurité pour les autres détenus de cette maison d’arrêt et de correction. En effet, si la MACO venait à être encerclée comme l’a été le TGI OUAGA II, il est évident que ses co-détenus s’en trouveraient exposés ;
C’est pourquoi, Madame NIKIEMA Larissa sollicite le bénéfice de l’article 1er du décret n°2009-613/PRES/PM/DEF du 12 août 2009 portant organisation, régime et règlementation des établissements pénitentiaires militaires combiné à l’article 43 de la loi n°010-2017/AN portant régime pénitentiaire au Burkina Faso ;
Monsieur le Ministre d’Etat, l’article 1 du décret 2009- 613 dispose que : «L’établissement pénitentiaire militaire est destiné à accueillir l’ensemble des détenus militaires et à titre exceptionnel des détenus non militaires sur autorisation expresse du Ministre de la Défense »;
Les motifs sécuritaires, aussi bien pour dame NIKIEMA que pour ses co-détenus, subdivisés en trois (03) branches constituent des raisons qui militent pour l’incarcération « à titre exceptionnel » de notre cliente à la MACA. Le décret impose juste d’obtenir une autorisation expresse du Ministre en charge la Défense;
D’ailleurs, l’article 43 de la loi n°810-2017/AN fait du motif sécuritaire une raison de transfèrement d’un détenu d’une maison d’arrêt à une autre lorsqu’il prévoit que :
« Si l’établissement pénitentiaire du siège de juridiction n’offre pas () des garanties de sécurité suffisantes, les prévenus (–) sont incarcérés à l’établissement pénitentiaire convenable le plus proche ». L’établissement pénitentiaire le plus proche de la MACO est incontestablement la MACA. Et, sauf erreur de notre part, il n’a pas été révélé un incident quelconque entre les forces gardiennes de la MACA et aucune autre force de la République. La MACA offre donc des garanties de sécurité à même de rassurer notre cliente qui s’impatiente de voir s’ouvrir son procès ; la
C’est fort de ces motifs de fait et de droit que Madame NIKIEMA Larissa sollicite respectueusement Monsieur le Ministre d’Etat qu’il vous plaise délivrer une autorisation expresse pour son incarcération préventive à la Maison d’Arrêt et de Correction des Armées sise à Ouagadougou.
Requête présentée à Ouagadougou, le 03 août 2023
Pour la SCPA LOYALTY
Maître Lamoussa Hamidou Ouattara
Avocat Associé