Politique

Situation nationale: “Peut-être que [Blaise Compaoré] faisait leur politique, voilà pourquoi il y avait la stabilité”, capitaine Ibrahim Traoré

Le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé un entretien à une chaine étrangère. L’interview a été réalisé le 31 aout 2023. Mais c’est seulement hier 6 septembre 2023 que la télévision nationale burkinabè (RTB) l’a diffusé. On ne sait pas si c’est son intégralité car la TNB, en lieu et place des images du journaliste qui posait les questions et de sa voix, affichait plutôt les questions à l’écran. Dans cet entretien, le patron du MPSRII a abordé divers sujets comme la situation nationale marquée par la lutte contre le terrorisme, l’appui militaire au Niger contre l’intervention de la CEDEAO, la recherche de la consolidation des relations avec les nouveaux partenaires et évidemment les thèmes comme le panafricanisme et la lutte contre l’impérialisme n’ont pas été occultés. Nous vous proposons ci-dessous des extraits de cet entretien retranscrit sur la page facebook de la rtb.

“C’est décevant d’entendre les dirigeants français critiquer la politique d’engagement des VDP, qui sont aux cotés des Forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme sous prétexte que ce sont des civils. Pendant les deux guerres mondiales, nos parents qui ont été enrôlés de force pour aller combattre aux côtés de la France étaient des civils.

“Le néocolonialisme et le terrorisme sont des phénomènes liés. Le terrorisme n’est qu’une manifestation du néocolonialisme. Si vous faites bien l’histoire de notre pays vous comprendrez que ça été très bien préparé pour venir encore nous coloniser sous cette forme. Là, c’est barbare, c’est violent, mais c’est lié. Le combat aujourd’hui ce n’est pas seulement pour le Burkina. C’est pour toute l’Afrique. La jeunesse est éveillée, et c’est notre mission de continuer à éveiller les consciences. Et lutter contre ce néocolonialisme, et pouvoir donner un meilleur avenir à nos camarades qui peinent à s’en sortir…”

Notre combat, ce n’est pas pour le Burkina seulement mais pour toute l’Afrique, la jeunesse est éveillée et notre mission c’est de continuer à éveiller les consciences et à lutter contre le néocolonialisme.
“Sous Blaise Compaoré, il y a des terroristes même qui logeaient ici. Vous avez aussi pu voir l’influence négative qu’on a eue dans la sous-région. Les prises d’otage et tout cela, vous savez bien que c’est un moyen de financement du terrorisme. Le Burkina était champion en libération d’otages. A quel prix ? Je ne sais pas. On a regardé le Mali s’enliser, on ne les a jamais aidés parce qu’on s’est dit que ça n’engage qu’eux. Finalement le terrorisme est là au Burkina Faso. Il y a ce paramètre qui est là. L’autre chose c’est l’entretien de la mauvaise gouvernance.

“Vous voyez, il y a la mauvaise gouvernance ; nos armées ont été destructurées, et après le terrorisme s’invite dans la danse. Lorsque le terrorisme s’invite, on dit que vous n’avez pas d’armée, que vous vous êtes faible et qu’il faut qu’on vienne vous aider. On vient s’implanter, mais l’objectif est tout autre. C’est un schéma. C’est très bien préparé et il faut comprendre ça comme cela”. On a destructuré nos armées, on a détruit nos armées. Pendant ce même temps on a encouragé la mauvaise gouvernance. Et jusqu’aujourd’hui ça continue (…)”

“Sous la révolution du Capitaine Thomas Sankara, regardez comment était notre armée par exemple. On était très bien équipé. Savez-vous combien d’avions de combat à hélice comme en réaction on avait ? Combien de chars de combat ? Comment était organisé l’armée ? On était très bien équipé.

Après cela, je pense qu’un programme s’est imposé à nos États. On a dit de laisser l’armée et de se concentrer sur autre chose. On a laissé tomber le budget de l’armée ; on a réduit les régions à trois. Ensuite, l’équipement, il n’y avait plus d’entretien. Tout est mort. On peut retrouver ici au Burkina les traces de ces blindés abandonnés. Les avions, allez-y à l’armée de l’air, vous verrez.

Le combat aujourd’hui ce n’est pas seulement pour le Burkina. C’est pour toute l’Afrique. La jeunesse est éveillée, et c’est notre mission de continuer à éveiller les consciences. Et lutter contre ce néocolonialisme, et pouvoir donner un meilleur avenir à nos camarades qui peinent à s’en sortir…”

Si on laisse le Niger se désintégrer, c’est que nous n’avons pas appris de la situation de la Libye que nous avons tous regardé se désintégrer avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Cette fois ci nous disons non car nous avons compris la leçon et cela ne va pas arriver une deuxième fois, la sécurité du Niger, c’est notre sécurité.

“Les impérialistes n’aiment pas ceux-là qui pensent peut-être à leur peuple, parce qu’il faut maintenir le peuple dans la domination, dans cette pauvreté, dans cette situation de fragilité pour les assister en permanence.

Chaque fois, vous croyez qu’il faut que ce soit eux qui vous aident sinon vous ne pouvez pas vous en sortir. C’est ce discours qui est tous les jours divulgué. Il faut des dirigeants qui font cette politique là, ce qui les arrangent.

Lorsqu’on vient vous faire signer certaines conventions, on vous promet des pourcentages durant plusieurs années ; vous en tant que dirigeant, vous êtes bien. Mais, et le peuple? C’est ce que nous refusons. Nous ne sommes pas dans cette logique. Il y a beaucoup de paramètres.

Peut-être que [Blaise Compaoré] faisait leur politique, voilà pourquoi il y avait la stabilité. Mais, comme je le dis aussi, ils s’étaient préparés. L’armée s’est déstructurée depuis ces années là, et le terrorisme est arrivé. Malheureusement, la mauvaise gouvernance a continué. C’est un système qui est là. Les armées étrangères se sont installées, on vous impose beaucoup de choses. Mais si vous n’avez pas le courage de vous départir de cela c’est un peu compliqué de mener la lutte.

“Les radios qui cherchent à faire la propagande, qui cherchent à donner plus d’aura à l’ennemi, nous allons les fermer. Ce n’est pas que les radios occidentales. Les radios locales qui s’alignent dans le sens de l’impérialisme, on va fermer.”

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