Gestion épidémie de la dengue : « le SYNTSHA ne sent pas une véritable mobilisation nationale »
La dengue, une maladie tropicale négligée a fait surface en cette année 2023 dans plusieurs zones endémiques à travers le monde et particulièrement au Burkina Faso qui traverse déjà une situation sécuritaire difficile. L’épidémie de dengue qui sévit actuellement dans notre pays est très inquiétante surtout par la mortalité y associée comme en témoignent les chiffres officiels.
En effet, bien que ces chiffres soient en deçà de la réalité, à la date du 5 novembre 2023, on a enregistré un cumul de 95785 cas suspects dont 42516 cas probables et 421 décès enregistrés au Burkina Faso depuis le début de l’année. Le nombre de décès de la dengue en seulement cette période de l’année, dépasse largement le nombre cumulé de décès de la Covid-19 dans notre pays depuis 2020. Paradoxalement on ne sent pas une véritable mobilisation nationale pour faire face à cette épidémie de dengue dont la gestion semble vraiment répondre au qualificatif de maladie tropicale négligée.
Le BN suit avec attention la gestion de l’épidémie de dengue dans notre pays. Mais avant tout propos, il présente ses condoléances aux familles et aux proches des personnes décédées de la dengue, et souhaite un prompt rétablissement aux malades. Il présente ses encouragements aux agents de santé dans leurs engagements pour sauver des vies dans ce contexte difficile. Il présente ses condoléances aux victimes de la crise sécuritaire et traduit ses encouragements à toutes les forces en lutte pour le retour de la sécurité dans notre pays.
Concernant cette épidémie, des actions sont entreprises par les autorités. Au nombre desquelles on peut citer la gratuité des tests de diagnostic rapide (TDR) de dengue pour aider au diagnostic. Cette mesure, destinée à soulager les populations est salutaire.
Cependant, elle n’a pas fait l’objet de mesures d’accompagnement conséquentes. De ce fait, il s’en est suivi des ruptures de TDR dans plusieurs formations sanitaires. De plus, après le diagnostic, pour ceux qui en ont bénéficié, les patients sont abandonnés à eux-mêmes pour les dépenses liées aux soins toute chose qui favorise la mortalité. Quant aux actions de lutte anti vectorielle, certaines interventions telles que la pulvérisation spatiale et intra domiciliaire ont été tardivement mises en œuvre. De toute évidence, les effets des actions de lutte anti vectorielle visant à rompre la chaine de transmission, reste toujours attendus et l’épidémie semble suivre son cours naturel.
Cette épidémie avec une mortalité préoccupante intervient dans un système sanitaire déficient. En effet, notre système de santé est dans un état de dégradation avancé car résultant des politiques antisociales issues des programmes d’ajustement structurels en cours dans notre pays sous le diktat des grandes puissances impérialistes à travers leurs institutions financières que sont le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale.
La faillite du système de santé, aggravée par le contexte sécuritaire, se traduit par une réduction de l’offre de soins aux populations et une détérioration continue des conditions de vie et de travail des soignants. Pour sa part, le SYNTSHA réaffirme que la santé est indispensable au succès de toute entreprise humaine. A cet effet, il n’a jamais cessé d’interpeller les autorités de notre pays sur les conséquences désastreuses de leur responsabilité politique, notamment leur démission à l’égard de la santé de notre peuple.
Dans ce contexte sanitaire actuel d’épidémie de dengue à létalité inquiétante, le SYNTSHA :
❖ Dénonce la nature de classe bourgeoise et réactionnaire de notre système de santé et
condamne l’application des programmes d’ajustement structurels dans notre pays avec leurs corollaires, notamment le désengagement de l’Etat du financement conséquent des secteurs sociaux de base, santé, éducation, etc.
❖ Interpelle les autorités à :
-assurer la fourniture constante des TDR de la dengue,
-prendre les dispositions pour une prise en charge gratuite des cas de dengue (diagnostic et soins),
-mettre en œuvre de véritables actions de lutte anti vectorielle,
-améliorer de façon conséquente les capacités diagnostiques et thérapeutiques des formations sanitaires sur toute l’étendue du territoire.
❖ Appelle les travailleurs de la santé humaine et animale à s’armer davantage de courage
dans ce contexte difficile et à rester mobilisés et déterminés pour toujours exiger une amélioration de leur condition de vie et de travail en vue d’offrir des soins de qualité aux populations.
Unis, mobilisés et déterminés, nous vaincrons !
Ouagadougou le 15 novembre 2023
Pour le Bureau National
Bernard SANON
Secrétaire Général