Société

Démocratie et Etat d’exception: la presse comme unique rempart

Norbert Zongo dans son édito du 31 août 1993 appelait à ne pas briser le seul rempart qui reste entre la démocratie et l’Etat d’exception: la Presse.

Ne brisons pas le rempart 1

Non ! Ce n’est pas parce nous sommes journalistes. Ce n’est pas cela ! Mais dites-
nous : que serait notre processus démocratique sans la presse, la nôtre ?
A quel niveau aurait été la liberté d’expression, mère de toutes les libertés, sans
notre presse malgré ses insuffisances et ses imperfections ?
La réponse à ces questions peut faire trembler d’effroi si on tient compte de
l’évolution des formations politiques – toutes tendances confondues – de notre
pays, et surtout du « nomadisme » et de l’inconstance des acteurs de notre scène
politique.


Nous pensons que les Burkinabè ne doivent pas perdre de vue cet aspect des
choses : si la presse devait être soustraite de l’échafaudage démocratique, tout le
système croulerait. Des pays comme le Danemark – surtout – les Etats-Unis et la
France le savent bien et soutiennent la presse burkinabè. Certes notre pays vit
une pauvreté officielle, et ses habitants ne sont guère nantis, mais il y a au moins
la possibilité du soutien moral, au moins cela, à défaut du soutien matériel ! (…)
C’est logique et juste que l’opinion publique réclame plus de rigueur à sa presse.
Mais n’est-il pas plus juste que cette opinion cherche à comprendre mieux avant
de juger et de condamner ?


Nous ne réclamons pas un soutien aveugle à la presse ; que l’on nous comprenne.
Mais nous demandons à l’opinion publique d’être vigilante. Elle doit se méfier des
vérités d’Etat et savoir gratter l’écorce des apparences pour éviter le simplisme.
Bien sûr, l’opinion publique ne peut être condamnée pour diffamation (même les
terribles « diffamamologues » de notre Code de l’Information n’ont pas prévu
d’articles à cet effet), mais en supposant sans avoir beaucoup d’informations une
accusation de diffamation, on diffame la presse elle-même, pire on la tue.
Souvenons-nous : entre la démocratie et l’Etat d’exception, il n’y a qu’un rempart
: la presse. Ne laissons pas briser ce rempart ! Le Burkina Faso nous le revaudra.


L’Indépendant n°5 du 31 août 1993

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