Audition de l’Observateur Paalga au CSC: un avertissement pour l’auteur de l’article
Deux semaines après l’audition du Directeur de publication de l’Observateur Paalga, Edouard Ouédraogo et de son journaliste Akodia Ezéchiel Ada, le Conseil supérieur de la communication a rendu son verdict. L’auteur de l’article incriminé écope d’un avertissement. Voici l’intégralité de la décision.
DECISION N°2024-068/CSC Portant avertissement du journaliste Akodia Ezékiel ADA de L’Observateur Paalga, signataire de l’éditorial sur la situation du Mali
LE CONSEIL SUPERIEUR DE LA COMMUNICATION
Vu la Constitution; la Charte de la Transition du 14 octobre 2022 et son modificatif du mai 2024; 25
Vu portant Vu la loi organique n°041-2023/ALT du 21 novembre 2023 attributions, composition, organisation et fonctionnement du supérieur de la communication; Conseil
Vu la loi n°057-2015/CNT du 04 septembre 2015, portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso;
Vu le décret n°2024-0041/PRES-TRANS/PM/MJDHRI du 25 janvier 2024 portant nomination de Conseillers au Conseil supérieur de la communication;
Vu le décret n°2024-0876/PRES du 31 juillet 2024 portant nomination d’un Président du Conseil supérieur de la communication; le décret n°2024-1090/PRES/PM du 20 septembre 2024 portant nomination d’un membre au Conseil supérieur de la communication;
Vu la décision n°2024-009/CSC/CAB du 07 février 2024 portant Règlement intérieur du Collège des Conseillers du Conseil supérieur de la communication;
Vu l’arrêté n°2024-012/CSC/CAB du 07 février 2024 portant nomination des membres des commissions spécialisées du Conseil supérieur de la communication; la lettre n°2024-0701/CSC/SG/DIPE/sr du 26 novembre 2024 portant convocation de Monsieur le Directeur de Publication du journal «L’Observateur Paalga >> à une audition;
Vu le procès-verbal d’audition de L’Observateur Paalga, en date du 28 novembre 2024;
Vu la délibération du 28 décembre 2024 du Collège des Conseillers lors de sa 21ème session ordinaire de l’année 2024;
Sur auto-saisine du Conseil supérieur de la communication (CSC), conformément à l’article 12 de la loi organique n°041-2023/ALT du 21 novembre 2023 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du CSC;
Pour les motifs suivants,
Attendu que le CSC a constaté, des manquements à la loi, à l’éthique et à la déontologie journalistique dans un éditorial du quotidien «L’Observateur Paalga >> paru le jeudi 17 octobre 2024 au numéro 11195; que ledit article intitulé << Armée malienne des généraux comme s’il en pleuvait >> traitait de la question des nominations en Conseil des ministres du 16 octobre 2024 au Mali, de colonels dont le Président Assimi GOITA, élevés au rang de généraux que l’éditorial mis en cause a porté la signature du journaliste Akodia Ezékiel ADA;
que celui-ci a souligné que ces promotions ont fait suite aux recommandations du dialogue inter-malien, mais qu’elles n’étaient pas opportunes au regard de la situation sécuritaire difficile au Mali;
Attendu que le journaliste dans sa rédaction a employé des expressions telles que « nomination folklorique », « généraux de salon », « généraux se sont auto-cadeautés », « il n’est pas exclu que cette recommandation du dialogue inter-malien soit influencée par ces officiers promus >>, << arrivent par effraction au pouvoir >>, << ascension fulgurante par la courte échelle >>>;
que l’usage de ces termes de nature injurieux, laisse également paraitre une insinuation malveillante de la part du journaliste à l’endroit des promus;
que la portée de ces propos peut constituer une atteinte à l’honneur et à la considération des personnes visées par l’article incriminé notamment la personne du Président malien;
Qu’il appert qu’en ayant utilisé ce style rédactionnel, le journaliste a commis un acte de nature méprisante ou dénigrante susceptible de discréditer les mis en cause;
que par ce procédé de traitement, celui-ci a enfreint l’article 12 de la Charte du journaliste burkinabè qui dispose que: « le respect du droit des personnes à la vie privée et à la dignité humaine en conformité avec les dispositions nationales et internationales en matière de droit concernant la protection des individus et interdisant la diffamation, la calomnie, l’injure, l’insinuation malveillante fait partie intégrante des normes professionnelles du journaliste burkinabè>>;
qu’en sus de ce manquement à la déontologie professionnelle, cette approche du journaliste est constitutive d’un délit de presse ainsi qu’en atteste l’article 120 de la loi n°057-2015/CNT du 04 septembre 2015 portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso qui dispose que: << toute expression outrageante, terme de mépris ou invective par voie de presse, qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure >>;
Que sur ce fondement, le CSC a convoqué à une audition, le 28 novembre 2024, le Directeur de Publication du journal <<< L’Observateur Paalga » par lettre n°2024-0701/CSC/SG/DIPE/sr du 26 novembre 2024; qu’ainsi le Directeur du quotidien et le journaliste auteur de l’éditorial ont été entendus par la Commission chargée de la liberté de la presse, du pluralisme, de l’éthique et de la déontologie;
qu’il ressort du Procès-verbal qu’après avoir exprimé ses remerciements au CSC pour la rencontre, le Directeur a affirmé que dans la rédaction d’un article, ils s’obligent à respecter la sacralité des faits et que les commentaires sont laissés à la discrétion du journaliste;
qu’il a relevé que l’écrit ne visait pas à injurier, et le journal ne portait pas d’intention de dénigrer ou de mépriser que toutefois la sensibilité du journaliste est allée au-delà de la pensée intime et éditoriale;
que selon le signataire de l’article, pour la rédaction d’un éditorial à L’Observateur Paalga, un comité se réunit en conférence de rédaction et soumet le sujet à un journaliste qui l’écrit en incluant toutes les idées soumises en rédaction et le signe;
qu’il a dit avoir fait ressortir la sacralité des faits dans l’éditorial;
qu’il a relevé que leur intention n’était pas de frustrer ni de heurter certaines sensibilités;
qu’il a reconnu avoir un peu trop poussé le bouchon»;
que pour clore ses propos, il a allégué que l’intention a été de relever le caractère rarissime de la nomination de neuf généraux d’un seul coup, et, surtout, que selon eux, l’urgence portait sur les questions sécuritaires et non de nomination;
Que malgré les explications du journaliste, les manquements à la loi, aux règles d’éthique et de déontologie restent constitués eu égard à l’excès de langage utilisé;
Que l’article 54 de la loi organique n°041-2023/ALT du 21 novembre 2023 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du CSC dispose que l’instance de régulation prononce des sanctions contre toute violation des dispositions législatives et réglementaires de son domaine de compétences;
Que la même disposition précise que, suivant la gravité, le CSC peut prononcer des sanctions allant d’une simple mise en demeure à l’interdiction de la publication;
Qu’ainsi, au regard de ce qui précède, et après en avoir délibéré le 28 décembre 2024 lors de sa 21ème session ordinaire;
DECIDE Article 1: Il est donné un avertissement à Monsieur Akodia Ezékiel ADA, journaliste de L’Observateur Paalga, signataire de l’éditorial intitulé << Armée malienne des généraux comme s’il en pleuvait >>, conformément à l’article 55 de la loi n°041/ALT du 21 novembre 2023 portant attributions, composition, organisation fonctionnement du Conseil supérieur de la communication.
Article 2: En cas de manquement similaire, le journaliste fautif s’expose à des sanctions de degré supérieur.
Article 3: Le Secrétaire général du CSC est chargé de l’application de la présente décision qui sera notifiée au Directeur de publication du Journal L’Observateur Paalga et au journaliste fautif.
Ouagadougou, le 10 décembre 2024
Pour le Conseil supérieur de la communication Le Président
Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo