Fête d’intégration du village de Hièla, commune de Boura : Une école du vivre-ensemble des communautés dans la province de la Sissili au Burkina

Le 2 janvier 2025 le village de Hièla dans la commune de Boura, province de la Sissili célèbrera pour la 10^e fois sa diversité communautaire et sensibilisera aussi pour la 10^e fois les festivaliers sur les enjeux nationaux et locaux du vivre- ensemble. Chaque année, et ce depuis 2015, Hièla célèbre les cultures Sissala, Dagara, Mossi, et Peulh du Burkina en communion avec leurs voisins du Ghana. Ce village investit ainsi dans le vivre-ensemble dans la diversité culturelle comme leviers de cohésion sociale et de développement local. Initiée et célébrée pour la première fois le 2 janvier 2015, la « fête d’intégration du village de Hièla» se veut un cadre d’expression culturelle et de sensibilisation dont la préparation est toujours ponctuée d’action de formation de mobilisation communautaire pour des enjeux sociaux.

 A l’image des neuf (09) éditions passées, cette 10^e édition se prépare au tour du thème « Conflits communautaires et cohésion sociale au Burkina Faso : l’urgence d’un dialogue constructif » avec en prélude des actions de formation sur l’entrepreneuriat. Au titre des activités de formation, 75 jeunes, hommes et femmes des quatre groupes ethniques du village ont bénéficiée d’une journée d’immersion à la ferme Établissements Maïga Aly et Fils – EMAF Sarl le 30 novembre 2025.

En rappel, le village de Hièla est situé dans la commune de Boura, province de la Sissili, région du centre-ouest, au Burkina Faso et fait frontière avec le Ghana au sud, la commune de Ouessa à l’ouest, le village de Kiétou à l’est, et le village de Bozo au nord. Il est géographiquement encerclé par des basfonds marécageux et une rivière affluente du fleuve Mouhoun. Sans pond, ni aménagement de drainage des eaux pluvieux, ces voies d’eaux sont un sérieux handicap pour les populations de circuler de Hiéla vers les villages voisins et vis-versa, surtout pendant la saison pluvieuse.  Mais paradoxalement Hiéla manque d’eau pendant la saison sèche.

 Sur le plan démographique, la monographie générale de la région du centre-ouest et de la commune de Boura en 2019 donne une idée sur la situation spécifique du village de Hièla.  En effet, selon l’INSD (2019)[1], Boura comptait 40 448 habitants en 2019 avec le tableau des taux de scolarisation suivant : 0,3% au préscolaire, 69,0% au primaire, 26,6% au post-primaire, 03,7% au secondaire et 0,4% au supérieur (INSD, 2019). Ces chiffres alarmants le sont davantage quand on creuse les situations spécifiques des villages de la commune et interpelle la diaspora de la commune à un investissement social notamment dans la sensibilisation et la formation des populations non scolarisée ou déscolarisée.

Conscient de la nécessité de contribuer à l’amélioration de la demande de l’éducation scolaire à Hièla, les étudiants et élèves d’alors avaient rassemblé les quatre groupes ethniques du village (Sissala, Dagara, Mossi et Peulhs) en 2014 et plaider pour l’organisation de Hièla en association pour la fédération des forces pour l’ensemble des défis du village. L’Association Ossofièlo Gmèno : Hièlbè Langtaar (ASSOGHIL) fut donc créée et porte depuis 2015 cette fête qui vise à renforcer les liens culturels et sociaux entre les différents groupes ethniques du village de Hièla et ceux des villages environnants, créer des opportunités de sensibilisation et de lutte contre les pratiques culturelles, économiques, et sociales qui ne favorisent pas la protection de l’environnement et un développement intégré et harmonisé de la localité.

 Pour chaque ‘’fête d’intégration du village de Hièla’’, une série d’actions de sensibilisation et de développement communautaire sont organisées de novembre à janvier. En terme développement communautaire, en 2018, le village a levé des fonds pour s’acheter un tricycle qui a servi à des travaux communautaires pour une digue sur la rivière qui les sépare du centre de santé et de promotion sociale (CSPS) le plus proche, dans le village de Bozo. En 2019, le village a construit un bâtiment servant de siège social de l’association. En termes de sensibilisation, des thèmes comme le mariage précoce, la désertification, la consommation abusive de l’alcool et de la drogue, l’éducation des filles, les défis de l’immigration des jeunes vers le Ghana, et l’engagement communautaire pour un développement inclusif ont respectivement été développés et débattus lors des 9 éditions précédentes de la fête d’intégration.

Pour cette 10e édition, le contexte national a motivé le comité à s’intéresser à la mobilisation générale sur les questions sécuritaires mais aussi pour le développement endogène à l’image de ce qui est promu sur le plan national. Avec une population prioritairement agricole exposée aux conflits fonciers, le comité a jugé bon que la fête contribue à la sensibilisation sur les conflits communautaires, leurs causes, leurs conséquences, et les approches de préventions à privilégier. Il s’agira de mobiliser les autorités compétentes et personnes ressources pour un état des lieux sur les conflits communautaires au Burkina Faso, dans la Sissili, et dans la commune de Boura. A cela s’ajoute les actions de formation des habitants de Hièla sur l’entrepreneuriat dont les Établissements Maïga Aly et Fils – EMAF Sarl ont été un partenaire le 30 novembre 2024.

En effet, EMAF est une société de droit burkinabè opérant dans les domaines de transit – transport – logistique, commerce général, production animale et végétale, organisations d’événement, et boulangerie – pâtisserie. Il s’agit d’une chaîne de production et de commercialisation qui emploie plus de 20 personnes de la commune. La collaboration avec le village de Hièla à consister à un partage d’expériences sur les activités agro-sylvo-pastoral, comment il a démarré, les défis rencontrés, et les conseils pour les habitants du village. Les échanges du 30 novembre ont été l’occasion pour les participants de bénéficier aussi d’une session d’information sur une entreprise de micro finance basée à Diébougou. Ces informations ont porté sur les options d’accompagnement disponibles pour les coopératives villageoises.  

Une projection de film débat sur les conflits communautaires au Burkina Faso est aussi planifiée avant la fête du 2 janvier 2025, jour durant lequel une communication sera faite sur le thème de la fête. Chaque année, une dizaine de chefs traditionnels et coutumiers dagara et sissala du Ghana participent à la fête aux cotés des chefs du village de Hièla et des villages environnants. Il s’agira, le 2 janvier prochain, d’une opportunité pour Hièla de diffuser à nouveau un message de paix et de cohésion sociale à une grande population dans ce contexte national de crise sécuritaire. C’est l’occasion de témoigner notre gratitude à tous les particuliers et structures qui nous ont toujours soutenu pour la tenue dans l’organisation des activités de cette fête.