Le Mali est en deuil. Plusieurs sources non officielles que l’on soupçonne proches de la famille de l’ancien président ont annoncé son décès à Bamako, dans l’après-midi de ce 15 septembre.
L’ancien président, général de brigade à la retraite, est mort à 10 jours de son 84e anniversaire. En effet, il était né le 25 septembre 1936 à Kayes dans l’ancienne Afrique occidentale française (AOF).
Recruté dans l’armée coloniale, il sera reversé dans l’armée malienne après l’indépendance du pays en 1960. Il y gravit rapidement les échelons et dirigera le quarteron d’officiers qui ont renversé le père de l’indépendance et premier président du Mali, Modibo Kéita, le 19 novembre 1968.
Moussa Traoré était resté plus de 22 ans au pouvoir, du 19 novembre 1968 au 26 Mars 1991, surfant sur la toute-puissance de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), parti unique du pays à l’époque.
Renversé le 26 mars 1991 par un coup d’Etat à la suite de grandes manifestations de rue réclamant la démocratie multipartite, Moussa Traoré passait pour l’un des chefs d’Etat africains, victimes emblématiques du discours de la Baule (juin 1990) du président François Mitterrand exigeant des reformes politiques majeures en Afrique, notamment la fin des partis uniques.
Signe du destin d’un homme qui a été étroitement lié à celui de son pays, Moussa Traoré tire sa révérence au moment où le Mali est à la croisée des chemins, empêtré dans une crise socio-politique avec à la clé un quatrième coup d’Etat, celui du 18 août dernier, et une volonté des nouveaux maîtres de Bamako de rebattre les cartes du jeu politique pour un Mali nouveau.
Zéphirin Kpoda
