Tribune

Transfert de la clinique « Les Tisserins » : La pilule passe mal chez les nouveaux riverains

Photo d’illustration

La clinique « Les Tisserins » est en voie d’être transférée de Dasasgho à la trame d’accueil de Ouaga 2000 sur une parcelle à usage d’habitation. Un transfert qui n’est pas du goût des riverains de cette formation sanitaire qui ont adressé une lettre ouverte au ministre de la Santé, Claudine Lougué, pour y dénoncer les nuisances qu’ils vont devoir subir alors même que la clinique est attributaire d’une parcelle non mise en valeur dans la zone. Nous avons obtenu copie de cette lettre et nous vous la proposons ci-dessous.

Il nous a été donné de constater que la parcelle 01, lot 26, section 476, sise côté sud-est de l’espace dénommé ‘’VILLAGE NONG TAABA’’, au secteur 53 de Ouagadougou, attribuée à usage d’habitation tout comme les autres qui l’entourent, abrite une polyclinique prévue pour fonctionner 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24,  avec hospitalisation.

S’agissant d’une zone résidentielle dans laquelle la mise en valeur des parcelles est soumise à un cahier de charges unique pour tous les attributaires, nous avons en tant que voisins entrepris des démarches auprès de l’auteur du projet en la personne de Docteur BENON D. Benoît, pour lui rappeler la destination légale du terrain en cause et lui signifier notre désaccord sur le transfert de sa clinique sur une parcelle à usage d’habitation. Plusieurs rencontres ont eu lieu à cet effet entre les voisins et l’intéressé qui n’a pas manqué non plus d’approcher des intermédiaires à l’effet d’entreprendre d’autres démarches en vue de vaincre l’opposition des voisins.

A notre grande surprise, un des intermédiaires qu’il a envoyés vers nous, nous a communiqué un l’arrêté n°2020-235/MS/CAB du 24 juillet 2020 portant autorisation de transfert de site d’une clinique médicale privée, autorisation signée par le Ministre de la santé au profit de  Docteur BENON D. Benoît. 

Au vu dudit arrêté, nous avons relevé de prime abord qu’il a été falsifié à la première page. Nous avons donc de manière informelle demandé à une Brigade de Gendarmerie d’apporter son concours pour nous permettre de comprendre les motifs de cette falsification. De cette enquête informelle, il a été établi que l’autorisation de transfert porte sur une clinique ophtalmologique alors que le bénéficiaire est un médecin pédiatre, raison pour laquelle il s’est permis de mettre une couleur noire pour supprimer « le mot gênant ». Du coup, il profite de cette prétendue erreur  dans l’arrêté de transfert d’une clinique à spécialité déterminée pour se lancer dans la médecine générale et dans les autres spécialités alors que tant l’autorisation d’ouverture que celle de transfert sont bien limitées. C’est du reste l’intention réelle de Docteur BENON ainsi qu’il nous a été donné de le constater sur les différents panneaux publicitaires qu’il a fait confectionner.

L’analyse de la situation nous amène à dire que même si l’arrêté comportait une erreur imputable au Ministre, il n’appartenait pas à Docteur BENON de la corriger, mais plutôt à l’auteur de l’erreur qu’est le Ministre. Cette prétendue correction dénature substantiellement le contenu de l’arrêté et fait peser sur le mis en cause une forte probabilité d’avoir commis les infractions de faux et d’usage de faux.  Nous nous réservons le droit de saisir les structures compétentes pour déterminer qui du Ministre ou de Docteur BENON doit porter le chapeau en ce qui concerne cette question qui relève du pénal.     

En attendant, au regard de l’illégalité de  l’arrêté dont il s’agit et des conséquences fâcheuses que produira son exécution au détriment des voisins, nous avons saisi Madame le Ministre par  des voies non officielles pour lui demander de le retirer en toute discrétion, mais toutes les démarches entreprises sont restées sans échos favorable, Madame le Ministre préférant violer la loi que d’avoir à faire à un collègue indélicat, ce qui suscite des questions  sur sa bonne foi ou sa capacité à gouverner, surtout quand on se souvient du mauvais quart d’heure qu’elle a passé devant la représentation nationale dans la gestion de la pandémie covid 19.

L’argument tiré de la pratique consistant dans la multiplication des cliniques sur les parcelles à usage d’habitation et dont se prévalent les deux mis en cause est incongrue car nul ne peut revendiquer le droit à être maintenu dans l’illégalité ; il s’agit là d’une plaie cancéreuse  dans la gouvernance de notre pays et dont personne ne peut se réjouir, a fortiori s’en prévaloir, mais qu’il faut plutôt soigner ; si un  médecin refuse de soigner une maladie c’est qu’il veut la mort du patient qui est ici, le peuple burkinabè qui souffre dans sa gouvernance. Heureusement qu’il existe des Ministres qui ont compris qu’il faut soigner ces genres de plaie dans leurs départements, tels le Ministre en charge du commerce et de l’industrie qui a fait procéder à la saisie et à l’incinération des produits illicites ou encore le Ministre en charge du l’éducation qui a décidé de la fermeture des établissements ouverts en violation de la règlementation, de beaux exemples à copier pour réussir à son examen dans la bonne gouvernance. Hélas, pendant que ces deux Ministres cherchent à soigner leur gouvernance, celle en charge de la santé et qui est spécialiste des soins, prend le contre-pied sous prétexte qu’elle ne veut pas avoir ses collègues sur son dos. Si son dos n’est pas assez résistant, c’est mieux qu’elle démissionne car on ne peut pas gouverner dans la peur et dans la complaisance. 

Cette interpellation s’adresse également aux différents maires qui par leur silence, cautionnent des violations répétées de la règlementation en matière d’urbanisme. 

Les sociétés d’Etat qui participent à l’aménagement du territoire surtout en milieu urbain doivent à leur tour veiller rigoureusement au respect de la destination des parcelles et sanctionner les contrevenants au lieu d’avoir un silence complice. Nul n’est au-dessus de la loi et la loi s’impose aussi bien aux gouvernants qui sont chargés de la respecter et de la faire respecter, qu’aux citoyens qui doivent la respecter. En l’espèce, le changement de destination n’est même pas envisageable car non seulement la parcelle en cause se trouve au milieu des habitations mais encore la même SONATUR a attribué à Docteur BENON une parcelle à usage communautaire pour l’implantation de sa clinque ; enfin, ce changement contrevient au règlement d’urbanisme applicable à la zone SONATUR de Ouaga 2000 qui n’autorise exceptionnellement que les cabinets destinés aux prestations intellectuelles pour les professions libérales, et sous réserve que certaines conditions soient remplies (parmi ces conditions, il est fait obligation au prestataire de disposer de « places de stationnement  réservées aux visiteurs dans l’emprise de la parcelle », condition qui ne peut en l’état être respectée). Bien plus, la tolérance ne concerne que les prestations intellectuelles et ne s’étendent pas aux actes médicaux dont les accouchements, les opérations chirurgicales ou les hospitalisations envisagés dans la polyclinique de Docteur BENON).  

Dans le cas spécifique de la santé, ce n’est pas le fait du hasard si les médecins sont constitués en ordre ; mais si dans ce que nous appelons l’ordre des médecins, le désordre est roi (avec les cliniques qui poussent comme des champignons dans les maisons à usage d’habitation au détriment de la règlementation et de la santé des riverains), on est en droit de se demander s’il s’agit encore de l’ordre des médecins ou du désordre des médecins. L’ordre des médecins à son tour, est donc vivement interpellé pour mettre fin au désordre en son sein pour mériter son appellation. La fonction de médecin est tellement noble que le désordre dans ce milieu le déshonore. Mais loin de nous de blâmer tous les médecins, car, et Dieu merci, il en existe encore qui exercent leurs fonctions dans le respect des lois en vigueur et des règles déontologiques du métier. Bravo à eux ! 

Quant à Docteur BENON Benoit, qui a choisi d’exercer dans des conditions irrégulières, il n’est pas trop tard pour lui et pour ceux qui auront le sentiment d’être concernés, de se corriger. Comme par entêtement, bien que disposant d’une parcelle à usage de clinique, il a implanté sa clinique sur sa parcelle à usage d’habitation et impose sa volonté à tous ses voisins dont les droits à la quiétude, à la santé et à la paix se trouvent alors compromis. C’est exactement dans ce même contexte que les anciens voisins de la clinique de Docteur BENON qui ne supportaient plus les nuisances liées à la présence de cette clinique, ont porté plainte auprès des services compétents de l’Arrondissement de Nongr-Manson et c’est ce qui a provoqué son départ des lieux. En transférant sa clinique sur une autre parcelle à usage d’habitation, et cette fois en zone résidentielle (Ouaga 2000) dont l’aménagement est soumis à un cahier de charge, Docteur a tout simplement déplacé le problème d’un quartier à un autre comme si dans ce quartier tout était permis. Au lieu de chercher à solutionner son conflit avec la loi, il a préféré défier ses nouveaux voisins et la société. 

Peut-il alors dans ces conditions, exercer la profession de médecin avec conscience et loyauté, puisque, non content de violer la loi, il expose également ses voisins à toutes les nuisances possibles aux plans environnemental, social, psychologique et sanitaire ? Les dangers  liés à l’implantation d’une clinique ou d’une polyclinique telle que prévue par Docteur BENON, ne sont pas à démontrer, surtout en ce temps où naissent des pandémies aux origines indéterminées et à propagation vertigineuse.  

Alors, les voisins ne se laisseront pas conduire comme des moutons à la boucherie pour remplir les caisses de Docteur BENON et en appellent au Ministre en charge de la santé, à ceux en charge de l’urbanisme et de l’environnement, à l’Ordre National des Médecins,  aux Maires de la Commune de Ouagadougou et de l’Arrondissement n°12, pour que chacun, dans son domaine de compétence, veille au respect de la règlementation afin de nous mettre à l’abri des effets de toutes les atteintes à la loi et aux droits des citoyens ; C’est à ce prix que la paix et la cohésion sociale pourront avoir la chance d’être des réalités dans notre pays et dans nos cités. 

Félicitations aux Ministres en charge du commerce et de l’éducation. Ils ont compris qu’on ne peut pas gouverner avec la carotte seulement et que sans le bâton on ne peut jamais exécuter à bien ses missions de service public. Aussi, puissent-ils être gentils en prêtant leurs bâtons à leurs compagnons qui participent à l’exercice du pouvoir public.   

                                                           Ouagadougou le 19 septembre 2020

Des habitants de la section 476, sise côté sud-est de l’espace dénommé ‘’VILLAGE NONG TAABA’’, au secteur 53 de Ouagadougou.  

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