Aventure aux USA : « A présent, même pour laver des plats il faut être en règle », Boureim Liguidi de Ya paalé

Après avoir passé 6 années de sa vie aux Etats-Unis, Ibrahim Zongo, qui s’est fait un nom sur la toile grâce à sa video Ya paalé, est rentré au bercail. Cet étudiant qui a  pu tirer son épingle du jeu est revenu investir au Burkina Faso, où il a créé le mouvement « Ya paalé ». Ipen olpac,  pour certains, déconseille à ses jeunes frères de tenter l’aventure parce qu’à présent « même pour laver des plats, on ne peut plus le faire dans la clandestinité car l’Etat perçoit des taxes partout. Rencontre avec cet entrepreneur qui s’illustre par son franc-parler.

Qu’est-ce que vous faites dans la vie ?

Je me bats dans la vie. Aux USA ce n’est pas le titre  qui importe comme c’est le cas dans les pays francophones. Tant que tu ne mendies pas et  que tu luttes, on dit que tu te bats. Je suis dans l’immobilier. Nous faisons dans la location d’appartements pour ceux qui veulent se loger. J’importe aussi du matériel que je revends ici. J’ai aussi travaillé à Hudson Toyota en tant qu’agent commercial. Là-bas, je permettais à mes compatriotes d’acquérir des voitures à des taux de crédit intéressants. J’ai travaillé comme un fou de 8 h à 16  h et  de 16 h à 22 h pendant 2 ans ; je me suis sacrifié.  6 mois  après mon arrivée en Amérique,  j’ai fondu parce que j’exerçais  3 à 4 boulots (laver  les voitures, les plats). Je sais tout faire à présent.

Avant d’aller à l’aventure qu’est-ce que vous faisiez ?

J’étais étudiant en sociologie à l’université de Ouagadougou. Etant  sur le campus, on parlait beaucoup et les gens s’en plaignaient. Il a fallu que j’arrive aux USA pour comprendre que parler aussi peut être un métier.

Pourquoi avez-vous décidé d’aller à l’étranger ?

Comme tout jeune les USA à notre temps me faisaient rêver avec le hip-hop, l’eldorado qu’on nous a fait miroiter. Tous nos devanciers nous parlaient d’argent, donc on s’est dit donc qu’en y allant, on pourrait résoudre tous les problèmes. J’ai résidé dans la ville de New Jersey.

Comment s’est passée l’obtention des papiers ?

En 2014, pour aller aux USA il n’y avait pas autant de difficultés qu’aujourd’hui. Il suffisait juste de monter correctement son dossier, d’avoir une capacité financière et de remplir les formalités à l’ambassade. J’ai bénéficié de l’aide d’amis comme Michaël Bazié et Samuel Ouédraogo qui se sont chargés des inscriptions.

Quelle lecture faites-vous de la gouvernance de Trump ?

Parlez-nous du mouvement Ya paalé

Au début,  pendant les fêtes de la diaspora, je farotais,( ndlr distribuer l’agent) sur les artistes. On les faisait venir pour 500 000 F et je trouvais cela humiliant. C’était ma manière d’accompagner et de rendre belle les soirées. Par la suite, j’ai décidé de flamber l’argent et donner le mauvais exemple. J’ai créé donc le mouvement Ya paalé qui a sensibilisé sur les réseaux sociaux, interpelé, fait des dons, parraine des activités caritatives, etc. Nous avons aussi mis sur pied Ya paalé Tv promotionnel, qui  permet de faire connaître gratuitement  la musique burkinabè en Côte d’Ivoire.

Quels types d’activités vous avez déjà menées ?

J’en suis le président et je travaillais avec une équipe de jeunes en tandem depuis les USA. Avec le froid qui s’annonce, on a acheté plus de 1800 vêtements qu’ on va distribuer gratuitement. On a déjà fait des dons de plus de deux millions dans des écoles à Pazani, à Kongoussi, à Kaya, etc. Chaque soir j’encourage les femmes qui balaient les rues en leur donnant de l’argent. A Zagtouli, nous avons offert des vivres. Au camp de l’Unité on a apporté un conteneur  de céréales d’une valeur de plus de 4 millions de F CFA à l’armée. On a des photos que l’on garde comme archives parce que très souvent lorsque l’on donne et on fait beaucoup de bruit autour, le geste peut perdre son sens.

Qu’est-ce que le mouvement prévoit pour les jeunes Burkinabè en quête d’emplois ?

Je suis rentré le 14 octobre après avoir économisé et investis pour le mouvement. Je viens en aide  aux gens qui sont dans le besoin. Je  suis en train de créer  de nombreux emplois pour notre jeunesse. Par exemple, je suis en train de monter une usine de production d’énergie solaire au profit des ménages. Il faut  amener les Blancs à venir découvrir notre pays, ils veulent investir chez nous.

Comment se porte  notre diaspora aux USA ?

Nos compatriotes ne sont pas solidaires. Pour se retrouver on organisait des activités culturelles.  J’ai même sponsorisé des fêtes mais les gens ne sont pas unis comme les autres communautés.  Les Burkinabè des States ne s’entraident pas. Comment comprendre qu’on organise deux festivals pour un seul pays ? Nos ambassadeurs sont incompétents et ne connaissent pas les réalités de là-bas. Les Burkinabè font face à de nombreuses difficultés qu’on cache. Par exemple, un Burkinabè de 14 ans a été  condamné à 40 ans de prison. 7 autres ont été arrêtés il y a deux mois pour avoir fraudé dans un business de récupération de cartes bancaires qu’ils  volaient dans les boîtes postales. 25 chefs d’accusation ont été retenus contre eux. Les enfants qui vont aux Etats-Unis créent de nombreux soucis à leurs parents.

W . Harold Alex Kaboré