Société

Dépôt de dossiers au FAARF : Une occasion pour certains de s’en mettre plein les poches

Depuis quelques jours, l’affluence est grande au niveau de la représentation du FAARF (Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes) située à quelques encablures du ciné Burkina à Ouagadougou. En effet, plusieurs femmes de divers rangs sociaux ont pris d’assaut ce site pour bénéficier du Fonds de relance économique (FRE covid19) mis en place pour permettre aux personnes impactées par la pandémie due au coronavirus de remettre en marche leur commerce. Une occasion pour certains intermédiaires de faire de bonnes affaires. C’est du moins le constat que nous avons pu faire dans la matinée de ce jeudi 3 décembre 2020.

Sourire aux lèvres, Rachidatou Bonkoungou se réjouit d’avoir déposé son dossier et espère une issue heureuse

Le moins que l’on puisse dire c’est que d’ici la fin de la procédure, beaucoup auront réussi à s’en mettre plein les poches. En effet, ce site qui abrite l’une des représentations du FAARF est devenu un véritable lieu de commerce où certains ont vite fait d’improviser des parkings pour surveiller les engins de ces dames qui se ruent vers les secrétariats publics les plus proches pour faire des photocopies de leur CNIB à joindre à leur dossier. Et comme toujours, les photographes ne sont pas en reste. Munis de leurs appareils photo, ils guettent les éventuelles clientes qui n’ont pas pensé à apporter des photos d’identité.

Attirés par cet attroupement peu ordinaire, des étudiants en profitent également pour se faire un peu d’argent de poche. « De retour du campus, nous avons aperçu la foule et nous nous sommes arrêtés par savoir ce qui se passe. C’est ainsi qu’une dame nous a approchés pour nous demander de l’aider à remplir sa fiche », nous confie un jeune homme, refusant catégoriquement de décliner son identité. « Vous voulez me créer des problèmes. Nous on a peur des journalistes », n’hésite-t-il pas à nous lancer tout en portant son masque comme pour se cacher. L’étudiant en 2e année de Sciences et technologies à l’université Joseph Ki-Zerbo et un camarade aident depuis le début de l’opération de dépôt, ces prétendantes au fonds, la plupart ne sachant ni lire ni écrire. En retour, celles-ci, heureuses d’avoir la possibilité de remplir correctement leurs fiches, leur donnent de quoi « boire de l’eau », comme on le dit si bien au Burkina Faso. Pour ces dames, ces jeunes sont une bénédiction même si d’autres exigent beaucoup plus qu’il n’en faut pour le travail abattu.

Lobs numérique · Rachidatou Bonkoungou a déposé son dossier pour le Fond d’appui

Contrairement aux chanceuses épaulées par les étudiants, d’autres femmes n’ont pas pu avoir les fameuses fiches. C’est le cas de Zénabou Ouédraogo qui a voulu tenter sa chance après avoir appris la nouvelle grâce à une voisine. Quelles sont les conditions à remplir ? Cette mère de quatre enfants qui a fui la Côte-d’Ivoire après la crise électorale de 2010 n’en sait pas grand-chose. Obligée de s’occuper seule de sa progéniture, elle s’est lancée dans la vente de farine de maïs à Tampouy, le quartier où elle réside. Son fonds de commerce variait entre 100 000  et 300 000 F CFA. Malheureusement, avec la fermeture des marchés pour cause de covid19, ses activités ont pris un coup. « Si je gagne un million au moins, j’en serais ravie. Malheureusement on m’a dit que les fiches sont finies. On nous a dirigé vers un autre site situé à la Patte d’Oie mais rien de ce côté non plus. Nous allons veiller ici cette nuit pour être sûr d’avoir le nécessaire demain matin », lance Zénabou Ouédraogo.

LIRE AUSSI : 100 milliards de FCFA pour relancer l’économie post-covid-19 : la clé de répartition présentée aux bénéficiaires

A côté de nous, des dames se plaignent de ne pas avoir, elles non plus, eu gain de cause alors qu’elles sont sur les lieux depuis 4h du matin. « On nous dit que c’est fini alors que nous voyons certaines personnes en détenir trois ou quatre et qui les revendent aux autres », se plaint l’une d’elles. « C’est déplorable », compatit l’étudiant en ST qui soutient que la procédure prend fin le 7 décembre prochain et que par jour, le FAARF distribue un nombre défini de fiche. 200, selon ce qu’il nous a dit.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans le lot se trouvent des personnes qui n’ont aucune idée de ce qui se passe. En effet, plusieurs d’entre elles, interrogées, ne savent de quoi il s’agit exactement. Confortablement installées sur des pagnes étalés à même le sol, beaucoup ne sont que des accompagnantes qui attendent sagement le retour de leurs camarades.

Lobs numérique · Les conditions d’accès aux crédits du FAARF expliquées par une commerçante

En rappel, le gouvernement burkinabè a initié le Fonds de relance économique (FRE covid19) pour redresser l’économie nationale fortement touchée par les mesures d’urgence prises pour limiter la propagation de la maladie à coronavirus. 100 milliards de francs CFA ont ainsi été mis sur la table. Des accords et conventions ont été signés avec des fonds nationaux dont le FAARF. Pour obtenir le crédit au niveau de cette institution, il faut être une personne physique, morale ou une organisation reconnue officiellement et exerçant dans les secteurs impactés jugés prioritaires, prouver que son activité a été impactée négativement par la covid19, ne pas être déjà bénéficiaire d’un accompagnement financier dans le cadre du FRE covid19 ou être promotrice d’un nouveau projet entrant dans le cadre de la revitalisation de l’économie post covid19.

Zalissa Soré
Camille Baki

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page