Corruption dans le secteur minier : le fléau vu à la loupe du REN-LAC
Débutées le 1er décembre dernier pour dix jours, les 15e Journées nationales de refus de la corruption (JNRC), organisées par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), se poursuivent. Ce 9 décembre, la veille de leur clôture, a été marqué par une série de communications sur le thème général de la corruption dans le secteur minier. Ra-Sablga Seydou Ouédraogo de l’Institut Free Afrik et Jonas Hien de l’ORCADE, pour ne citer que ces panélistes, ont démontré que ce mal handicape l’essor d’un secteur à grandes potentialités économiques.
Le temps de ces 15e JNRC, le Centre nationale des arts des spectacles et de l’audiovisuel (CENASA) de Ouagadougou s’est mué en quartier général du REN-LAC. A la veille de leur clôture , elles étaient nombreuses les personnes qui ont pris d’assaut ce haut lieu de manifestations culturelles pour suivre la série de communications inscrites au programme. Des exposés qui devaient aider à décortiquer le thème général : « Transparence et redevabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina »
Passé l’exposé introductif du secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié, la première communication a été faite par le responsable de l’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE), Jonas Hien. Ce dernier a estimé que les organisations de la société civile ont un rôle de premier plan à jouer dans le contrôle de la gouvernance du secteur minier, et pour cause: la gouvernance actuelle du secteur n’est pas satisfaisante, la réglementation dans le domaine comporte des insuffisances , la lutte contre la fraude et la corruption dans ce secteur n’est pas efficace, selon lui.
Lobs numérique · Le Directeur Exécutif De La CMBF À Ceux Qui Voient De La Corruption Dans L’activité Minière
Auteur d’une autre communication, le directeur exécutif de l’Institut Free Afrik, Ra-Sablga Ouédraogo, ira plus loin en traitant du thème « Ressources minières : Que gagne le Burkina ? Que perd le Burkina ». Pour répondre à ces questions, il a démontré que le boom minier, quoique décisif pour booster l’économie nationale, profite peu, sinon pas du tout, à la majorité des Burkinabè. Selon le chercheur, les bénéfices tirés de ce secteur, en essor depuis au moins douze ans, est extrêmement faible. Cela se voit à travers trois variables que sont la valeur ajoutée qu’il crée , les emplois décents et les recettes fiscales générés; des variables qui ont pour point commun leur faible niveau.
« L’investisseur et l’autorité, les seuls bénéficiaires »
Qu’en est-il des pertes ? Elles sont visibles en termes de dégâts environnementaux, tant par l’exploitation artisanale qu’industrielle. « Toutes les sociétés minières n’alimentent pas le Fonds de réhabilitation environnementale; elles ne paient pas ce qu’elles doivent payer. Même quand elles paient, la réhabilitation n’est pas immédiate », a expliqué le Dr Ra-Sablga Ouédraogo. Les pertes se situent aussi au niveau de la gouvernance, d’autant plus qu’une corruption dans le secteur minier crée un effet de contagion dans d’autres secteurs d’activités. La matrice des pertes doit aussi être évaluée sur le plan communautaire et sécuritaire, vu qu’il est établi, selon Ra-Sablga Ouédraogo, que dans certaines parties du territoire, l’or alimente le financement du terrorisme. Dans la même veine, le développement d’une mine dans une zone entraine le délaissement d’autres secteurs, dont celui de l’éducation.
Est-ce alors à dire que personne ne profite de l’activité minière ? La réponse est non, selon le directeur exécutif de Free Afrik qui cite comme principaux bénéficiaires, les investisseurs et « les élites politiques entrées dans l’industrie de la fraude avec les investisseurs ». Des solutions pour une activité minière profitable à tous ? M. Ouédraogo évoque, entre autres, l’élaboration d’une stratégie nationale d’industrialisation grâce au secteur minier. Une idée qui rejoint celle du Pr Taladidia Thiombiano qui propose, lui, la nationalisation du secteur.
Bernard Kaboré
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