Société

Réouverture des frontières aériennes : quatre mois après, des difficultés persistent pour des acteurs économiques

Décidemment, l’année 2020 est partie pour se terminer comme elle a commencé, c’est-à-dire mal. C’est du moins ce que pensent certains acteurs économiques.

Photo d’illustration

En effet, beaucoup avaient misé sur la fin de leurs difficultés commerciales avec la réouverture des frontières aériennes. Malheureusement, ils ont très vite été rattrapés par la réalité car les nouvelles contraintes liées au voyage se sont multipliées. L’obligation de présenter, à l’entrée comme à la sortie d’un territoire, un résultat négatif de dépistage de la covid19 datant de cinq jours au plus, la soumission aux procédures sanitaires au niveau des points d’entrée, le respect des mesures barrières et la nécessité de pratiquer l’auto confinement à l’arrivée dans certains pays et les coûts parfois exorbitant du billet d’avion sont autant de raisons qui démotivent plus d’un voyageur.

Certaines ambassades ont même revu les conditions de voyage dans leurs pays. C’est ainsi que Viviane  Zongo, après deux mois de préparation de son dossier de demande de visa, ne sera jamais reçue par la représentation diplomatique française. En effet, cette jeune dame, qui voulait rendre visite à son époux qu’elle n’a pas vu depuis plusieurs mois, a vite déchanté.

Tout se passe le jour prévu pour le rendez-vous : la jeune maman reçoit un appel d’un travailleur de la chancellerie. Cette personne à l’autre bout du fil lui pose un certain nombre de questions comme pour être bien sûr  des raisons pour lesquelles elle souhaite faire son voyage. Sa confiance renforcée, la jeune maman donne toutes les informations à elle demandées. A la fin de l’entretien, son correspondant lui fait comprendre qu’elle ne peut déposer sa demande de visa. « Compte-tenu de la covid19, le motif de votre voyage n’est pas accepté », s’est-elle vu notifier, surtout que son mari n’a pas la nationalité française et que l’invitation a été faite par la sœur ( pourtant de nationalité française) de celui-ci. « En plus de ne pouvoir être avec mon mari, j’ai perdu du temps et de l’énergie pour rien », nous a-t-elle confié, avec un air de déception. Elle ne sera pas non plus remboursée pour l’assurance qu’elle a contractée pour les besoins du voyage puisqu’avec l’ambassade de France, l’entretien s’est passé au téléphone et rien, selon elle, ne prouve le refus du visa.

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Voilà autant de désagréments qui rejaillissent sur certains types de métiers notamment ceux qui gravitent autour de l’aéroport. C’est le cas d’Emmanuel Ilboudo, spécialiste des opérations de change, que nous avions rencontré après la fermeture le 21 mars 2020 des aéroports de Bobo Dioulasso et de Ouagadougou où il a ouvert son bureau de change depuis 2015. Les activités ne marchaient déjà plus depuis l’avènement du terrorisme, les touristes ne voyageant plus beaucoup, et voilà que la covid19  venait ajouter son grain de sable.

A cette époque, cet employeur espérait beaucoup que la réouverture des frontières se fasse le plus rapidement possible. Mais depuis que c’est chose faite, le responsable du Comptoir burkinabè de change et de services (CBCS) se tourne toujours les pouces. A l’en croire, ce ne sont plus des touristes qui atterrissent sur la plateforme aéroportuaire, alors que c’est cette catégorie de voyageurs qui fait le plus de transactions. De plus, rares sont les Burkinabè qui vont encore en mission et qui ont besoin de recharger leurs cartes bancaires ou d’acheter des billets des États où ils se rendent. « Nous sommes toujours dans les difficultés », s’est-il dépêché de souligner.

Lobs numérique · Emmanuel Ilboudo, Cambiste, Espère Bénéficier Du FRE Covid 19

Il espère néanmoins bénéficier du Fonds de relance économique (FRE covid19) mis en place par le gouvernement pour aider les structures touchées par les mesures prises pour lutter contre la propagation du virus à remettre leurs activités en bonne marche.  Emmanuel Ilboudo a déjà déposé ses dossiers. « Pour le moment il n’y a pas de réponse mais si j’obtiens la somme demandée, je pourrai me remettre debout », a déclaré le père de famille qui doit assurer le paiement de ses loyers et de son personnel composé de quinze employés. « Quand je fais le calcul, je pense que j’ai perdu pas moins de dix millions de F CFA. Sans un coup de main, ce sera très difficile de se remettre sur pied », a-t-il précisé.

Zalissa Soré

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