Société

Coiffure pour le nouvel an : Rodrigue, ce jeune homme qui rend les femmes coquettes

Rodrigue Zoungranant tissant la tête d’une cliente, Evelyne Zongo

A quelques heures de la fête du nouvel an, les salons de coiffures ne savent plus où donner de la tête, tant les clients sont nombreux. C’est le constat que nous avons fait le mardi 29 décembre 2020 à Ouagadougou. Une tournée qui nous a permis de faire la connaissance de Rodrigue Zoungrana, un jeune homme de 33 ans qui rend les femmes coquettes.

“La plupart des gens pensent que je suis homosexuel, tout simplement parce que je coiffe les femmes », a lancé Rodrigue Zoungrana avec un air de dépit. Si l’on en croit ses explications, il y a encore beaucoup de préjugés dans ce pays. « Quand j’ai ouvert il y a six mois, les gens ont beaucoup parlé. Grands comme petits, ils venaient tous me regarder comme si j’étais une bête de foire. Rien qu’hier, je faisais les nattes sur la terrasse et un monsieur qui était de passage s’est arrêté pendant un bon moment pour me regarder. Après, il a souri et il a continué son chemin. Il y a même des femmes qui estiment qu’un homme ne doit pas toucher leur tête », nous a confié le jeune homme. Rodrigue Zoungrana est célibataire et père de deux enfants. Il estime qu’il n’y a pas de saut métier. L’essentiel pour lui, c’est de vivre dignement du fruit de son travail.

Il ne comprend pas qu’en ce 21e siècle, on continue de penser qu’il y a des métiers spécifiques aux hommes et aux femmes. Rodrigue est même allé contre l’avis de son géniteur qui aurait tout tenté pour le dissuader de faire de la coiffure pour dame.

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C’est à partir de 2010, qu’il commence à se former auprès de son frère aîné qui avait déjà un salon de coiffure homme. Avant de partir en voyage, celui-ci confie son établissement à son cadet. Inspiré par un devancier Gaël Emmanuel, Rodrigue Zoungrana s’initie petit-à-petit à la coiffure féminine. Mais pour s’assurer une meilleure cote, il s’inscrit dans une école de formation où il obtient, après deux ans d’apprentissage, le diplôme de CQP (Certificat de qualification professionnelle) en 2015. « Parallèlement aux études, j’ai fait un stage de six mois chez un autre devancier, Harouna coiffure qui est basé à Ouaga 2000. J’ai également ouvert mon salon en septembre 2014 », a précisé notre interlocuteur. Il s’était d’abord installé à Cissin mais la cherté du loyer le contraint à revenir dans son quartier à Bonheur ville où il a trouvé un local au loyer abordable, non loin du rond-point de la Transition.  

Rodrigue Zoungrana parle des préjugés que les gens ont vis-à-vis de son travail

A cause des fêtes de fin d’année, le jeune entrepreneur a refait la déco de son salon pour offrir un cadre chaleureux aux clientes comme Evelyne Zongo qui ne regrette pas d’y être allée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Rodrigue a réussi son coup avec cette nuance de couleurs orange et verte. « Actuellement, l’affluence est grande. Parfois je passe la nuit ici ou alors je descends très tard. Je croule sous les rendez-vous », a indiqué notre interlocuteur.

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A Expérience coiffure mixte, vous trouverez également des mèches, des produits de maquillage et pour l’entretien des cheveux et des perruques, entre autres. Rodrigue Zoungrana compte trois employés et il forme aussi des jeunes qui désirent apprendre le temps des vacances scolaires.

« On s’apprête pour le show du 31 »

Aïcha Sawadogo, 19 ans, compte bien faire le show la nuit du 31 décembre

Chez Adjaratou Ouédraogo, l’heure n’est pas vraiment propice à la discussion. Occupée à poser de faux ongles sur les doigts d’une cliente, la propriétaire du salon Diva est interpelée de toutes parts. On ne peut pas dire que les affaires ne marchent pas pour cette femme qui travaillait auparavant dans une usine à Kossodo. « Le marché n’est plus ce qu’il était mais on ne peut pas se plaindre », ne tarde pas à lancer Dame Ouédraogo qui a depuis quelques minutes attaqué la tête d’une autre de ces dames, ses employées étant occupées à faire des tapis sur deux autres clientes. La queue étant longue, elles ont prévu de passer quelques nuits blanches.  

Les retardatrices pourront même se faire coiffer le 1er janvier, le jour de la fête. Aïcha Sawadogo, elle, a préféré s’y prendre tôt. Issue d’un milieu assez modeste, la jeune fille de 19 ans compte bien faire le show la nuit du 31 décembre. Elle a dépensé plus de 6000 francs CFA pour sa coiffure, sans parler de la tenue et des accessoires qu’elle va porter.

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Quant à Mariam Bagagnan,  elle s’est contentée d’une coupe assez banale. « Les affaires ne marchent pas trop du côté de monsieur. Je ne veux donc pas lui mettre la pression », a déclaré notre interlocutrice, le visage illuminé par un large sourire.  

Zalissa Soré

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