Editorial

Gouvernement Dabiré II : Gare à un consensus politique aux ailes d’albatros!

Le président Roch Kaboré et son Premier ministre Christophe Dabiré ont mis fin au suspense sur la composition du nouvel exécutif du Burkina, le dimanche 10 janvier. 6 semaines après les élections législatives et la présidentielle du 22 novembre, Il était temps !

Zephyrin Diabré désormais collaborateur direct de Roch Kaboré (lunette)

 Il était temps de couper court aux conjectures les plus contradictoires sur la nouvelle configuration de l’échiquier politique national ! Il était temps que le pays se remette au travail car, du pain sur la planche, il n’en manque pas : crise sécuritaire, crise sanitaire, problème de cohésion et de réconciliation nationale, etc.

Face à ces grands défis, Roch Kaboré a visiblement misé sur la stabilité d’un exécutif d’où il n’a fait qu’éjecter les petits poucets de ministres (12) tout en gardant les fortes têtes (11), renforcées par l’arrivée de fortes personnalités comme Zéphirin Diabré et Sankara Benewendé. La majorité présidentielle se renforce donc avec l’entrée dans le gouvernement du président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), précédemment chef de file de l’opposition. Un véritable revirement. Dès lors, on peut considérer que les 3 chefs de partis qui constituent désormais avec le MPP la charnière de la mouvance présidentielle ont été appelé au gouvernement et héritent de portefeuilles sensibles : Zéphirin Diabré (UPC) à la Réconciliation et à la Cohésion nationale ; Bénéwendé Sankara (UNIR/PS) à l’Urbanisme et à l’Habitat ; Vincent Dabilgou (NTD) au Transport et à la Mobilité urbaine ; à défaut de Simon Compaoré son président, le 1er vice-président du parti majoritaire(MPP) hérite du département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

 Quand on sait que le MPP a obtenu 56 députés, le NTD 13, l’UPC 12, l’UNIR/PS 5, la nouvelle charnière de la mouvance présidentielle pèse à elle seule 86 élus. Quand s’y ajoutent les partis qui lui gravitent autour, la nouvelle majorité parlementaire pèserait autour de 100 députés. En face, le CDP avec ses 20 élus, l’ADF/RDA 3, et Agir ensemble 2, pèseront difficilement dans le débat parlementaire. Selon certains analystes, on n’est pas loin d’un “unanisme” politique, préjudiciable à la démocratie. En effet, la quasi-unanimité qui a prévalu à l’élection du président de l’Assemblée nationale, 124 voix pour, 2 abstentions et 2 contre, indique que le président Kaboré et son entourage ont presque amadoué l’ensemble de la classe politique nationale. Le dialogue politique, mais peut-être aussi  Mammon ont fait leurs effets et le Premier ministre, Christophe Dabiré, peut raisonnablement penser que du côté des acteurs politiques, il a un boulevard pour poursuivre ou initié ses « grandes réformes » en faveur du développement socio-économique du pays dans la stabilité. C’est du moins, selon lui, les grandes orientations à lui dictées par le président Kaboré. Quid alors de la lutte contre le terrorisme ; du dialogue social ; de la bonne gouvernance ?

 Le consensus des acteurs politiques est une chose, la maîtrise du front social en est une autre et par expérience, les syndicats burkinabè n’ont jamais accepté que le politique casse du sucre sur leur dos, qui plus est, dans la mal gouvernance. Quand s’ajoute à ce dynamisme syndical, l’activisme remarquable des organisations de la société civile, Roch Kaboré et Christophe Dabiré doivent davantage retrousser leurs manches afin que dialogue ou  consensus politique rime avec dialogue social, tout comme stabilité gouvernementale doit rimer avec intégrité territoriale et sécurité des personnes et des biens.

LIRE AUSSI : Nouveau gouvernement : Christophe Dabiré annonce de « grandes réformes »

C’est la condition sine qua non, la réélection du président du Faso, la reconduction du président du Parlement, du Premier ministre, et des ministres têtes fortes dans leurs fonctions, pourrait passer  chez les adversaires du pouvoir en place comme une ignorance, voire un mépris des aspirations insatisfaites des populations burkinabè. Gare donc à un consensus politique aux ailes d’albatros!

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