Passion canine : « Chien de race d’accord, mais le local d’abord ! », Assimi Boly, vétérinaire
Les chiens sont de plus en plus adoptés dans de nombreuses familles au Burkina. Mais en possédez qui soient de races étrangères, comme un berger allemand, un doberman, est un luxe, selon les Ouagavillois. Pourquoi ? Nous nous sommes rendus chez un vétérinaire de la place, Assimi Boly, pour en savoir davantage sur l’entretien de ces chiens de race. Selon ce vétérinaire, on peut nourrir ces chiens de race avec ce que consomme d’ordinaire le ménage où il vit.
Ne dis-t-on pas que le chien est le meilleur ami de l’homme ? Cet animal, contrairement à d’autres est très proche de l’homme si bien que certains Burkinabè de classe moyenne, selon le vétérinaire Boly, sont capables de débourser des sommes astronomiques, entre 250 000 et 1 000 000 de FCFA, pour se procurer un chien de race. L’adoption de chiens de race est entrée dans les mœurs au Burkina et beaucoup s’en procurent à des fins de gardiennage. Selon un vétérinaire de la capitale, installé à Tampouy, Assimi Boly, pour acquérir un chien de race, il faut prendre attache avec un professionnel, un vétérinaire ou un dresseur de chien. « L’importation de chiens est réglementée. Elle obéit à des règles que les gens ne respectent pas. Par exemple se faire délivrer une autorisation au niveau des services vétérinaires », a-t-il souligné.
Ces chiens de race peuvent aussi être trouvés au Burkina. Il existe en effet quelques éleveurs qui en vendent même s’ils ne sont pas professionnels, à en croire Assimi Boly. C’est d’ailleurs pourquoi, entre autres, les gens font venir les chiens de race des pays voisins comme le Ghana, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, la Tunisie et l’Europe.
« Les croquettes c’est pour tous les chiens ! »
Pour M. Boly, un Burkinabè moyen peut entretenir un chien de race, puisque selon lui ce n’est pas obligé de les nourrir avec des croquettes ou du pâté. « On peut les alimenter avec la nourriture ménagère, tout comme les chiens locaux peuvent manger des croquettes », a-t-il assuré.
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L’une des questions que nous avons abordée avec le vétérinaire, est celle liée à la fragilité des chiens de race. Il a reconnu que les chiens non locaux sont fragiles quand ils sont jeunes. « Il faut surtout s’assurer qu’ils évoluent dans des conditions hygiéniques. Les gamelles doivent être nettoyées tous les jours, l’eau de boisson renouvelée au moins deux à 3 fois par jours ; Laver le plat du chien une fois le repas terminé ; veuillez à ce que les chiens ne mangent pas leurs restes. Car les mouches y pataugent, y pondent des laves qui parasitent le chien. Il faut aussi protéger les oreilles de son animal en achetant pour cela des pommades répulsives », a-t-il expliqué longuement.
« J’ai adopté six chiens »
Pour Alex Thierry Palé, informaticien de son état, sa passion pour les chiens est née en famille depuis sa tendre enfance, lui qui en possédait déjà deux. A présent, il en a adopté trois qui sont à domicile, deux qui assurent le gardiennage en grande famille et à son bureau. « Entretenir autant de chien ce n’est pas un luxe. Chacun nourrit son chien comme il l’entend et cela permet à l’animal de s’adapter. On peut le faire avec l’alimentation ménagère en réservant la part du chien, avec des croquettes ou donner des restes. Pourvu que le chien soit bien nourri, c’est l’essentiel », a-t-il confié. Toutefois, il a tenu a précisé que les races importées ont besoin d’un apport en protéines et en calcium. « Dans certains pays, elles retrouvent cela dans l’eau. J’alimente mes boer-bels avec des croquettes et des pâtes alimentaires. Je dépense environ 100 000 FCFA le trimestre pour mes trois compagnons de la maison. A partir de l’âge adulte, ils ne mangent qu’une fois par jour. Outre les macaronis, parfois on leur donne de la soupe ».
L’un des moments favoris de M. Palé est la balade avec les chiens. Il explique que cela leur permet de faire des exercices physiques, de repérer des endroits pour ne pas être dépaysé au cas où ils s’égareraient et de prendre leurs marques dans leur environnement de vie. Comment se fait la cohabitation avec les voisins de quartiers ? « Lors de nos sorties, chacun se fait une opinion. Il y a d’abord ceux qui ne connaissent pas la race et la compare à celle qu’ils croient connaître. Ensuite il y a ceux qui se disent qu’avoir des chiens de race c’est une manière pour moi de rouler ma bosse et enfin, il y a ceux qui pensent qu’on ne doit pas s’approcher de mes compagnons parce qu’ils sont dangereux », a-t-il expliqué.
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Selon notre informaticien, passionné de chiens, en avoir de race n’est pas une question de moyens : « Les gens doivent apprendre à aimer d’abord nos chiens locaux. Mon amour pour les chiens a commencé avec nos chiens. Par la suite, j’ai pu adopter d’autres de races importées d’Afrique du Sud, par exemple. Il faut déjà que les gens apprennent à mieux s’occuper de leurs animaux. Cela va nous permettre de lutter contre les chiens errants et la rage. Quand on enchaîne un chien toute la journée dans des conditions difficiles, où est l’amour ? » S’est-il interrogé. « Mes enfants aiment nos chiens, même si celui de 50 kg peut quelque fois effrayer »
Une centrale canine en gestation
« Le dressage c’est pour tous les chiens »
Pour la socialisation des chiens, les propriétaires ont recours à des éducateurs canins, communément appelé dresseurs. Nous avons rencontré l’un d’entre eux sur son lieu de travail au niveau du monument des Héros nationaux à Ouaga 2000. Matinalement, chaque dimanche, Mohamed Gamini et ses collaborateurs apprennent à leurs clients comment contrôler un chien, créer une complicité ou effectuer la garde. « Les propriétaires de chiens n’ont pas toujours le temps d’assister aux séances de dressage donc on a choisi les dimanches pour travailler tous ensemble. Il s’agit de mieux les impliquer pour éviter les accidents », a-t-il confié.
En vue de mieux organiser le milieu canin, passionnés, éleveurs, toiletteurs, dresseurs s’organisent selon Mohamed Gamini. « C’est dans l’optique qu’une structure viendra regrouper les dresseurs pour des partages d’expériences et pour la professionnalisation du métier », a-t- il dit, précisant que le dressage est à la portée de tous à partir du moment où l’on a les capacités d’acquérir un chien, il faut l’éduquer.
De l’avis des maîtres-chiens, tous les chiens n’ont pas la même capacité d’assimilation. « Même au niveau des chiens de race certains sont aptes pour des taches spécifiques. Avec les locaux le dressage peut être long parce qu’ils ne se familiarisent pas vite avec les gens. Dans ce cas de figure c’est un peu plus compliqué pour le dresseur. Dans tous les cas, on peut tirer quelque chose de tous nos compagnons avec la complicité du maître », a confié monsieur Gamini, qui a conseillé le dressage car il met le chien en confiance : « En plus, Il faut toujours aller vers les professionnels avant l’achat du chien. Il faut savoir quel type de chien il vous faut et confier le travail à un dresseur. Le dressage n’est pas un luxe mais une obligation, sinon on peut tuer impunément le chien alors qu’il ne t’a pas demandé à être l’acheté ».
W . Harold Alex Kaboré