Parlement de la CEDEAO : Comment booster l’autonomisation des femmes dans l’espace communautaire ?
La commission mixte des Affaires sociales, Genre et promotion des femmes/Education, science et culture/Santé, du Parlement de la Communauté ouest-africaine est réunie depuis ce matin à Monrovia au Liberia. Pendant 5 jours, du 13 au 17 avril, elle va réfléchir sur le thème de « l’autonomisation des femmes dans l’espace CEDEAO ».
Cette réunion de la commission mixte s’est ouverte en présence de hautes personnalités du Liberia dont le chef de l’Etat, George Weah, la Première Dame, le président de la Chambre des représentants et celui par intérim du Sénat.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce sujet d’autonomisation des femmes reste d’actualité, particulièrement dans l’espace CEDEAO, 25 ans après la conférence internationale de Beijing qui avait appelé à mettre l’égalité du genre au cœur des problématiques de développement dans le monde. En tout cas, le président du Parlement communautaire, Sidie Mohamed Tunis, n’a pas manqué de rappeler cet impératif dans son allocution d’ouverture de cette réunion parlementaire. Il a ainsi rappelé que les instruments juridiques existent, notamment l’Acte additionnel de la CEDEAO sur l’égalité entre l’homme et la femme, qui placent cette égalité et l’autonomisation des femmes au cœur du développement durable et du processus d’intégration régionale. Adopté depuis mai 2015, cet Acte additionnel de la CEDEAO tarde à produire les résultats escomptés. Pourquoi ? Le président Tunis a, dans son allocution d’ouverture, mis en exergue des obstacles sur les plans politico-institutionnel, économique et social.
Au niveau politique et institutionnel, le président du Parlement communautaire a fait remarquer que les femmes ne sont pas associées aux prises de décision aux niveaux local, national et régionale, même sur des questions qui les concernent. Elles sont en effet sous représentées dans les institutions et les assemblées élues. Au niveau économique, Mohamed Tunis a souligné que 70% des femmes des pays en voie de développement comme ceux de la CEDEAO travaillent dans le secteur informel. Elles paient alors un lourd tribut aux crises qui surviennent comme c’est actuellement le cas avec la pandémie de la Covid 19. De fait, les restrictions et les isolements de populations frappent de plein fouet le secteur informel où évolue la grande majorité des femmes, a souligné le président Tunis. Au niveau social, son discours a indexé les droits fondamentaux des femmes qui sont bafoués ; les violences dont beaucoup sont encore victimes ; la négation de leurs droits à l’éducation, à la planification familiale, à la propriété foncière, au libre choix de leurs conjoints, etc.
Le Parlement de la CEDEAO, selon son président, doit être en pole position pour que les femmes recouvrent tous leurs droits dans nos pays. Voilà qui explique son important message lors de la célébration de la Journée internationale de la femme le 8 mars dernier et les actes d’accompagnement qu’il a posés à cette occasion à l’égard du personnel féminin du Parlement communautaire ainsi qu’à l’endroit de l’association des femmes députés de la Communauté.
Sidie Mohamed Tunis a conclu son allocution en invitant les membres de la commission mixte à passer en revue le cadre juridique, confronter leurs expériences, comparer les systèmes institutionnels des pays de la CEDEAO afin de proposer des solutions aux entraves à l’autonomisation des femmes dans la région.
La Première Dame du Liberia, Clar Marie Weah, a plaidé, dans son discours à l’ouverture de la rencontre, pour des actions fortes de la CEDEAO afin que cessent les violences contre les femmes dans l’espace communautaire.
Gageons que cette importante réunion balisera le terrain pour booster l’égalité des droits hommes-femmes, un des axes prioritaires du plan stratégique 2020-2024 du Parlement communautaire.
Zéphirin Kpoda