Remplacement de conseillers locaux et municipaux: « C’est une façon de torpiller la loi», Boureima Gnoumou
Le collectif des conseillers municipaux visés par une décision de remplacement prise par leur ministère de tutelle a animé un point de presse ce 18 mai 2021 à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre, ces maires s’insurgent contre cette décision qui pour eux est une façon de torpiller la loi.
La pilule passe mal chez les élus locaux de 15 communes du Burkina Faso. Après les actions en justice contre l’Etat burkinabè qui les suspend de leurs fonctions respectives pour fait de « nomadisme politique », les maires et conseillers de certaines communes prennent l’opinion nationale et internationale à témoin. Cette décision n’est ni plus ni moins qu’un règlement de compte concerté de certains partis politiques, selon le maire de l’arrondissement 10 de Ouagadougou, Jérémie Sawadogo, qui a gagné son procès contre l’Etat dans cette affaire. Ce dernier, sans faut fuyant, a indexé les partis comme l’Union pour le progrès et le changement (UPC), le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) comme étant les principaux acteurs à la base de ce règlement de compte.
Pour cet autre maire, celui de la commune de Houndé, Dissan Boureima Gnoumou, visé par la décision, c’est une façon de torpiller la loi, ce qui n’est pas sans conséquences. Cela est non seulement une façon de torpiller la loi mais aussi un non-respect des décisions de justice par l’Etat, censé donner l’exemple, soutient-il. Ensuite, poursuit-il, cette façon de faire est une sanction morale et enfin, le maire Gnoumou atteste que le développement des communes sera perturbé et ce parce que certaines communes à cause de ces agissements n’ont pas pu voter leur budget. Ainsi le collectif, à travers son coordonnateur, Désiré Traoré, premier officier de la commune de Solenzo, persiste et signe que l’action engagée par le gouvernement manque de base légale. Et pire, selon lui, les décisions de justice sont méprisées par l’exécutif d’où ce qu’il appelle incivisme et dégradation de l’autorité de l’Etat. C’est pourquoi les conférenciers du jour invitent le gouvernement à se ressaisir le plutôt possible en arrêtant le processus de remplacement des conseillers municipaux et régionaux, en levant la mesure de suspension de la tenue des sessions des conseils municipaux. Car, soutiennent-ils, s’il y a un code à appliquer aux collectivités territoriales c’est bien celui des collectivités territoriales et non celui électoral. Dans tous les cas, selon l’édile de Solenzo, cette mesure n’est qu’une application discriminatoire et tendancieuse et une immixtion irrégulière et évidente de l’Etat dans les affaires intérieures des partis politiques.
Camille Baki