Election d’un représentant des OSC à la CENI : Que du monde pour un poste !
Le vote du représentant des associations de défense des droits humains pour le compte de la CENI a eu lieu ce 29 juin 2021. Dès la matinée, les représentants d’OSC ont pris d’assaut le ministère des Affaires étrangères où devrait se dérouler le vote. Si certains étaient munis de leur mandat pour désigner le remplaçant du commissaire Daho Lanssina, en fin de mandat, d’autres ne pouvaient pas participer à cette élection car n’appartenant pas à des organisations de défense des droits de l’homme et de la bonne gouvernance dument reconnues. Une situation qui a donné du fil à retordre à la CRS et aux organisateurs du scrutin qui avaient du mal à contenir la foule.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est composée ainsi qu’il suit : cinq personnalités désignées par les partis et formations politiques de la majorité ; cinq personnalités désignées par les partis et formations politiques de l’opposition ; cinq personnalités représentant les organisations de la société civile à raison de : trois représentants des communautés religieuses; un représentant des autorités coutumières ; un représentant des associations de défense des droits humains. Pour les formalités de désignation ou de remplacement de ces personnalités, le ministre chargé des libertés publiques convoque les parties concernées.
Selon l’article 6. [Loi n° 019-2009/AN du 07 mai 2009 –Art. 1.], les membres de la CENI sont nommés pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois, par un décret pris en Conseil des ministres. En cas de vacance, il est procédé au remplacement du membre concerné dans les conditions édictées à l’article 5 pour le reste du mandat.
Les différentes associations œuvrant dans le domaine des droits humains et de la gouvernance politique ont donc été invitées à pourvoir au remplacement de Daho en fin de mandat. C’est à cet effet que les différentes associations nationales ont envoyé leurs représentants pour élire son remplaçant. Voilà qui explique la foule inhabituelle dans les locaux du ministère des Affaires étrangères ce 29 juin. La compagnie républicaine de sécurité a été appelée afin de venir en aide aux agents du ministère qui étaient chargés de réceptionner les dossiers de candidature. A notre arrivée sur les lieux, impossible de se frayer un passage pour accéder à la cour du ministère. Le portail était bien gardé par les forces de l’ordre qui tentaient de faire respecter le rang des nombreux candidats.
De l’avis d’un des responsables du ministère des Affaires étrangères, lui et ses collaborateurs se sont retrouvés envahis par des candidats qui ont mobilisé d’autres personnes afin qu’elles prennent part à l’élection, cela pose problème. « Nous sommes en train de vérifier pièce par pièce. Certains sont présents depuis ce matin. Le processus est lancé mais avec cette foule nombreuse on ne peut pas laisser tout le monde entrer. On a dû stopper pour vérifier les mandats et les récépissés. Si tu es une association qui travaille dans le secteur privé tu ne peux pas être membre de la CENI. Il faut aller à la Chambre de Commerce. On entend certains dire qu’une association est une association. Mais sont recevables pour cette élection les candidats des associations qui travaillent dans le domaine des droits humains et de la gouvernance politique », a-t-il conclu, tout préoccupé.
Selon le représentant du réseau des mouvements du Burkina Faso, Sidiki Dermé le ministère pouvait mieux organiser le vote en répertoriant la liste des associations éligibles. « Il faut même des gens aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du ministère pour orienter les représentants des associations. Le commissaire Lanssina Daho est en fin de mandat et nous sommes venus soutenir celui qui va le remplacer. Notre candidat Abdoul Tassembédo est opposé à Naon Siriki », a-t-il dit, expliquant qu’il est venu voter pour le changement.
Toujours selon M. Dermé, la question de recevabilité n’est pas respectée. « En dix ans de mandat, certains commissaires n’ont jamais rendu compte. La personne qui va dorénavant nous représenter, on doit pouvoir lui demander des comptes et même l’interpeller », a-t-il conclu.
Vu le grand bazar qui régnait sur les lieux, nous ne sommes pas restés jusqu’à l’élection proprement dite où on n’était pas le bienvenu. Ce fut donc une demi-surprise quand, tard en fin de soirée, un membre du camp de Siriki Nahon nous a expliqué au téléphone que lui et ses partisans ont quitté la salle parce que le mécanisme du vote mis en place par le ministère des Affaires étrangères ne leur satisfaisait pas. « Le président du présidium n’a pas signé le procès-verbal et est parti mais l’autre camp revendique déjà la victoire. Nous attendons la réaction de l’autorité », nous a confié notre source.
W. Harold Alex Kaboré
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