Terrorisme à l’Est : « La Tapoa ne sera pas Kidal », promet Marcel Ouoba
La province de la Tapoa à l’Est du Burkina est-elle en passe de devenir le Kidal du Nord Mali, assiégé par des terroristes ? Oui, estime un groupe de ses ressortissants qui ont tenu ce 22 octobre 2021 à Ouagadougou une conférence de presse sur la crise sécuritaire qui prévaut dans la zone. Cette conférence a été l’occasion pour ce regroupement anonyme de lancer un appel à une mobilisation générale contre les groupes armés terroristes qui sévissent dans la province. Marcel Ouoba, porte-parole du mouvement, croit que cette mobilisation permettra d’en finir avec les forces du Mal et qu’ainsi la Tapoa ne sera pas Kidal.
A Ouagadougou, à plus de 300 kilomètres de leur province d’origine, des ressortissants de la Tapoa ont lancé un appel. Adressé à toutes les filles et fils de la localité, cet appel est celui d’une mobilisation générale pour sauver cette partie du Burkina qui serait en passe d’être, sinon déjà, sous le contrôle des groupes armés terroristes.
Pour le porte-parole des initiateurs de cet appel à la mobilisation, Marcel Ouoba, la situation sécuritaire qui prévaut dans cette province, la deuxième la plus vaste du Burkina, le commande : « L’Etat a rompu son contrat avec la population de la Tapoa. Depuis le lundi 17 Octobre 2021, toutes les écoles de la province sont fermées. L’administration qui était quasi inexistante dans plusieurs communes est entrain de vouloir rejoindre Fada mais impossible car les terroristes sont devenus maîtres des lieux et contrôlent toutes les entrées et les sorties à la recherche des forces de défense et de sécurité, de fonctionnaires, d’élèves et de plusieurs leaders de communautés. Alors que nos animons cette conférence de presse, nous ne savons pas combien de personnes vont être chassées de chez elles, battues, pour n’être pas comme les fous les Dieu, traumatisées pour n’être pas des leurs, ou encore mourir égorgées comme la scène que nous avons vue il y’a une semaine dans le village de Nassougou. »
Poursuivant la description du tableau sécuritaire de la province, Marcel Ouoba a estimé que la Tapoa est tout « sombre » car devenue « le nid des terroristes ».Celui qui est journaliste de profession a justifié son amertume en ces termes : « Les institutions financières ont plié bagages. Les marchés sont fermés. Aucun maire ne peut encore se rendre tranquillement dans sa commune. Le développement est à l’arrêt. Les transporteurs des personnes ont arrêté le trafic pour raison d’insécurité. Plus possible de rentrer chez soi ».
Si aujourd’hui un appel à la mobilisation est lancé, c’est parce que, toujours selon Marcel Ouoba, le secours attendu n’est jamais arrivé. « Nous avons été résilients. Nous avons accepté l’Etat d’urgence, nous avons accepté dormir à 19h, nous avons accepté les bastonnades de nos militaires et aussi les fouilles de nos chambres à coucher. Nous espérions qu’en faisant ainsi, les choses allaient changer. Malheureusement, les villages ont été successivement occupés par les terroristes au vu et au su de tous. Rien qu’hier, (Ndlr : 21 octobre) des enseignants tentant de rejoindre Fada à moto ont été arrêté et leurs téléphones et d’autres biens confisqués », a-t-il expliqué.
Et maintenant, le moment est venu de s’engager pour la guerre. Non pas derrière mais en première ligne du combat, a souligné le porte voix du mouvement de résistance qui se garde de s’attribuer un nom. Les « nouveaux soldats engagés pour la Tapoa », c’est ainsi qu’on pourrait appeler les initiateurs de cet appel à la mobilisation, qui disent avoir tout de même besoin d’une « réactivité de l’Etat », notamment une force de frappe de l’armée, des secours humanitaires pour les populations restés sur place ainsi que la réouverture des écoles et le retour de l’administration.
Déterminés comme ils le disent, les ‘’soldats engagés‘’ promettent combattre l’ennemi jusqu’à ses derniers retranchements. « Toutes les personnes qui sont impliquées dans le terrorisme seront dénichées, ils n’auront pas la chance d’être emmenées dans une prison de haute sécurité, nous allons régler nos problèmes à notre manière », a déclaré le porte-parole.
Mais avec quels moyens s’organisera cette résistance ? « Nous allons utiliser toutes les forces en notre possession », a tout simplement affirmé Marcel Ouoba, indiquant qu’il n’est pas opportun de dévoiler les stratégies et assurant que des actions sont déjà menées sur le terrain du combat.
Lire aussi: Est du Burkina Faso : « Madjoari disparaitra de la carte si tel est le souhait de nos autorités » |
Si l’appel de Ouagdougou résonne jusqu’aux confins de la province dite profonde, « La Tapoa ne sera pas Kidal, ni la Libye », a promis le porte-parole des conférenciers, convaincu que la mobilisation en cours viendra à bout du terrorisme dans la province.
Bernard Kaboré