Defense & Sécurité

Crise sécuritaire : « Aujourd’hui, l’Etat ne contrôle plus rien dans la Tapoa »

Ce 22 octobre 2021, des ressortissants de la province de la Tapoa, région Est du Burkina, ont tenu une conférence de presse à Ouagadougou au sujet de la situation sécuritaire dans cette province. Les conférenciers ont lancé un appel à une mobilisation générale qui permettrait de venir à bout du  terrorisme dans cette province, la plus vaste du Burkina. Vu l’importance de la déclaration liminaire lue à cette conférence de presse, nous vous la proposons en intégralité.

Chers amis de la presse, Chers journalistes,

La conférence d’aujourd’hui sera la plus brève possible. L’Etat a rompu son contrat avec la population de la Tapoa. Depuis le lundi 17 Octobre 2021, toutes les écoles de la province de la Tapoa sont fermées. L’administration qui était quasi inexistante dans plusieurs communes est aujourd’hui entrain de vouloir rejoindre Fada mais impossible car les terroristes sont devenus maîtres des lieux et contrôlent toutes les entrées et les sorties à la recherche des forces de défense et de sécurité, de fonctionnaires, d’élèves et de plusieurs leaders de communautés.

Alors que nos animons cette conférence de presse, nous ne savons pas combien de personnes vont être chassées de chez elles, battues pour n’être pas comme les fous les Dieu, traumatisées pour n’être pas des leurs, ou encore mourir égorgées comme la scène que nous avons vue il y’a une semaine dans le village de Nassougou.

Chers amis,

Nos cœurs sont meurtris et nous ne pouvons que passer par vous pour exprimer ce que nous ressentons. Loin de revenir sur la genèse des évènements dans la région, nous voulons faire une halte pour vous expliquer ce qui se passe chez nous, la province de la Tapoa, communément appelé la Tapoa Profonde.

La Tapoa profonde est la deuxième plus grande commune du pays. Belle de ses falaises, et des ses richesses minières, fauniques et floriques, aujourd’hui la Tapoa est devenue sombre. Sombre car étant devenue le nid des terroristes. Les institutions financières ont plié bagages. Les marchés sont fermés. Aucun maire ne peut encore se rendre tranquillement dans sa commune. Le développement est à l’arrêt. Les transporteurs des personnes ont arrêté le trafic pour raison d’insécurité. Plus possible de rentrer chez soi. Toute une province de plus de 14 572 Km2 est entre les mains de forces du mal.

Malgré les alertes des leaders de la localité, le secours tant attendu n’est jamais arrivé. Nous avons été résilients. Nous avons accepté l’Etat d’urgence, nous avons accepté dormir à 19h, nous avons accepté les bastonnades de nos militaires et aussi les fouilles de nos chambres à coucher. Nous espérions qu’en faisant ainsi, les choses allaient changer. Malheureusement, les villages ont été successivement occupés par les terroristes au vu et au su de tous. Aujourd’hui, l’Etat ne contrôle plus rien dans la province. Rien qu’hier, des enseignants tentant de rejoindre Fada à moto ont été arrêté et leurs téléphones et d’autres biens confisqués. Aujourd’hui, nous, jeunes de la province de la Tapoa, sommes engagés dans cette guerre qui nous est imposée.

Chers amis de la presse,

Oui, Aujourd’hui nous nous engageons dans cette guerre. Cette fois-ci non pas derrière les forces de défenses et de sécurité, mais devant les FDS. Oui, nous faisons nôtre cette guerre. Et pour s’y faire, on a plus besoin de la réactivité de l’Etat. On a besoin de la force de frappe de nos militaires. On a besoin de secours humanitaires pour les populations restés sur place. Que nos écoles rouvrent et que l’Etat réoccupe les locaux de l’administration. Oui ce qu’on attend de l’Etat, c’est le COMBAT, Oui le COMBAT, On doit se battre, se battre au péril de nos vies pour que les générations futures profitent aussi de l’héritage que nous ont cédés nos aïeux. La Tapoa ne sera pas Kidal, ni la Lybie. Nous sommes plus que déterminés et nous invitons toutes la population, les FDS, les jeunes comme les femmes et les vieux au combat. Oui nous devons affronter avec nos armes et nos compétences ces fous de Dieu.

Oui, appelez-nous désormais les nouveaux SOLDATS ENGAGES pour la TAPOA. Que les forces du mal se préparent. Nous sommes déjà sur le terrain. Nous allons les combattre jusqu’à leurs derniers retranchements.

Nous lançons aujourd’hui cet appel à toutes les personnes qui ont à cœur cette belle province la Tapoa, à soutenir la lutte. Dernières nos élus, derrières nos leaders, derrières toutes les initiatives de défense de la Tapoa, paysans, commerçants, agriculteurs, éleveurs, fonctionnaires, toutes les forces vives de la province de la TAPOA, nous lançons cet appel : « LA TAPOA A BESOIN DE NOUS. ELLE CRIE AU SECOURS. ELLE PLEURE, SE LARMOIE, SAIGNE, SE BAT. ELLE N’ATTEND QUE TON SOUTIEN POUR SE RELEVER.  ALORS ENSEMBLE, ENGAGEONS-NOUS, MOBILISONS, NOUS ALLONS AU COMBAT ET LIBERONS NOTRE PROVINCE. »

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