Promotion tactique de la terre brulée : « Comment Abdoulaye Mossé peut-il sortir de telles inepties ? », CISC
Des membres du bureau exécutif du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) ont animé une conférence de presse ce 23 décembre 2021 au Centre de presse Norbert Zongo. Au menu des échanges, la situation sécuritaire nationale et le programme des activités commémoratives du 3e anniversaire du massacre de Yirgou. S”assigant de la réponse militaire apportée à la crise sécuritaire, le CISC s’est offusqué de la tactique de la terre brulée prônée par le vice-président de l’Assemblée, Abdoulaye Mossé.
De l’avis des animateurs de la conférence de presse, la situation sécuritaire au Burkina Faso s’est dégradée au fil des ans depuis 2016. Selon le secrétaire général du CISC, Daouda Diallo, seul le premier trimestre de l’année 2021 a été relativement calme. En effet, nous assistons avec inquiétude à une escalade de la violence sans précédent. « Des massacres de populations civiles, des attaques contre les positions des FDS et des symboles de l’Etat se sont multipliées faisant des centaines de morts. On dénombre plus de 1 500 000 déplacés internes, la fermeture de près de 3000 écoles (soit 10% des écoles), ¼ des enfants n’ont plus accès à l’école au niveau nationale et des pertes du contrôle de l’autorité de l’Etat de portions importantes du territoire national. », a-t-il énuméré.
Le responsable de la commission santé et humanitaire du collectif, Boureima Barry, estime que l’Etat a failli à deux niveaux : la première erreur commise par les autorités a été la création des koglwéogos, ensuite leur parrainage politique ayant favorisé l’impunité dans le dossier Yirgou et autres cas similaires où ils sont accusés de commettre des exactions contre certaines communautés. La seconde erreur a été de transvaser ces mêmes koglwéogos « de moralité douteuse » ou colporteurs de violence dans les rangs des VDP après l’adoption de la loi relative à la création des VDP. A cela, il faut ajouter la stigmatisation communautaire qui a déstructuré le tissu social et multiplié les conflits intercommunautaires.
En plus de tout ce qui a été cité plus haut, le CISC a dénoncé les exécutions sommaires et extra-judiciaires qui ont davantage fragilisé selon eux la collaboration populations-FDS et surtout contribué à renforcer les effectifs des groupes terroristes qui se présentent comme des sauveurs de ces populations ‘’abandonnées’’ par la république. « La stratégie de la neutralisation systématique des suspects a été contre-productive. Malgré les communiqués sur la neutralisation de dizaine de terroristes neutralisés, le Burkina n’a pas réussi à récupérer des portions de territoires », a confié le conférencier Daouda Diallo.
Au nombre des attaques terroristes gravées dans les mémoires a en croire le CISCC, on peut citer entre autres : Solhan avec plus de 130 morts, Kodiel et sa trentaine de morts, Inata avec au moins 58 morts, l’attaque du convoi sur l’axe Dori-Arbinda le 18 Août avec une cinquantaine de morts…
Programme des activités commémoratives du 3e triste anniversaire du massacre de yirgou : Un panel sur le thème « Quels liens entre les violations des droits humains et la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso», le 08 janvier 2022, au CBC ; une journée des communautés à Boussouma en mi-janvier 2022 et une sortie pour assistance aux déplacés internes dès début janvier 2022.
Recommandions du CISC
L’organisation attire l’attention de l’Etat burkinabè sur l’urgence de faire toute la lumière sur le massacre d’Inata, en sanctionnant tous les acteurs ayant livrés nos braves soldats à la faim, à la soif et à l’ennemi. Il faut auditer la gestion de la commande publique du ministère de la défense afin de mieux assainir le milieu et mieux équiper nos FDS avec du matériel de qualité.
– Appelle le gouvernement burkinabè et ses amis et partenaires à prendre la mesure de la colère qui gronde au sein de la population et à réorienter sa réponse à la crise plutôt que de céder à la facilité du tout-militaire qui a failli.
-Invite les FDS et les forces partenaires, à faire preuve d’une plus grande transparence et de redevabilité dans la conduite de leurs opérations militaires afin de restaurer la confiance avec les civils au lieu de continuer à commettre des exactions extrajudiciaires comme les cas récents de tueries de Djigoué le 23 novembre, au sud-ouest, du Burkina.
-invite l’Etat Burkinabè à mettre en avant la transparence à travers une procédure régulière, la bonne moralité, quand il s’agit de recruter des auxiliaires de défense qu’il faudra enrôler dans l’armée car des civils armés ne saurait remplacer une armée régulière.
-Interpelle l’Etat burkinabè à lutter efficacement contre l’injustice et l’impunité car les exactions, largement documentées, attribuées à certains éléments des forces de défense et de sécurité continuent de bénéficier d’une impunité quasi-totale, ce qui ne fait qu’alimenter le cycle de violence, ouvrant la voie à toutes les dérives possibles, mais également favorise le recrutement des groupes armés terroristes qui usent de perfidies diverses pour des raisons qui leur sont propres.
-recommande des assises communales inclusives de toutes les communautés au niveau national pour discuter de toutes situations conflictogènes liées à la cohésion nationale. …..
-invite le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations concrètes du rapport de la Coalition citoyenne pour le Sahel pour une réponse centrée sur les besoins des populations, rapport « Sahel : ce qui doit changer », publié en avril 2021. Plus que jamais, il est impératif de mettre en œuvre une stratégie fondée sur les quatre « piliers citoyens », qui priorise la protection des civils, apporte des réponses politiques aux causes profondes de la crise, notamment en matière de gouvernance, répondre à l’urgence humanitaire et lutter efficacement contre l’impunité.
W. Harold Alex Kaboré