Situation sécuritaire : « Il ne faut pas fermer la porte aux pourparlers… », Newton Ahmed Barry
Dans une tribune intitulée « quand le désarroi devient compagnon ! », l’ancien président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), Newton Ahmed Barry, se prononce une fois de plus sur la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays. Pour lui, l’obsession de retrouver la paix perdue, dans le désarroi actuel, pourrait accélérer la résignation à la négociation. Et si le journaliste estime qu’il ne faut pas fermer la porte aux pourparlers, il est aussi d’avis qu’il faut refuser d’y aller sur une civière. Lisez plutôt.
Quand le désarroi devient compagnon !
Les mauvaises nouvelles se succèdent. Le sentiment d’impuissance gagne nos rangs. Ce n’est pas simple à dire, mais c’est le cycle normal des épreuves de ce type. C’est en ce moment qu’il faut se souvenir de la maxime de Thomas Sankara : « là où s’abat le découragement s’élève la victoire des persévérants ».
Pour que cela soit, il faut impérativement que nous nous convainquions plus que jamais que notre destin est entre nos mains.
Dans ces moments difficiles, « dans cette relative opacité » dirait Frantz Fanon, il nous appartient d’identifier clairement notre mission, de l’accomplir ou de la trahir.
C’est en ce moment aussi qu’émergent les destins exceptionnels. Ceux qui ont la capacité d’entraîner avec eux les peuples pour déplacer des montagnes, fendre les rivières pour aller à la terre promise.
Pour cela, il ne faut pas que des incantations et des exhortations, mais imaginer et mettre en place des cadres et des instruments qui galvanisent et canalisent la force incommensurable du peuple. Sankara aurait-il eu les résultats et l’impact qu’il a eu, si les CDR n’avaient pas été imaginés et si les slogans et les encadrements idéologiques n’avaient pas été adroitement forgés pour doper l’orgueil du peuple.
Les guerres restent des moments exceptionnels dans la vie des peuples, elles façonnent et révèlent les identités et les personnalités propres des peuples. Nous en sommes à ces tournants. C’est l’heure des grands hommes d’Etat et des grands généraux. Ceux qui ont le don d’entraîner les autres. Car c’est de ça qu’il s’agit. Entraîner le peuple, car lorsque le peuple est debout, rien ne lui résiste.
Le Premier ministre Éthiopien vient d’en administrer la preuve. Bien sûr la guerre n’est pas terminée en Éthiopie, la méthode du Premier ministre n’échappe pas à la critique mais en attendant une situation qui semblait irrémédiablement perdu, au point que les puissances occidentales exhortent leurs ressortissants à quitter, est renversée. Ce sont les éthiopiens qui avancent qui reconquièrent des villes et qui font des prisonniers
Voilà le challenge qui nous attend !
Dans le désarroi actuel, l’obsession de retrouver la paix perdue, pourrait accélérer la résignation à la négociation. Sauf que dans la posture actuelle, alors que nous sommes sur les rotules, le risque très probable c’est de négocier aux conditions de ceux qui nous tenaillent. C’est à dire que notre État se résout à valider les diktats qui prévalent dans les parties du territoire déjà administré par les terroristes. Ce type de concorda ajoute le déshonneur à l’humiliation de la défaite. Or qu’on nous tue, c’est possible. Mais pour rien au monde on devrait être déshonoré. La mort est préférable au déshonneur.
Il ne faut pas fermer la porte aux pourparlers, évidemment. Il faut refuser d’y aller sur une civière.
Nous avons le peuple, le grand peuple du Burkina. C’est notre assurance victoire. Sachons lui trouver la prime qui décuple ses pouvoirs exceptionnels. Ici aussi, il faut ne pas succomber à la tentation de penser qu’on peut sous-traiter et rester tranquillos dans nos conforts. Il n’y a pas d’avenir dans un pays qui n’en a plus un. Les experts ne gagnent pas les guerres.
Na an laara an sara !
Choisissons la dignité de mourir debout ! Même s’il ne devrait en survivre qu’un, qu’il soit fier de notre sacrifice !
Newton Ahmed Barry
