Coup d’Etat au Burkina : le soutien populaire des Ouagalais à l’armée
Aux premières heures du mardi 25 janvier, au lendemain du Coup d’Etat, des Ouagalais se sont fortement mobilisés à la place de la Nation. Objectifs : féliciter la grande muette pour avoir « libéré le Burkina des mains du régime Kaboré», exprimer leur soutien au nouveau pouvoir en place sous la direction du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) mais aussi inviter la CEDEAO et la communauté internationale dans son entièreté à accompagner le MPSR car, diront les manifestants, « les militaires n’ont fait que donner suite à l’appel et à la volonté du peuple burkinabè ».
Klaxons d’engins à deux roues, sifflets à n’en point finir, son de vuvuzelas, applaudissements… étaient au rendez-vous ce matin à la Place de la nation. Drapeau Burkinabè brandit en l’air, les manifestants scandaient : « On est libéré », « la patrie ou la mort, nous vaincrons », « un vent nouveau souffle au Burkina ». La raison de cette mobilisation des Ouagalais en ces lieux, c’est la prise du pouvoir par l’armée ; une situation visiblement appréciée par les manifestants, contrairement à 2015 où les Burkinabè ont marché pour protester contre le coup d’Etat perpétré par le général Gilbert Dienderé . Pendant une trentaine de minutes environ, hommes, femmes et enfants ont exprimé leur réjouissance. Vient alors le temps des discours. Sur le podium de fortune dressé pour la circonstance, Abdoul Karim Bagayan dit Lota, ancien membre du bureau exécutif des jeunes du CDP et Mohamed Auguste Koumsongo du mouvement Sauvons le Burkina, tiennent le crachoir.
Tour à tour, ils saluent l’initiative des militaires qui, d’après eux, n’ont fait que répondre à l’appel des populations en prenant « leurs responsabilités ». Ils ont aussi invité les uns et les autres à continuer à soutenir les bérets rouge afin que notre pays recouvre sa tranquillité d’antan et éradique le terrorisme. Dans cet élan de reconnaissance à l’armée, plusieurs structures étaient de la partie. Il s’agit en l’occurrence du Mouvement pour la refondation du Burkina, le Mouvement populaire du 3 juillet(MP3), constitué de militaires et policiers radiés et bien d’autres organisations.
La sécurité comme revendication commune des manifestants
La sécurité, encore la sécurité est toujours la sécurité. C’est le mot phare qui résonnait et se lisait sur les lèvres des manifestants présents à la place de la nation. En effet, il n’a pas été seulement question pour les Burkinabè de féliciter ou affirmer leur engagement aux côtés des soldats pour la réussite de leurs missions. Des messages, ces manifestants en avaient à livrer à l’intention du MPSR, a relevé François Béogo, premier responsable du mouvement pour la refondation du Burkina. Pour lui, l’armée aura le soutien indéfectible de la population si elle oriente sa politique pour le bien commun.
C’est le même son de cloche entendu chez Amadé Ouédraogo, victime de l’insurrection populaire de 2014 et du putsch manqué de 2015. D’après lui, la prise du pouvoir par la grande muette est un signal fort pour notre pays mais aussi pour l’Afrique de l’Ouest. Les choses sont arrivées du fait de « l’incapacité de l’ancien président, Roch Kaboré » d’assurer la sécurité de ses concitoyens, selon lui. Conséquence, les Burkinabè sont arrivé à un niveau où à son avis, la question principale est quand la mort va frapper du fait du terrorisme. Par conséquent il invite la CEDEAO et la communauté internationale à apporter son appui au nouveau régime car « les choses se sont passées sans bain de sang », a fait savoir l’insurgé. Et de conclure qu’on ne saurait parler de Coup d’Etat au Burkina mais plutôt « d’une récupération du pouvoir des mains d’une personne incapable de gérer les affaires étatiques ».
En tant que chargé de communication des soldats radiés en 2011, Francis Kounané pense que la réussite du nouveau régime repose sur la nécessité de faire revenir les exilés politiques et sa capacité à reconquérir aux terroristes, les parties du territoire national qu’ils occupent.
Roukiétou Soma