Situation nationale: les partis politiques partagés entre condamnation et soutien au coup d’Etat
Contrairement à certains partis politiques qui se veulent prudents depuis l’annonce le mardi 24 janvier de la prise du pouvoir par le mouvement patriotique pour la sauvegarde et la refondation (MPSR), en déclarant prendre acte de la nouvelle situation, comme Agir ensemble de Boubacar Diallo, d’autres par contre, tels que l’’APR-TILIGRE, le Mouvement SENS, le PAREN, le PDS et le PUR condamnent l’arrivée des militaires au pouvoir.
Nous vous proposons l’intégralité de leurs déclarations .
DECLARATION SUR LA PRISE DU POUVOIR PAR LE MPSR
Le 24 janvier 2022, après pratiquement deux jours d’incertitudes marqués par des tirs d’armes de guerre dans de nombreuses casernes militaires de notre pays, des officiers, sous-officiers et hommes du rang de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ont annoncé avoir décidé, en communion avec toutes nos forces de défense et de sécurité de mettre fin au pouvoir de monsieur Roch Marc Christian KABORE. Le communiqué signé du Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo DAMIBA annonce la prise du pouvoir par le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), la suspension de la constitution, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée Nationale, etc.
Le Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina-Faso prend acte et au-delà, salue cette décision salvatrice qui est venue marquer un coup d’arrêt à la descente aux enfers de notre pays qui était en passe de disparaitre de la carte du monde et qui n’avait plus de nation que le nom depuis un certain temps.
En effet depuis l’accession au pouvoir de monsieur Roch Marc Christian KABORE, du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et de leurs alliés, nous avons assisté à une dégradation inexorable de la situation nationale en particulier celle sécuritaire de notre pays. De la première attaque du café Cappuccino en janvier 2015 à ce jour, plus de deux mille cinq cents (2 500) vies humaines ont été arrachées à notre affection, parmi lesquelles celles de plus de cinq cents (500) membres de nos FDS ; plus deux millions (2 000 000) de personnes déplacées internes forcées de quitter leurs terroirs laissant champs, bétails et vivre pour des camps de fortunes. Ce triste bilan, c’est aussi près de trois mille cinq cents (3 500) établissements scolaires fermés avec plus de cinq cents mille (500 000) enfants obligés d’abandonner l’école ; des centaines de centres de santé fermés, le tout sur plus des trois quarts (3/4) de notre territoire national sous insécurité endémique. Incapable d’apporter des réponses adéquates à la donne sécuritaire, monsieur Roch Marc Christian KABORE et son pouvoir se sont en outre illustrés très négativement dans une gestion catastrophique et irresponsable au plan économique et social au point de conduire notre pays au bord d’une implosion que tous les indicateurs annonçaient pour imminente.
En effet leur autisme face au besoin de réconciliation nationale et d’unité de notre peuple, la corruption et le détournement éhonté des biens publics, le favoritisme, le népotisme et la gabegie ont fait la lit d’une chienlit dont les manifestations les plus criardes sont une fracture sociale sans précédent, la perte de l’autorité de l’Etat et celle du patriotisme qui faisaient notre fierté. Assurément le Burkina Faso était au bord de la rupture.
Notre parti, le Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina-Faso, tout seul à travers ses nombreuses prises de parole et dans le concert des partis politiques de l’opposition, n’a eu de cesse d’interpeller avec insistance Roch Marc Christian KABORE a plus de responsabilité et d’engagement dans la recherche de solutions aux problèmes concrets de notre peuple. En lieu et place de cela, et pour leur permettre de continuer à jouir indument des avantages du pouvoir avec son clan, il s’est complu dans des mesures cosmétiques et inopérantes, des fausses promesses, un déni des réalités et une arrogance outrancière. Pour tenter de briser l’abnégation de notre peuple à ne pas se laisser enterrer, il n’a pas trouvé mieux, que de laisser son pouvoir se fasciser, comme aucun pouvoir ne l’a jamais été dans notre pays. Cette dérive autoritaire marquée par des interdictions intempestives de manifester, les répressions violentes de manifestations, des arrestations arbitraires, des coupures de l’internet mobile et des réseaux sociaux, les menaces physiques sur des personnes, les achats de conscience, … indiquait clairement à tous ceux qui connaissent notre peuple et son amour pour la liberté et sa dignité que le pouvoir KABORE était au bout du rouleau et n’en avait plus pour longtemps.
L’avènement du MPSR est tout naturellement la réponse logique et la meilleure de notre peuple à cette situation. Notre parti s’y associe pleinement et sans réserve aucune. Il se proclame disponible et disposé à apporter sa pierre dans la sauvegarde et la restauration qu’envisagent les nouvelles autorités dans le cadre d’un processus inclusif fondé sur les intérêts de notre peuple. Ainsi d’ores et déjà nous exhortons tous les acteurs à avoir prioritairement en vue nos réalités dramatiques et l’ampleur du travail à effectuer pour ramener notre pays sur de bons rails.
C’est pourquoi nous appelons avec insistance la communauté internationale, particulièrement l’Union Africaine, la CEDEAO et l’UEMOA à regarder la situation difficile dans laquelle le pays se trouve et à privilégier une démarche d’accompagnement pour nous l’aider à se restaurer. Nous y avons tous un intérêt évident !
Paix Solidarité Progrès
Ouagadougou, le 25 janvier 2022
Le Président du parti
Boubacar DIALLO
Déclaration sur la situation nationale
Depuis le 23 janvier 2022, la vie démocratique de notre pays connaît un trouble grave en raison de l’irruption de l’armée dans la conduite des affaires politiques. La crainte légitime des patriotes et démocrates s’est confirmée par l’annonce de la prise de pouvoir par un groupe de militaire disant agir au nom de l’ensemble des forces de défense et de sécurité.
En tant que démocrates convaincus, nous, partis et organisations politiques soussignés :
- Condamnons le coup d’état contre les institutions démocratiquement établies,
- Rappelons que le coup d’état est un moyen anticonstitutionnel de prise du pouvoir dont notre pays a une expérience douloureuse faite de crimes politiques non encore soldés,
- Restons convaincus que les problèmes politiques peuvent et doivent se résoudre en dehors des armes et de l’immixtion de l’armée dans la sphère politique,
- Espérons que ce coup d’Etat ne constitue pas une tentative de restauration du système compaore vomi par notre peuple en 2014
- Exigeons le respect de l’intégrité physique et de la dignité du Président du Faso, du Président de l’Assemblée nationale et des membres du gouvernement,
- Engageons la responsabilité de l’armée à assurer la sécurité des personnes et des biens dans ce contexte de terrorisme et de suspension de l’ordre constitutionnel.
- Appelons nos militants, sympathisants, les démocrates et tous les patriotes de notre pays à rester mobilisés pour la préservation et la pérennisation de nos acquis démocratiques et des idéaux de l’insurrection populaires des 30 et 31 octobre 2014,
- Restons engagés et déterminés à tout mettre en œuvre pour éviter un régime arbitraire dans notre pays,
- Dans cette perspective, appelons à la restauration rapide de l’ordre constitutionnel.
Fait à Ouagadougou le 24 janvier 2022.
Ont signé : l’APR-TILIGRE, le Mouvement SENS, le PAREN, le PDS et le PUR