Prestation des Etalons Can 21: “ça fait honte et ça fait pitié, ces injures à profusion et ces railleries”

Ceci est une tribune du journaliste sportif, Jérôme Kiendrebeogo de la télévision nationale, relative aux réactions des Burkinabè vis-à-vis de la prestation des Etalons à la Can 2021, notamment après leur échec face au Cameroun pour la 3e place. Il appelle les Burkinabè à la retenue et à la compassion.

LES INJURES DE LA HONTE !

Faut-il en rire ou en pleurer ? Dans tous les cas, ça fait honte et ça fait pitié, ces injures à profusion et ces railleries. Oui ! De quoi accuse-t-on Kamou Malo et les Etalons ?

Peut-être d’avoir craqué face aux Lions indomptables. Ce cauchemar, nous l’avons tous vécu, nous en avons souffert. Nous ne pensons quand-même pas avoir plus mal que les principaux acteurs ! Après le stade, le coach est resté dans sa chambre de samedi à lundi.

Il n’en est ressorti que pour aller à l’aéroport. Chacun pourra imaginer ce qu’il faisait entre 4 murs. On n’interdit personne de penser qu’il faisait la fête. Farid Ouédraogo est sorti sur civière, personne s’est demandé ce qu’il est devenu.

Quand on transportait Farid, un supporter Camerounais a crié : Koffi, on pense à toi ! Il n’a pas la feuille de match donc il ne sait pas que c’est un autre gardien.

Sans même connaitre ce pauvre Burkinabè, l’inconnu s’est permis d’exprimer haut et fort sa solidarité, sa compassion pour lui dans sa douleur au moment où ses propres frères Burkinabè sont en train de le cribler d’injures.

Si l’attitude du Camerounais s’appelle humanisme, comment appelle-t-on le comportement des frères Burkinabè ? Où avez-vous enterré votre identité ? Votre solidarité agissante, votre fierté, votre Burkindi ?

Vous avez choisi de ne pas compatir. C’est votre droit. Vous avez exprimé votre mécontentement, votre liberté vous en donne le droit. Blâmer ceux que vous avez adulés, félicités hier, ceux qui vous ont fait vivre des sensations que vous n’auriez pu vivre par aucun autre moyen, c’est votre choix.

Trainer dans la boue ceux qui ont eu le mérite de vous faire rêver mieux que les Super Eagles du Delta, mieux que les Éléphants de la savane Baoulé, mieux que les Fennecs du Tell septentrional, mieux les Black Stars Ashanti, mieux que les Aigles Carthaginois…

Bref. On peut légitimement regretter d’être tombé si proche du but. On peut alors fustiger la prestation collective, les comportements individuels, l’état d’esprit, etc. Et si la raison de la critique, c’est de construire, on finit par proposer des solutions.

Mais lorsque, pour toute contribution au développement du football burkinabè, on décoche des insanités sur ceux qui l’animent, vous êtes à des années-lumière de ceux-là même que vous traitez de tous les noms d’oiseaux en termes d’intelligence.

Avez-vous pensé un moment que ces enfants et ces hommes que vous insultez là ont de la famille qui vous lisent et qui ont doublement mal. Si seulement vous aviez la grandeur de pouvoir vous mettre dans la peau d’autrui !

Au regard de votre état d’esprit, si vous étiez des compétiteurs dans votre domaine, vous alliez nous couvrir de honte. Parce que non seulement vous craquez vite mais surtout vous n’avez aucun sens de la retenue, de la mesure, de l’humilité et du discernement.

Qui d’entre vous, “bouches fendues au mauvais endroit” ou du moins qui d’entre nous qui jasons là, a eu le mérite de poser un acte dans son domaine pour hisser le Burkina au 4e rang africain ?

Voici une situation où des voleurs, des menteurs, des criminels de tout acabit tirant le Faso vers le bas ont l’outrecuidance de venir insulter des défenseurs de la Patrie dont le seul péché est d’avoir craqué.

Hormis le sport en général et le football en particulier, dites-moi dans quel secteur d’activités on peut citer le Burkina dans le top 4 africain. On ne va pas se satisfaire d’être derrière les autres.

Et c’est justement dans cette insatisfaction là que chacun doit apporter sa pierre à la construction de l’édifice des victoires. Supporter, ce n’est pas seulement crier Etalons ya but, Etalons ya victoires, Etalons ya coupe et boire à se peter la gueule quand les choses vont bien.

Vous semblez alors oublié que vous prenez votre bonheur sur le fruit des nuits blanches et les sacrifices des autres. Supporter, c’est bien plus que cela.

En français facile, supporter quelqu’un, c’est l’aider surtout quand il est dans le dur, le pousser à atteindre un but. Et quand il ne l’atteint pas, supporter devient consoler, remonter et aider à se repositionner pour repartir à l’abordage, trouver les mots justes pour éviter l’abandon.

Si nous ne sommes pas capables de gérer nos échecs, d’en tirer les leçons, soyons sûr d’une chose, nous n’allons jamais goûter au bonheur de célébrer un titre.

En attendant, BRAVO

au Peuple Burkinabè qui, dans la douleur, a permis à son équipe de participer à la compétition depuis les éliminatoires,

au ministère des sports d’avoir conduit la volonté du Peuple,

à la Fédération burkinabè de Football pour le travail d’organisation et de canalisation des compétences,

à l’encadrement et aux Etalons pour cette honorable 4e place et surtout la promesse de lendemains meilleurs.”

Etalons un jour, Etalons toujours !

Jérôme_Tiendrebeogo

journaliste de la RTB/Télé