Tribune

Critiques contre le MPSR: « j’éprouve de la pitié pour nous mêmes citoyens », Lookmann Sawadogo

Dans une publication via son compte Facebook, le journaliste Lookmann Sawadogo livre une analyse de la situation nationale. Alors que le Burkina continue d’enregistrer des attaques terroristes après le départ de Roch Kaboré, a l’éditorialiste s’interroge sur les critiques défavorables envers les nouvelles autorités tout en estimant que « ce n’est pas en quelques semaines qu’une guerre à l’état de métastases peut se résoudre ».

Lookmann Sawadogo

Prime à l’indécence!

Le MPSR  est subitement à abattre. Des gens sincères et honnêtes réclament des actions d’éclat contre l’impunité et la corruption. Ce qui est normal. Aux militaires d’écouter et d’apprécier. Contrairement à d’autres qui trouvent l’occasion de faire de la nuisance. Le problème est qu’il faudrait qu’on sache ce qu’on veut réellement dans et pour notre pays.

On a crié haro sur le CDP qui est tombé il y a 7 ans. On a encore crié haro sur la Transition qui a trébuché puis le MPP est arrivé. On l’a aussi conspué et il a été mis par terre. A peine les militaires sont arrivés qu’on s’est encore mis dans la manœuvre. Quel est finalement ce démon qu’on poursuit ou qui nous poursuit ?

Je n’ai pas pour habitude de charger ou d’accabler des péchés de la terre des gens. J’estime qu’il y aura toujours des fautifs. Il nous faudrait œuvrer à laisser moins de place aux mauvaises personnes et à en donner plus aux meilleures. Cependant, le président Roch et son régime sont grandement responsables de la situation de chaos sécuritaire du pays. Parce que c’est leur bilan de gestion qu’on a sous les yeux et dont les données cartographiques et statistiques sont là. Deux millions de déplacées, des centaines de milliers d’écoles fermées, de vastes territoires du pays occupés avec communes et villages.

Les militaires ont pris le pouvoir pour cette raison et pour pouvoir gérer eux-mêmes le problème. Mais disons-nous la vérité, sauf s’ils ont une baguette magique, ce n’est pas en quelques semaines qu’une telle guerre à l’état de métastases peut se résoudre. Nous devons faire preuve de raison. Même si on n’aime pas l’autre ça n’empêche pas de savoir discerner les choses en face de soi. Question d’honnêteté intellectuelle et de morale.

Personne, sauf ceux qui ne s’intéressaient pas au problèmes du pays, n’ignorait l’état de désorganisation au sein des FDS, leur manque de cohésion ainsi que la crise de confiance entre les armées et le pouvoir qui grippait tout le système de sécurité défense de notre pays.

C’est étonnant que nous Burkinabé n’ayons pas pris conscience de notre responsabilité jusqu’aujourd’hui. On se met à accabler des militaires de ne pas donner des résultats sur le terrain sécuritaire moins de trois semaines au pouvoir. Pour des ruines de six (6) années. Je n’excuse en rien les militaires mais j’éprouve de la pitié pour nous mêmes citoyens. Devant notre façon d’être de nous comporter et d’agir dans un contexte qui demande plutôt l’intelligence collective, de la grandeur et de la solidarité entre nous pour l’intérêt national. On se croirait dans l’histoire de la tour de Babel. Il est injuste de devoir faire porter aux seuls militaires la responsabilité et le poids de l’ouvrage qui consiste à conduire le pays vers les beaux jours. On y voit même certains qui poussent l’indécence à son comble. Des personnes qui ont contribué par leurs actes à ce que nous soyons dans ce merdier qui s’érigent subitement en donneur de leçons et en contempteurs de ceux qui ont pris leur responsabilité en dépit de tout pour aider le peuple à éviter le péril total. Je suis favorable comme d’autres pour que des audits très rapidement soient effectués dans l’administration, les institutions et les sociétés.

Il n’y a pas qu’une guerre que le MPSR doit mener. Il y a en deux: la guerre contre le terrorisme et la guerre contre les faussaires de la république et les auteurs des malversations, du vol et des pillages financiers. Je suggère au MPSR de créer une commission où les citoyens pourraient aller dénoncer les criminels économiques avec la possibilité de gagner des contreparties financières sous forme de rançon en cas de véracité.

Lookmann SAWADOGO

Journaliste éditorialiste

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