Transition au Burkina: “Si le MPSR réussit à réduire significativement l’étau terroriste, il aura pleinement réussit sa mission”, Newton A. Barry
A l’heure où le Burkina, amorce sa phase de transition, les Burkinabè (intellectuels, politiques, et citoyens lambda) donnent leur analyse de ce que doit être ce processus. C’est le cas de l’ancien président de la CENI, Newton A. Barry. Pour lui, un régime de transition n’a pas la légitimité nécessaire pour entreprendre des réformes démocratiques profondes. Dès lors, si le MPSR réussit à réduire significativement l’étau terroriste sur le pays au point que l’autorité de l’Etat puisse à nouveau convenablement s’exercer, il aura pleinement d’après lui, réussi sa mission. Nous vous proposons l’extrait de sa réflexion ci dessous.
Que peut un pouvoir de transition ?
En ces temps difficiles et dans un contexte où le mercado du ventre rend méchant sourd et aveugle, la survie du pays demande d’avoir des nerfs d’acier à tous ceux qui n’ont de boussole que l’intérêt supérieur de ce pays. Il faut oser aborder les sujets importants sans passion, mais avec détermination, clarté et esprit de suite.
C’est quoi une transition politique ?
– La première des choses, c’est qu’elle ne peut pas tout faire. Elle doit se fixer au maximum trois objectifs majeurs à atteindre. Si, elle s’en fixe au-delà, elle va échouer. Dans notre cas, si le MPSR réussit à réduire significativement l’étau terroriste sur le pays au point que l’autorité de l’Etat puisse à nouveau convenablement s’exercer, il aura pleinement réussi sa mission. S’il veut se lancer dans la refondation des institutions, il échouera. Car ces membres ne s’y sont pas préparés. Si Sankara a réussi ce qu’il a fait. C’est parce que il y a réfléchi bien avant avec un groupe d’hommes et de femmes. Quand Sankara est arrivé au pouvoir, il avait une feuille de route claire: la base sociale et les alliances nécessaires à la conduite de la transformation. Il n’avait pas non plus un pays sur le point de s’effondrer. Personne ne se souvient qu’il a demandé qu’on lui désigne 3 cadres intègres par Ministère avec lesquels il va construire son projet politique.
– la transition, c’est aussi la durée. Elle est, la plus courte possible. Maximum 2 ans. Toute transition qui dure au-delà s’institutionnalise et dévie de ses objectifs initiaux. Dans le cas d’un régime militaire, comme c’est le cas avec le MPSR, il bascule inévitablement dans l’autocratie ( le meilleur des cas ) et dans l’absolutisme dictatorial ( dans le pire des cas ). L’expérience a montré que la probabilité que survienne le deuxième cas de figure est plus important. Les militaires par essence ont du mal avec la contestation. Ils considèrent tous ceux qui contestent comme des « obstacles à traiter ».
La dérive arrive d’autant plus vite qu’il ne manquera jamais de larbins civils pour leur cirer la planche ( lire Norbert Zongo sur les 5 vies du putsch militaire).
– Enfin, un régime de transition n’a pas la légitimité nécessaire pour entreprendre des réformes démocratiques profondes. Certains citent DeGaulle en France. Ils oublient de dire que DeGaulle n’a pas fait de Coup d’Etat militaire. Il ne s’est pas imposé par la force des armes. À chaque fois qu’il a voulu réformer les institutions françaises il a recouru à la constitution. En 1958, par référendum il institue la Ve République avec le régime politique qui gouverne encore la France. En 1972, quand il est désavoué à l’issue d’un référendum il quitte immédiatement le pouvoir.
Si Damiba est porteur d’une refondation des institutions politiques Burkinabé, il gagnerait, après avoir réduit le terrorisme, à les expliciter dans une constitution que le peuple burkinabé adopterait. Il se fait ensuite élire avec les pleins pouvoirs pour les réaliser. Ceux qui l’incitent actuellement et prestement à refonder la politique le poussent au suicide. Ils seront ses farouches bourreaux, après avoir été ses zélés laudateurs. C’est dommage que l’histoire, même sous nos yeux n’enseigne pas ceux en situation de pouvoir. Voyez sous vos yeux. Ceux qui hier seulement chantaient les louanges de Roch, sont aujourd’hui ceux qui le descendent en flammes.
Pour terminer. La sortie de Damiba sur le terrain à Ouahigouya est à saluer. On attend d’un grand stratège militaire comme lui, un véritable plan structuré de guerre non pas seulement pour faire une orgie de sang aux terroristes, mais restaurer le pays et ramener le vivre ensemble.
Personne ne cherche à avoir raison sur lui. Il peut-être sur d’une chose, le danger ne viendra pas de ceux qui le critiquent, mais de ceux qui se disent ses inconditionnels.
Allah aide, ceux qui s’aident !
Newton Ahmed Barry d’après sa page Facebook