Société

Réformes dans les instituts privés supérieur : « Le SG nous impose un fonctionnement dans un seul domaine »

Les « mesures restrictives de fonctionnement » dans un seul domaine de formation, n’est pas du gout des institutions privées d’enseignement supérieur (IPES) qui ont animé une conférence de presse ce 7 mars 2022 à Ouagadougou. Réunis au sien de l’Union Nationale des Établissements d’Enseignement Privés Laïc (UNEEP-L) elles en veulent au secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, Mahamadou Sawadogo, qui « abuse de son autorité avec une intention manifeste de nuire ».

Désiré Nacoulma, président l’UNEEP-L (au milieu)

C’est par des définitions de termes que le conférencier, Désiré Nacoulma a débuté. Selon lui, les Institutions Privées d’Enseignement Supérieur (IPES) se composent d’instituts et grandes privés et d’universités privées. Une université peut comprendre des facultés, des instituts et grandes écoles ainsi qu’un centre de recherche. « Une filière de formation ou d’études désigne un parcours pluriannuel de formation aboutissant à l’obtention d’un diplôme dans le parcours précis. Un domaine de formation ou d’études désigne une discipline d’apprentissage ou de formation regroupant plusieurs filières appartenant à la même discipline. Le Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO) est une institution de coopération universitaire créée en 2005 et rassemblant des universités publiques et écoles inter-Etats trois de sept pays d’Afrique de l’Ouest ».

Les instituts et grandes écoles privés du Burkina Faso ne sont pas des universités publiques et ne sont pas des écoles inter-états et ne sont donc pas membres du REESAO, de l’avis de M. Nacoulma.  « Nous sommes soumis aux textes du CAMES. Depuis octobre 2020, le ministère en charge de l’enseignement supérieur a entrepris de limiter les IPES du Burkina Faso à un seul domaine de formation, une situation qui engendre d’énormes difficultés pour les instituts qui fonctionnaient déjà depuis quelques années dans plusieurs domaines différents pour lesquels elles ont obtenu des autorisations en bonne et due forme du ministère », a-t-il expliqué. Pour les membres de  l’UNEEP-L, le SG qui devait se préoccuper de l’expédition des affaires courantes après le putsch du MPSR, a profité de sa position pour sanctionner les IPES en mettant fin au dialogue social.

Il ressort de la déclaration liminaire que les pénalités  vont de 1 600 000 F CFA à 4 800 000 FCFA par IPES.  Le président Nacoulma et ses collaborateurs ont aussi constaté la poursuite des sanctions qui avaient commencé depuis quelques temps : le blocage des visas de publicité pour empêcher les IPES de communiquer sur leurs offres de formations ; le blocage des dossiers d’ouverture de nouvelles filières pour freiner le développement des IPES ; l’exigence que les IPES ferment les filières concernées sans aucune solution claire envisagée pour les étudiants déjà engagés dans cette formation depuis octobre 2021.  Une situation qui est jugée totalement illégale selon les membres de l’UNEEP-L qui estiment que transformer une IPES en université ne peut pas se faire en l’espace de trois semaines surtout quand un autre texte oblige les enseignants du public à démissionner pour occuper des postes dans le privé. ” Les établissements qui ont introduit des demandes pour passer en université ou créer de nouvelles IPES n’ont pas reçu de suite à leur requêtes parce que les services techniques du Ministère reconnaissent eux-mêmes ne pas savoir quel traitement réserver aux diplômes déjà reconnus par le CAMES “, ont-t-ils argumenté.

Course au gain !

Joint au téléphone, le SG du ministère de l’Enseignement supérieur nous a confié que tout ce manège est organisé par les IPS pour ne pas respecter des textes écrits par eux même. « L’association reconnait les textes du CAMES mais moi en tant qu’agent de l’administration je dois faire respecter les textes nationaux. Il s’agit surtout de la course au gain pour ces promoteurs d’établissements qui refusent de respecter les cahiers de charge.  Il y a un désordre dans le privé. Certains sont correctes et d’autres veulent passer par des raccourcis alors qu’on est garant de la qualité de l’enseignement. Tous les IPES ne se plaignent pas », a-t-il précisé en ajoutant que personne ne travaille à causer du tort à l’autre.

Toujours selon Mr Sawadogo, les textes précisent qu’un institut doit exercer dans un seul domaine du REESAO. « Si vous voulez embrasser plusieurs domaines il faut muter en université. Les promoteurs d’établissements en fonction du marché ciblent les filières prisées et y investissent. Ils glanent les domaines au détriment de qualité de l’enseignement. Il y a des IPES qui n’ont aucune autorisation d’ouvertures au plan national mais qui détiennent des parcours validés par le CAMES », a-t-il regretté.

W. Harold Alex Kaboré

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