Procès agents de santé Koupéla : la victime réclame la vérité
L’ouverture du procès sur accusation pour « non assistance de personnes en danger et homicide involontaire d’un nouveau né » contre les trois agents de santé du CMA de Koupéla a eu lieu le mardi 29 mars 2022 au Tribunal de Grande Instance de Koupéla. A l’entame du procès, les trois accusés sont appelés tour à tour à la barre pour relater les faits. Débuté aux environs de 12 heures, c’est au tour de 18 heures que la victime a été entendue. A la demande du procureur de réagir suite aux explications des accusés, la victime Belemkaryan Delphine a dit ceci : « Je voudrais qu’ils (les agents de santé) reconnaissent qu’ils ne m’ont pas assisté pour que j’accouche. Je voudrais également qu’ils reconnaissent que c’est parce qu’ils ne m’ont pas assisté que mon en enfant est décédé puisque je ne suis pas à ma première grossesse. J’ai déjà six enfants et je n’ai jamais eu de problème avec un agent de santé. Je n’ai rien contre eux. Je réclame juste la vérité. »
Selon le procureur, le parquet veut savoir également la vérité. A la demande du tribunal, les accusés ont expliqué à tour de rôle, comment les choses se sont déroulées. La première personne à prendre la parole s’agit de M. Y. K., un maïeuticien d’état âgé de 52 ans qui totalise 27 ans de service. « Tout a commencé le 02 février 2022 aux environs de 15 heures, nous étions trois agents à être de garde à la maternité du CMA. J’ai vu un monsieur qui transportait une patiente sur une moto et je me suis précipité pour les aider à faire descendre la patiente et la conduire directement sur la table d’accouchement. Mes deux collègues sont venus et on s’est mis au travail pour l’assister. Au moment où nous examinions la patiente, à l’aide d’un appareil, on s’est rendu compte que le fœtus ne présentait aucun signe de vie. J’ai appelé une de mes collègues qui est venue faire le même constat. Après vérification grâce aux différents examens que nous avons compris que le fœtus était mort dans le ventre de sa maman.
Ensuite nous avons procédé au prélèvement de sang pour des examens médicaux après avoir consulté notre gynécologue au téléphone. Nous étions dans l’attente des résultats de l’examen pour prendre une décision « entre transférer la patiente ou la garder à notre niveau. » Nous étions dans une autre de la salle entrain d’interpréter les résultats d’une autre patiente et nous avons entendu un cri. Et l’une de mes collègues, s’est précipitée pour voir la patiente et elle a trouvé que le fœtus apparaissait. L’agent n’a pas eu le temps de porter ses gants pour accueillir le fœtus, que celui-ci s’est retrouvé au sol ».
Selon le procureur, « la femme a été abandonnée à son propre sort. » « Vous vous étiez préoccupés à autre chose en laissant la victime souffrir sur la table d’accouchement. Je suis vraiment désolé. C’est un exemple concret qui nous fait savoir que nous sommes en danger. » A-t-il déploré. Les accusés refusent d’accepter les faits. Pour Mme O. M. :« Nous l’avons assisté. Nous avons suivi toutes procédures d’assistance. Nous étions plus préoccupés de la santé de la dame elle-même parce que nous savions que l’enfant ne vivait plus. C’est parce que la famille n’était pas encore informée que l’enfant était déjà mort. » Et pour la victime, son enfant n’était pas mort « puisqu’il manifestait toujours des signes de vie dans mon ventre avant l’expulsion ».
A la demande du conseil des accusés, le dossier a été renvoyé au vendredi 1er avril 2022. Une demande de mise en liberté provisoire a été formulée par les avocats des trois accusés mais elle a été rejetée par le parquet. Il faut rappeler que monsieur K. Y, maïeuticien d’état âgé de 52 ans, les dames B. A. âgé de 32 ans et O. M. âgé de 35 ans, tous en service au Centre médical avec antenne chirurgicale de Koupéla. Une affaire à suivre…
Radio DAUPHIN KOUPELA