Santé

Procès agents de santé de Koupéla : « Si vous ne vous reprochez rien, pourquoi s’excuser auprès de la famille de la victime ? »

Le procès pour « non assistance à personnes en danger et homicide involontaire d’un nouveau né » contre trois agents de santé du CMA de Koupéla se poursuit au Tribunal de Grande Instance de Koupéla. Le  1er avril 2022, six témoins sont passés à la barre. La première,  est le mari de la victime, M. Belemyengré. 

Il a expliqué qu’il a été le premier à s’introduire dans la salle d’accouchement pendant que les agents de santé patientaient  juste à côté. « Quand j’ai entendu les cris de ma femme, j’ai vite couru pour rentrer dans la salle. Pendant ce temps, les agents de santé étaient inactifs et l’un d’entre eux était en train de porter ses gants. J’ai été la première personne à m’y introduire et ma mère m’a suivi. Même le fœtus qui était au sol, personne ne l’a touché. J’étais obligé de chercher un pagne pour le couvrir et envoyer mon petit frère qui est allé acheter un carton pour que je puisse le mettre dedans », a-t-il relaté . 

Pour  Belemyengré,  il a esté en justice pour que cela serve de leçon. « Les agents de santé ont même envoyé trois délégations pour se faire pardonner. La première était composée d’agents de santé, la deuxième est allée voir le chef de notre village et la dernière délégation était composée d’un prêtre et de deux sœurs religieuses. Si vous n’avez pas commis de faute, pourquoi vous demandez pardon ? Mais comme ils ne voulaient pas reconnaitre leur erreur, c’est pourquoi nous sommes devant le tribunal. » A poursuivi le mari de la victime. 

Pour les accusés, les propos de M. Belemyengré ne tiennent pas la route. « Quand nous avons entendu les cris de la dame, c’est ma collègue qui a été la première à rejoindre  la salle pendant que le fœtus quittaient l’utérus. Le temps de porter les gants, c’était déjà trop tard et l’enfant s’est retrouvé au sol. » A expliqué l’un des accusés, K. Y. 

Mme B. A. a précisé que  c’est elle qui a enveloppé le fœtus dans un pagne et l’a déposé sur la balançoire pour prendre ses constantes. « Et pendant ce temps, le mari de la victime patientais dehors », a ajouté l’un des accusés.

Selon la belle-mère de la victime, lorsqu’elle est arrivée elle est allé au chevet de sa fille qui gémissait. « Entre temps je suis sortie pour faire mes besoins. Quand je revenais dans la salle, j’ai entendu les cris de ma fille qui demandait de l’aide. J’ai accouru et je me suis rendu compte que l’enfant était au sol. Les trois agents étaient toujours arrêtés en dehors de la salle d’accouchement. C’est quand j’ai commencé à crier, qu’ils se sont précipités vers moi. Pendant ce temps, mon fils a accouru », a-t-elle ajouté précisant que si  elle savait que les agents de santé n’allaient pas s’occuper de sa belle fille, elle aurait fait ses besoins dans la salle d’accouchement pour subir des sanctions plus tard.

Selon l’agent de santé qui a examiné la victime dans la matinée le jour de l’incident,  l’enfant ne présentait aucun signe de danger. « Quand la victime est arrivée au CSPS de Nakalbo le matin avec son mari, je l’ai examiné avant de lui prescrire une ordonnance. Quand j’ai fait l’injection, au bout de quelques minutes, elle m’a dit que ça allait mieux. Je leur ai donné la permission de rentrer mais au cas où le mal persistait, ils pouvaient revenir », a déclaré M. Raphael Compaoré, maïeuticien  d’Etat en service au CSPS de Nakalbo.

« C’est autour de 15 heures que les agents de santé m’ont appelé pour expliquer qu’ils ont une patiente qui manifestait déjà des signes du HRP, mais qu’ils avait fait un prélèvement sanguin qui se trouvait déjà au laboratoire. Je leur ai donné certaines orientations et leur ait demandé d’attendre les résultats qui devaient être disponibles dans une heure, avant qu’on ne décide de la conduite à tenir », a témoigné le Dr Georgette Somé, gynécologue au CMA de Koupéla.

Les dames Roukiata Sana, attaché de santé en soins obstétricaux gynécologiques au CMA de Koupéla et Rasmatou Bancé, agent itinérant de santé, stagiaire au CSPS de Nakalbo sont également passées à la barre.

A en croire Mme  Sana, elle a apporté son aide parce qu’on lui  a expliqué qu’une patiente avait le col de l’utérus déchiré. « Lorsque je suis arrivée, j’ai vu le mari de la victime dans les couloirs qui était en train de consoler la vieille. Quand je suis rentrée dans la salle d’accouchement, j’ai vu les traces de sang du fœtus au sol mais c’est la santé de la patiente qui me préoccupait. J’ai aidé pour la réparation des déchirures et je suis repartie », a-t-elle relaté.

De l’avis de la stagiaire, elle était seule au CSPS de Nakalbo lorsqu’un monsieur  et sa compagne ont rejoint le centre de santé peu avant 15 heures. « Quand ils sont arrivés, j’ai vu que la femme saignait beaucoup. Comme j’étais seule et au regard de mon manque  d’expérience, je ne pouvais pas garder un pareil cas à notre niveau. Donc je les ai transféré au CMA. Bien avant ça, j’ai contrôlé la respiration du fœtus mais aucun signe de vie n’a été détecté. Cependant, je n’ai pas mentionné cette information ni sur le bulletin de la femme ni ne l’ait informé », a-t-elle affirmé.

A noté qu’une demande de mise en liberté provisoire formulée par les avocats des accusés a été rejetée pour une deuxième fois par le tribunal.

Radio DAUPHIN KOUPELA

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Un commentaire

  1. Vivement que le procès aille à son terme et qu’ils soient très sévèrement punis s’ils sont déclarés coupables car c’est une atteinte grave à l’un des droits fondamentaux de l’enfant: le droit à la vie. Chaque jour que Dieu fait, ces hommes et femmes en blouses bravent tous les dangers pour apporter du bien-être aux populations. Bravo à eux. Mais à coté de ces hommes et femmes de mérite cohabite des incompétents, des assassins notoires qui ne sont préoccupés que par les deal avec les malades, le salaire à la fin du mois. aucune empathie, aucune compassion, aucune conscience professionnelle. Puisse Dieu punir toutes celles et tous ceux qui de par leur fonction ou statut négligent et méprisent la vie humaine.

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