Société

Partis politiques et terrorisme: deux cancers dont souffre le Burkina Faso

Il n’y aura pas de solution miracle aux problèmes politique et sécuritaire au Burkina Faso. Aux grands maux les grands remèdes : amputation ou ablation dans le cas d’espèce. Si certains se rappellent, nous avions écrit une lettre ouverte le 15 novembre 2021 au chef de l’Etat et à tous les Burkinabè au sujet de la situation nationale, parce que nous pensons comme Hannah Arendt, que « le vent de la réflexion peut empêcher des catastrophes ». Quand nous avons présenté notre défense, personne ne nous a soutenus. Alors, ce qu’on aurait dû éviter n’a pu être évité. Donc ce qui ne devrait pas arriver, arriva. 

Afficher les posters , est l’un des moyens préférés des candidats en période électorale pour davantage se faire connaitre auprès des électeurs

Nous reprenons encore notre plume depuis Montpellier (où il est visiblement impossible que nous soyons tués par un terroriste qui se trouve au Burkina). Cette fois-ci pour inviter le peuple burkinabè à deux courages. 

 Le premier courage est d’ordre moral et éthique. Il ne sert à rien de restreindre les libertés publiques parce que nous ne sommes pas sous un régime autocratique. Une transition politique n’est ni en soi ni de fait une dictature. Le moment et le cadre constitutionnel ne sont pas indiqués pour restreindre les libertés publiques. Le faire, produira l’effet inverse.

Le discours à l’Assemblée législative de Transition évoque la nécessité « qu’au sortir de la transition, notre pays dispose d’une règlementation des partis politiques débarrassés des tares qui ont longtemps empêché l’expression d’une démocratie véritable dans le jeu politique national.

C’est pourquoi, le Gouvernement proposera à la représentation nationale, un nouveau cadre juridique relatif à la création, au financement des partis politiques et au plafonnement des dépenses des campagnes. ». Si on peut dire que ce langage tenu semble de bonne foi, il faut reconnaître jusqu’à preuve du contraire qu’il est inconsciemment démagogique. C’est se bercer d’illusion que de s’engager sur la voie de débarrasser les partis politiques des tares qui sont devenues leur nature. « Chasser le naturel, il reviendra au galop ». C’est se bercer d’illusion que de vouloir limiter et contrôler les dépenses des partis politiques avant, pendant et après les campagnes et élections. Il serait plus sage et salutaire que le Gouvernement introduise à l’Assemblée législative, une loi qui met fin à l’existence et à la création de partis politiques au Burkina Faso. Cela évitera de faire réfléchir des juristes et constitutionalistes pour rien ; cela permettra d’aller plus vite à l’essentiel ; cela conduira plus sûrement à une efficacité et à une efficience morale et politique certaines. Car, ayons le courage de le dire, les maux et les malheurs dont souffre le Burkina Faso ont pour source et cause les partis politiques. Ce sont eux qui ont engendré et semé la division et la zizanie au sein de la population civile et même jusque dans l’armée. Ce sont eux qui, de 1960 à 1982, puis de 1987 à nos jours, ont livré le Burkina Faso en pâture aux bêtes humaines, criminels et sanguinaires… Il s’avère donc justifié et justifiable de mettre fin à la dispersion et la diversion que provoque le militantisme politique indécent, qui malheureusement continue impunément, même en ces moments difficiles et incertains que le pays traverse. C’est quel pays et ce sont quelles populations qu’ils entendent d’ailleurs gérer si les terroristes assiègent le pays ? A moins qu’ils ne soient de connivence avec les terroristes. Et puis, les partis politiques ne sont pas une condition sine qua non pour asseoir une démocratie. Au contraire, ils ont contribué au cours de l’histoire, à trahir, à travestir et pervertir l’esprit de la démocratie originelle et originale.

En tout cas, nous espérons voir, à la fin de la Transition, une nouvelle constitution qui ferait passer le Burkina Faso à « une démocratie participative sans partis politiques, avec élections » tremplin d’une véritable démocratie avec des candidatures indépendantes.

Le deuxième courage est d’ordre politique et pratique. La catastrophe humanitaire étant de fait, ayons le courage de déclarer l’état de crise humanitaire au Burkina Faso. Et pour couper le mal du terrorisme à la racine, un grand remède pourrait être apporté.

Il s’agit d’entreprendre un relogement des populations des localités infestées par le terrorisme, dans les villes et villages proches de ces localités infestées. Ensuite procéder à un rasage étudié et systématique des localités infestées afin d’en constituer des villages militaires. Deux avantages à ce projet : les terroristes n’auront plus affaire directement aux populations civiles mais aux militaires. Ainsi ceux qui sont à l’intérieur ne peuvent plus sortir et ceux qui sont à l’extérieur ne pourront plus entrer.

Aussi, ces localités infestées rasées et constituées en villages militaires seront de fait sécurisés (par la présence des forces de défense et de sécurité). Ainsi, on peut penser à un repeuplement de ces localités suivant un plan national.  Pour ce faire, comme si la déclaration de catastrophe humanitaire ne suffisait pas, il faut lancer expressément un appel à l’aide à la CEDEAO, à la Communauté internationale, aux organismes et partenaires au développement. Car cela implique d’énormes moyens financiers, techniques, logistiques, militaires… Une fois, l’état de catastrophe humanitaire décrété et l’appel à l’aide lancé, le Burkina Faso saura qui sont ses partenaires et soutiens sincères, crédibles et fiables. De fait, il saura désormais quelle attitude adopter et à quel saint se vouer… Mais ils me diront que c’est utopique. Parce que pour eux, est utopique non pas ce qui est impossible à réaliser mais ce qui l’est difficilement d’une part, et d’autre part parce qu’ils croient que tout ce qui ne vient pas de l’Occident ou n’est pas dicté par lui ou encore calqué sur son modèle, relève de l’utopie.

Voici « l’africanité du mal » ! « L’africanité du mal » ? Oui. En théorie, « l’africanité du mal » nous dit que le mal est de couleur noire. En pratique « l’africanité du mal » c’est « le mal penser », « le mal à être », « le mal agir ou réagir » dont font preuve beaucoup d’Africains noirs dans des situations et circonstances particulières. C’est pourquoi, du fait de cette « africanité du mal » la vraie utopie politique au Burkina Faso est de prétendre à une démocratie véritable en voulant débarrasser les partis politiques de leurs tares. La démocratie représentative (avec les partis politiques comme éléments de base) demeure la vraie utopie politique à laquelle s’accroche désespérément le Burkina Faso.

Tout compte fait, de deux choses l’une, ou bien ce qui se passe dans notre pays peut être attribué à de l’enfantillage d’« un peuple enfant », ou bien il s’agit d’une folie qui consiste selon Einstein, à faire toujours la même chose, à se comporter de la même manière et s’attendre à des résultats différents. En tout état de cause, il nous faut reconnaitre que la loi de la causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets) ne s’applique pas seulement en physique. Elle s’applique aussi en matière morale et politique.

De toute façon, que la situation au Burkina Faso relève de l’enfantillage d’un peuple encore enfant ou de la folie, cela produit le même résultat. L’ultime question se pose à tous : « A quand le Burkina Faso ? » La réponse nous paraît unique : Maintenant ou à jamais !

Abbé Cyprien OUEDRAOGO

Presbytère sainte Bernadette 250 Rue du Truel, 34090 Montpellier

Email : ocyprien@yahoo.fr

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