Grands entretiens

« Il m’arrive d’être le boute-en-train du gouvernement » Rémis Fulgance Djandjinou, ministre de la Communication

« A tout seigneur tout honneur » pourrait-on dire. En effet, qui mieux que le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, de surcroit porte-parole du gouvernement, ministre de tutelle donc des médias,  pour lancer lobspaalga .com , le nouveau journal en ligne des Editions Paalga? Nous sommes donc allés à la rencontre de Rémis Fulgance Djandjinou à son domicile de Saaba pour aborder dans l’entretien qui suit son expérience gouvernementale, ses relations avec ses anciens confrères ainsi que le syndicat-maison et  bien d’autres sujets touchant au paysage médiatique burkinabé.

Le ministre de la Communication Rémis Fulgance Dandjinou

Mine de rien cela fait déjà plus de quatre ans que vous êtes ministre de la Communication. Est-ce que vous vous sentez encore journaliste ?

D’abord je voudrais vous remerciez pour cette opportunité. S’exprimer est toujours un élément important, surtout pour le ministre de la Communication que je suis. Ce qui est intéressant, c’est que 4 années après, les réflexes que le métier m’a donnés restent présents. J’ai cette envie de voir l’autre versant de la chose.  Sur une question donnée, je peux devenir facilement le boute-en-train du gouvernement. Parce que justement, le métier m’a formé pour croiser les sources afin de me faire ma propre opinion. C’est comme dans une rédaction, vous avez vos points de vue et puis vous discutez avec les autres. Au final, il se dégage un choix éditorial que vous vous devez d’assumer pleinement. Je deviens en ce moment porte-parole et je trouve les éléments pour expliquer. Les Burkinabè n’ont pas besoin de savoir que tel ministre n’était pas d’accord sur tel point. Ce qu’ils ont envie de savoir c’est que le gouvernement travaille dans une direction, qu’il y a une synergie de vision. Je suis ministre de la Communication, mais je ne peux pas enlever le fait que durant plus de 25 ans j’ai été journaliste.

De quel côté de la table vous sentez-vous le mieux car après avoir critiqué les gouvernements des régimes précédents, maintenant c’est vous qui recevez des coups…

Dans ma tête il y a cette pensée d’Emmanuel Kant : « Agis toujours d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne loi universelle ». En terme simple, ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. J’ai été assez acerbe dans la critique, donc je pense qu’il est de bon ton qu’aujourd’hui la presse soit également acerbe dans la critique. Ce n’est pas une mauvaise chose. Ce que je reproche souvent à mes jeunes confrères, c’est que leurs critiques ne se basent pas sur un argumentaire, sur de la réflexion. Parfois c’est des a priori, des ressentis personnels. Alors que quand on est journaliste, on doit fonder sa critique sur cet élément basique : thèse, antithèse, synthèse. Même si parfois pour le journaliste, la thèse c’est un, l’antithèse c’est un plus un, et la synthèse c’est un plus un plus un.

Mais vous vous sentez le plus de quel côté de la table ?

Chaque moment est un instant de la vie. Il y a une trentaine d’année j’ai rencontré Norbert Zongo. Il m’a dit, le journalisme que tu fais, je ne suis pas d’accord avec ça, parce que ça ne va pas impacter notre pays. On était en 1998 et quelques jours après il est mort. Ce qu’il m’a dit m’a aidé dans ma manière de travailler. Il m’a dit que si j’estime que je ne suis pas fait pour le journalisme d’investigation, il faut que je trouve quelque chose qui pourra apporter un plus aux autres. J’ai fait une partie de ma vie dans la presse, aujourd’hui, je suis à un poste où je suis content d’être. Il y a, comme c’est le cas dans la partie journalistique, des moments de stress, de doute et d’incompréhension. Mais au final, je sers la nation pour laquelle je me suis battu en tant que journaliste. S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que je dois accepter la critique parce qu’elle est féconde. Honnêtement, je ne m’émeus pas de ce qu’on peut dire sur moi. Je l’écoute avec beaucoup d’introspection parce qu’on dit qu’une idée c’est bon, mais deux c’est encore meilleure. Même dans l’analyse la plus légère, lorsque vous regardez, vous trouverez quelque chose qui va vous servir. Ma partie en tant que ministre de la Communication a été beaucoup nourrie par mon vécu au niveau de la presse. Et je suis vraiment content d’être de ce côté de la table. Maintenant l’autre partie était intéressante, mais la vie on la regarde et puis on avance. On regarde derrière pour avancer, pas pour y retourner. Je prends beaucoup de plaisir à faire ce que je fais avec les Premiers ministres successifs qui m’ont beaucoup apporté et puis un chef d’Etat qui est un miroir. Quand on discute, il me demande toujours si je pense que ce que je propose est la bonne solution. L’un des éléments forts du président Kaboré c’est qu’il vous oblige à prendre vous-même la décision. Il met sur la table des éléments de réflexion et il dit qu’à ta place, il aurait fait ceci, mais que c’est toi qui est là, c’est toi qui doit décider. Et comme il aime à le dire, il y a 30 postes de ministres et s’il a donné un poste à quelqu’un c’est la chose la plus chère qu’il peut lui donner. Parce que ce ne sont pas des postes électifs, c’est à chacun de nous d’être à la hauteur de la mission.

Les journalistes estiment que vous vous piquez parfois de donner des leçons du métier à vos anciens confrères. Quel effet cela vous fait ?

Peut-être que c’est un mauvais réflexe. S’ils le prennent ainsi je suis désolé. Je n’ai jamais voulu donner de leçons, mais je dis parfois qu’on doit pouvoir se parler en toute franchise. J’ai appris avec des personnes qui étaient extrêmement rigoureuses. Moi je n’ai pas fait l’école de journalisme classique, mais quand je découpais les dépêches pour Jeanne Coulibaly à la radio nationale et qu’elle me faisait reprendre, cela m’a servi. C’est des gens qui mettent de côté les sentiments. Quand ce n’est pas bon, ce n’est pas bon. Il faut qu’on accepte ce regard critique. Peut-être que comme je suis issu du milieu, j’ai tendance à interpeler  mes confrères. Faut-il que j’évite de le faire ? J’appelle souvent, c’est vrai, à la retenue parce que nous sommes dans un contexte où notre communication peut être source de détérioration du tissu social. Moi j’aime bien prendre le cas des juges. Le juge, il peut décider de condamner quelqu’un, mais lorsqu’il regarde et il se rend compte que cette condamnation va créer des troubles, en son âme et conscience, il peut faire autre chose. Tout comme le juge, le journaliste à une responsabilité sociale.

Il y a une actualité brûlante, le cas du Coronavirus. Au tout début, je fais un point de presse, je ne dis pas qu’il y a pas eu de cas suspect, je dis simplement que de toute façon, le ministère de la Santé et l’OMS vont régler la question. Les journalistes disent que j’ai démenti. Il y a quand même une base dans le métier. Ou bien on n’a pas appris le même français. Si je me plains, on va dire que je veux donner des leçons aux gens. En aucun moment, il n’est sorti de ma bouche un démenti.

Je taquinais un de mes jeunes confrères avec qui j’ai travaillé qui dit que je suis le ministre des démentis. Je lui ai envoyé inbox le contenu de ce que j’ai dit. Et puis j’ajoute que j’espère qu’il est journaliste. Sortons de l’émotionnel et apportons aux populations quelque chose de constructif. Je reconnais que lorsque les journalistes nous regardent, je veux parler d’Alpha Barry,  de Cherif Sy et de moi-même, ils sont perdus. Notre façon de faire était dans un contexte donné. Aujourd’hui, le contexte est démocratique et pluriel. Le travail du journaliste doit être d’aider les populations à appréhender les informations d’origines diverses. A trouver le juste milieu pour amener les populations à comprendre les enjeux. Mais je ne donne pas de leçon. Je suis  désolé si les uns et les autres  prennent les choses autrement.

Si vous aviez été dans une rédaction, n’auriez-vous pas éprouvé les mêmes difficultés qu’ont les journalistes à couvrir par exemple actualité sécuritaire ?

Je pense qu’il y a eu beaucoup d’évolution dans le traitement de l’information. J’imagine comment les rédactions doivent se triturer les méninges pour écrire et réécrire certains papiers pour à la fois apporter l’information, mais ne pas également faire l’apologie du terrorisme. Je le reconnais, il y a un travail difficile qui est fait au niveau des rédactions. Et cela est à encourager. Quand j’ai regardé le traitement de l’information sur la suspicion relative au Coronavirus, la presse dans son ensemble a été professionnelle. C’est surtout sur les réseaux sociaux que les gens se sont lâchés.

Une des épines dans votre pied depuis votre installation, c’est l’interminable bras de fer entre vous et les syndicats. Où en êtes-vous aujourd’hui avec les partenaires sociaux ?

C’est une question délicate. Je crois fondamentalement qu’il y a eu beaucoup de quiproquos entre nous. Si je m’en souviens bien, un accord a été signé le 29 décembre 2016 avec sept points. Six ont été mis en œuvre. Le seul qui reste concerne la manière dont nous voyons la société d’Etat. Sur cette question, nous avons discuté avec le syndicat, nous sommes d’accord sur le fait que nous devons aller de façon séquencée, la première étape consistant à voir la viabilité et la capacité des entreprises à se prendre en charge. Il s’agit d’avoir un décret pour une dérogation à la comptabilité publique. Autrement dit, il installe les EPE dans un système de comptabilité privée et il leur donne une possibilité d’être des acteurs au niveau de la commande publique de façon différente. Je prends l’exemple de Sidwaya qui, contrairement à certains organes de presse privée, doit passer par une procédure de passation de marchés pour acheter son papier. Parfois, le journal est handicapé car la personne qui obtient le marché se retrouve dans l’incapacité de livrer les fournitures demandées. Pour ce qui est de la RTB, elle pourra, en créant la direction appropriée, proposer des plans de communication ou de réalisation  des spots. A l’intérieur, il y a des gens qui réalisent des spots, qui les vendent et l’argent rentre dans leur poche. Autant laisser la télé proposer ce service et encaisser l’argent pour que chacun puisse en bénéficier. Le troisième aspect, toujours dans le cadre de la dérogation, consiste à faire des ajustements salariaux à travers le conseil d’administration, à condition que ces augmentations ne proviennent pas de la subvention mise à disposition par l’Etat. Ça voudrait dire que si nous allons vers une situation A, s’ils veulent avoir A+10 ou A+20, c’est à eux de créer cette richesse. Comme nous l’avons dit, pour garantir les choses, nous allons quand même aménager un point de départ sur lequel on est d’accord que les conseils d’administration pourront assurer l’effectivité de ce réajustement à compter du 1er janvier.

Un autre point important est que nous avons obtenu, comme le gouvernement l’a souhaité, un contrat-plan qui encadre la relation entre l’Etat et ses EPE. En termes de devoirs et de droits, les deux acteurs sont situés. Qu’est-ce que nous apportons comme subvention au fonctionnement, à l’équipement et aux investissements ? De l’autre côté, qu’est-ce que la RTB et Sidwaya sont dans l’obligation de nous produire en face, en termes d’équilibre de l’information ? En effet, aujourd’hui il faut permettre à la société civile, à l’opposition, à la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale et au gouvernement d’avoir accès, de façon équitable, aux médias de service public et ce suivant le principe des quatre quarts. C’est à l’Etat d’en assurer le coût. Après, celui qui veut plus sera dans l’obligation de payer. Voilà la situation.

Le moins que l’on puisse dire est que vous n’êtes pas sur la même longueur d’ondes avec les syndicats…

Nous ne sommes pas en désaccord, le décret a été accepté. Le petit hiatus que nous avons, c’est ce gain de départ que nous mettons dès à présent pour motiver les acteurs. On ne s’entend pas sur cette question et je pense que le syndicat est en droit de demander plus mais le gouvernement de son côté doit voir la réalité de la situation des organes de presse publics avant d’accepter les propositions qui sont faites. Je suis passé dans toutes les rédactions. J’ai rencontré les techniciens et les journalistes, je leur ai expliqué la situation en leur faisant comprendre que le contexte a totalement changé. Aujourd’hui nous avons besoin d’assurer aux medias de service public une qualité de travail qui ne puisse pas les mettre en situation de compétition avec les autres. Et ça nous avons encore la chance qu’il y ait beaucoup qui rentrent dans les medias privés sans le b.a.-ba du métier. En presse écrite ça va encore. Au niveau des radios, c’est énorme et c’est ce qui fait que le capital des médias d’Etat est important. Malheureusement, nous sommes en train de le vendanger. Le directeur de la RTB disait dans l’une de nos rencontres qu’aujourd’hui, il y a des spots dans les télévisions privées qui coûtent plus chers que les spots au niveau de la RTB. Les notions de direct qui étaient l’apanage, l’exclusivité de la RTB sont passées dans les télévisions privées. Je ne parle même pas de la presse écrite où Sidwaya est en compétition quotidienne avec la presse privée. Le seul endroit où nous avons gardé une primauté, c’est au niveau de la radio. Pour la radio rurale, on a une vingtaine d’émetteurs et pour la nationale, en FM, c’est une trentaine. Quasiment tout le pays est couvert par la radio nationale. La couverture nationale des radios coûte cher et du coup les stations se cantonnent à des petits espaces. Si vous sortez de Ouagadougou, vous verrez que ce sont les informations de la radio nationale que toutes les stations locales reprennent. Il y a donc une primauté que nous devons affirmer et renforcer pour ne pas perdre le leadership.

Vous avez quand même bon espoir de vaincre toutes les réticences ?

Ça fait quatre ans qu’on se chamaille pour des choses qui n’en valent pas la peine. Mais il y a des situations sur lesquelles les syndicats m’ont interpelé et je suis tout à fait d’accord avec eux. Je prends un exemple : nous avons obtenu l’augmentation de l’indemnité du code vestimentaire. Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères partant de ce code vestimentaire est entré en mouvement. On leur a donné un code qu’ils ont appelé « diplomatique », un code qui est supérieur à ce que nous avions demandé. Donc, les acteurs sont un peu frustrés parce qu’on sait ce qui s’est passé. Aujourd’hui, eux ils gagnent plus que ce que nous, nous avons comme indemnité de code vestimentaire. Ce sont des ajustements que je suis en train de demander au gouvernement d’apporter pour qu’il y ait un peu d’équité, d’autant plus que c’est nous qui avons levé le lièvre. C’est donc de petites questions comme ça qui sont encore sur la table mais je crois que sur le fond on va s’entendre. Les décrets sont une opportunité, comme l’a dit le ministre des Finances Lassané Kaboré quand il a rencontré les dirigeants syndicaux. C’est lui qui a proposé le décret. Dans l’histoire du Burkina, il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui ont eu cette chance, c’est peut être deux ou trois. Ça veut dire que vous avez une société d’Etat de fait dans la gestion mais sans les implications de la société d’Etat. Vous ne payez pas d’impôts et même, pour un certain nombre de contrôle au niveau des EPE, l’agent comptable doit retourner au ministère des Finances. C’est vraiment une entité nouvelle qui se met en place avec notamment une culture d’entreprise totalement différente qui doit également être mise en œuvre.

Pour quelqu’un qui a été dans un moule de fonctionnaire durant des années, est-ce que c’est facile de revenir dans ce système de gestion privée ? Est-ce que vous avez foi en leur capacité de créer cette richesse dont vous parlez ?

Je pense qu’il faut accompagner la RTB et Sidwaya dans les investissements. La première aujourd’hui veut son siège et de nouveaux équipements. Ce que certains ne savent pas, c’est que depuis 2012, elle n’a plus acquis de véhicule. Ça fait donc dix ans qu’ils ont les mêmes voitures. Voilà des réalités dont il faut que les gens aient connaissance. Moi je ne souhaite pas qu’on cache la vérité. Ces médias ont besoin qu’on leur apporte quelque chose et le Premier ministre est ferme là-dessus : il faut que les investissements prévus soient faits. Il a même demandé à ce qu’on lui dise ce qui est urgent pour ces organes afin de leur permettre de monter à un certain niveau de productivité. Si cela est fait, je pense que l’être humain a la capacité de s’adapter à toutes sortes de situations et c’est pour cela que nous sommes l’espèce régnante sur la terre. Tout homme dans un système doit être capable de s’adapter et ceux qui n’y arriveront pas seront tout simplement éjectés du système. Il faut savoir se remettre en cause et j’ai foi car ils sont encore jeunes, ils ont eu la chance d’avoir une bonne formation et ils regardent ce qui se passe autour. S’ils ne refusent pas de se remettre en cause, tout peut bouger. Moi en réunion de cabinet, je mets autour de moi les directeurs mais aussi ceux que j’appelle « mon Parlement » à savoir les anciens. Ils ont une certaine hauteur de vue et nous dans notre fougue, il nous arrive de dire des choses qui ne tiennent pas. C’est alors qu’ils nous rappellent ce que les textes prévoient. On apprend de tout le monde et aujourd’hui on doit être capable d’apprendre ensemble de cette situation et de faire évoluer les choses.

L’Observateur lance, notamment avec cette interview, un journal en ligne, lobspaalga.com qui va fonctionner indépendamment du quotidien imprimé. En tant que ministre de tutelle, comme accueillez-vous cette initiative ?

Je pense qu’il faut saluer cette initiative. Aujourd’hui, la question du modèle économique de nos medias se pose avec acuité. Est-ce qu’il faut aller vers une synergie des métiers ? Est-ce qu’il faut avoir des regroupements, des entités quels que soient les types de medias qu’il y a ? Ce qui est certain, c’est qu’à l’heure actuelle, le papier seul ne suffit plus. Il faut forcément que les journaux ouvrent cette brèche sur le monde du numérique et de l’internet. C’est une obligation. D’abord parce que vous aurez un lectorat qui va s’élargir, vous aurez également des acteurs qui ne sont peut-être pas sur le papier qui vont apparaître, vous aurez aussi une captation de la publicité puisque les medias vivent de cela et vous serez porté dans une dynamique différente. Une plateforme numérique, c’est du papier, de l’audio et de la vidéo. Le paramètre va changer et forcément on voit l’élargissement de l’espace. Moi je veux féliciter L’Observateur paalga parce que, selon moi, c’est le passage obligé de toute presse, qu’elle soit écrite ou audiovisuelle. Tôt ou tard, chaque media doit avoir cette plateforme pour pouvoir porter son contenu, développer de nouveaux contenus et rester sur tous les supports. Moi j’ai la faiblesse d’être assez numérique. Je ne regarde quasiment plus de film sur ma télévision. Même le 20h de la RTB, je le regarde généralement sur mon Smartphone parce que je suis souvent en déplacement. Et j’imagine comment, avec le développement de la connectivité, cet outil téléphonique va être renforcé comme support. Je pense donc que c’est le bon choix que vous faites et je vous souhaite bonne chance car ce n’est pas vraiment évident et ça risque d’être difficile pour les premiers moments.

Quel regard portez-vous sur le traitement de l’information par cette catégorie de médias ?

Je pense que des efforts sont faits mais la force de ces médias c’est justement de pouvoir mettre ensemble le papier, l’audio et la vidéo. Pourtant, beaucoup se contente uniquement des papiers, ce qui rend l’approche un peu délicate. A mon avis, si vous réussissez à combiner ces trois aspects, ça peut être intéressant. De plus en plus, les acteurs sont des professionnels. Je suis allé dans certaines rédactions, notamment Burkina24, Zoodomail et lefaso.net, qui sont véritablement, selon moi, des références dans ce domaine et j’ai vu comment des efforts sont faits pour que tous ces éléments puissent apparaître au niveau de cet espace. Pour moi c’est important, surtout pour les Burkinabè de l’étranger qui ont une meilleure connexion que nous et même pour ceux de l’intérieur parce que l’outil téléphone est devenu indispensable.

Etes-vous pour autant de ceux qui pensent que le journal papier n’a plus d’avenir ?

Non. On l’a dit il y a quelques années de cela, le journal papier est toujours vivant. Il a quelque chose de particulier, on peut le touchez et il a encore des adeptes. On a dit que le livre va disparaître parce que le livre numérique est arrivé mais moi je n’arrive pas à lire de cette manière. Peut-être que le taux de pénétration du papier va baisser, les tirages ont déjà baissé, peut-être que ça va impacter mais je ne crois pas qu’il va disparaître, pas dans les cinq, dix ans qui viennent parce qu’on prend des habitudes. Peut-être dans vingt ans on n’aura plus de papier et peut-être que ce sera une bonne chose pour la planète puisque le papier c’est du bois ou alors des produits issus du monde végétal et qui pose problème sur le plan environnemental. Pour l’instant je ne vois pas le papier disparaître chez nous. Ce qui est sûr c’est qu’il y a une mutation en cours et avoir la possibilité d’avoir cette autre corde à son arc est une impérieuse nécessité  pour les organes de presse.

Nous espérons vous compter parmi nos lecteurs sur cette nouvelle plateforme…

Je suis abonné à tellement de plateformes… j’utilise le téléphone comme un outil de travail. Il y a beaucoup de mes discours que je reçois par mail et que je travaille avec mes Smartphones. Aussi, je suis abonné à la majorité des organes de presse nationaux comme internationaux à partir de la version numérique. J’ai d’ailleurs de moins en moins de temps pour lire le journal papier, ce qui fait que je visite beaucoup les sites pour avoir une information un peu plus digeste. Quand vous avez deux ou trois lignes avec une vidéo ou un audio, ça vous allège un peu la consommation. On n’est pas obligé de lire tout le document. C’est assez intéressant et c’est une qualité qu’il faut développer. D’ailleurs, lors des Galians passés, dans le cadre de ces médias numériques, nous n’avions pas donné de prix car le jury estimait que les spécificités de ce travail n’avaient pas été respectées par certains acteurs. C’est important, c’est un type à part entière qu’il faut savoir appréhender et enrichir pleinement.

Interview réalisé par

San Evariste Barro

Zalissa Soré

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