Augmentation du prix du pain : des boulangeries mises sous scellés
Au lendemain de l’annonce « unilatérale » de l’augmentation du prix de la baguette de pain à 200 F par les organisations professionnelles de boulangers, le ministère en charge du Commerce a initié une sortie de contrôle inopinée dans des boulangeries sur l’ensemble du territoire. A Ouagadougou, le constat est que l’augmentation est réelle dans la grande partie des maisons de fabrique du pain. Les boulangeries non en règle sont ainsi mises sous scellés.
«Avis à la clientèle : le prix du pain de 200g est fixé à 200 F à compter de ce jour 24 mai 2022 à partir de 22h00 en application de l’article n°4de l’arrêté n°2011-0224/MICA/SG/DGCI du 02 décembre 2011 autorisant l’augmentation de prix en cas d’inflation de plus de 5% (inflation actuelle plus de 45%) » : Cette note estampillée sur le comptoir de la boulangerie Top Pain de Wemtenga accueille ses clients. Ces derniers doivent, en effet, débourser 200 F pour la baguette de 200g.
Cette augmentation a pourtant été défendue par le gouvernement qui a dénoncé une décision « unilatérale ». C’est pour cela qu’à la vue d’une équipe de contrôle du prix du ministère chargé du Commerce, les boulangers ont bouclé les entrées de l’établissement pour ne pas avoir affaire aux contrôleurs, escortés par des gendarmes. Après insistance des contrôleurs, les travailleurs de la boulangerie finissent par se raviser. Il n’y a pas de justification qui tienne : l’établissement est simplement mis sous scellés sans autre forme de procès.
A quelque trois km de là, à Zogona, une autre boulangerie, Fatim’s, a subi le même sort, fermée par l’équipe de contrôle. Le responsable commercial de l’établissement, Moussa Bertrand Bakouan déplore cette fermeture qui risque d’entrainer des dommages, dont le revenu de la quarantaine d’employés. Et la magasinière d’expliquer que la décision d’augmenter le prix de la baguette est dictée par la hausse du prix de la farine.
Chez certains boulangers, rien d’inhabituel n’a été constaté, la miche de pain continue d’être vendue à 150 F CFA. C’est le cas par exemple à la boulangerie Wend-konta 1200 logements ou encore à Miche d’or à Tanghin. Par mesure de précaution, Miche d’or a d’ailleurs suspendu sa production le temps d’observer plutôt le marché, tout en gardant ses tarifs inchangés.
Pour les boulangeries non en règle et mises sous scellés, leurs responsables devront répondre à une convocation de l’autorité publique le vendredi 27 mai. « Nous allons appliquer les textes en la matière », a prévenu le chef du département Investigation et contrôle de la Brigade mobile de contrôle économique et de répression des fraudes, Mamadou Yameogo, précisant que les sanctions peuvent être pécuniaires ou pénales.
Bernard Kaboré