Terrorisme et résilience : “Voix d’or ” s’indigne mais déclame l’espoir
Le single « Franc cri » de Frank Ismaël Iriga, jeune artiste slameur a été officiellement présenté aux hommes de media ce 20 septembre 2022 à L’Université libre du Burkina. L’œuvre selon son auteur, est une expression d’indignation mais aussi d’espoir pour un Burkina en proie au terrorisme. Sa sortie marque également le lancement d’un nouveau projet éducatif et artistique.
Frank Ismaël Iriga est un jeune artiste slameur. Né dans le Boulgou, il s’intéresse dès son jeune âge à la musique puis plus tard au slam. Dès l’école secondaire, il rafle les premiers prix lors des concours de poésie ou d’oralité. Inscrit à l’Université Libre du Burkina en Gestion et Administration des Entreprises après son BAC, il intègre le Club Culturel et Artistique dudit établissement. Son talent est vite repéré et valorisé et il est régulièrement sollicité pour des évènements culturels et des cérémonies officielles. En 2021, il décide de participer au concours national de Slam/Poésie. Contre toute attente, sa très belle prestation convainc le jury, ce qui lui permet de remporter le premier prix. Avec ce trophée, il va à la conquête du titre panafricain : le Championnat Afrique francophone de Slam/Poésie. C’est ainsi qu’il reçoit le sacre de slameurs Afrique francophone de slam poésie. Il a 06 trophées à son actif. Doté de se bagage artistique et marqué par la crise sécuritaire que vit le Burkina, l’artiste a enregistré un single dénommé « Franc CRI ». Dans cette chanson “La voix d’or” dépeint un pays qui voit ses villages se vider et ses enfants s’entretuer. L’artiste déplore par ailleurs la peur, le manque de solidarité et de patriotisme de certains Burkinabè. « Je magnifie la résilience des populations, la richesse culturelle du pays, gage de cohésion sociale et de tolérance. J’entends sonner le glas de la peur et de la résignation en invitant à un sursaut patriotique, à l’unisson et à la résistance face à l’hydre terroriste », a-t-il confié.
Selon le parrain artistique, Achille Ouattara, l’œuvre rend également hommage aux FDS. « Il repose sur une rythmique tradi moderne. En 5 minutes et 04 secondes, la chanson fait voyager les mélomanes vers les temps mémoriaux où 60 ethnies vivaient en harmonie, vers les moments héroïques de notre peuple contre l’ennemi aux temps de la colonisation ou de la révolution », a-t-il expliqué.
Le directeur général de l’ULB, Ismaël Sana qui a patronné la cérémonie de dédicace, a reconnu qu’au delà des talents d’art oratoire, le jeune slameur est un bosseur. « L’administration a décidé de financer son master, deux années durant. Nous serons à ses côtés jusqu’à la sortie de son premier album »,a-t-il rassuré.
« Slam à l’école »
Le jeune slameur travaille sur un projet dénommé Slam à l’école qui veut promouvoir le développement des compétences courantes des jeunes scolaires à travers l’oralité. Il s’agit d’informer, former et éduquer les jeunes sur les thématiques du civisme, de la santé sexuelle et reproductive, de la paix, du leadership, etc. Ce projet d’envergure s’étendra sur Kaya, Ziniaré, Ouagadougou et Tenkodogo et va toucher plus de 15 000 enfants.
Dans sa mise en œuvre, le projet va implémenter 12 clubs de slam au sein d’établissements secondaires des zones cibles du projet, selon le jeune slameur. « Ensuite, 300 élèves issus de ces clubs seront formés sur l’art oratoire, le slam, l’écriture et le leadership. Une vingtaine de séances de sensibilisation, des ateliers de création artistiques, des concours de slam, des actions de plaidoyers et des activités communautaires avec les PDI sont prévus dans le projet », a-t-il dit.
« Slam à l’école » va mettre en exergue l’éducation par les pairs sur les enjeux liés à l’égalité de genre, la paix, le civisme, la santé sexuelle et reproductive. Il s’agit d’une initiative de stimulation et valorisation des talents artistiques de jeunes scolaires. C’est aussi un clin d’œil aux enfants vivants dans les zones à fort défi sécuritaire. Il s’agit de leur redonner le sourire et forger en eux l’esprit de résilience et de patriotisme. En somme, le programme se veut un cadre d’incubation d’une génération d’adolescents leaders, conscients des enjeux et défis du moment. Le projet va toucher directement 500 élèves et indirectement 15000 personnes. Le cout du projet est estimé a 16 millions 795 mille. Un appel est lancé aux personnes de bonnes volonté, associations etc. pour la mobilisation des fonds.
W. Harold Alex Kaboré