Procès Dabo Boukary : ces témoins qui ne savent rien de l’affaire
Après l’audition des accusés, la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou est passée à une autre étape dans le dossier Dabo Boukary. En ce mardi 20 septembre 2022, la parole a été donnée aux témoins, mais les premiers à faire leur déposition disent ne rien savoir de cette affaire.
C’est un général Gilbert Diendéré qui est resté droit dans ses bottes en ce deuxième jour du procès Dabo Boukary. Il dit n’avoir pas été informé des autres arrestations dont celle de Dabo Boukary après la libération des premiers étudiants arrêtés le 16 mai 1990. « Je ne connaissais aucun des étudiants détenus au conseil de l’Entente », a-t-il confié à la barre avant d’ajouter qu’il n’était pas informé, qu’il n’a pas non plus mis pied au campus pour le meeting des étudiants.
Devant les juges de la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou, cinq (5) témoins étaient à la barre pour apporter leur part de vérité dans ce drame. Il s’agit, de l’avocat Alidou Ouédraogo, du colonel major Omer Bationo, lieutenant au moment des faits, de Moctar Konfé, gendarme à la retraite, de Georges Marie Compaoré, ex commandant de compagnie de la garde présidentielle, et de Bertin Somda, ex commandant de la gendarmerie à la retraite.
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Cités à comparaitre comme témoins, Omer Bationo, sous-lieutenant au moment des faits, Somda Bertin, chef d’état-major de la gendarmerie au moment des faits sont catégoriques. Ils disent ne rien savoir de l’assassinat de l’étudiant en 7e année de médecine. Pour le premier témoin, Omer Bationo, actuel ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, il était en stage au moment des faits. « Je n’ai rien à dire sur ce dossier parce que j’étais absent au moment des faits », a-t-il dit. Quant à Somda Bertin, ancien chef d’état-major de la gendarmerie, il a déclaré avoir appris la nouvelle dans les médias, par conséquent, il dit ne rien savoir.
Commandant de compagnie de la garde de sécurité présidentielle à l’époque, Georges Marie Compaoré, a fait savoir à la cour qu’il a appris le décès de Dabo Boukary le lendemain, soit le 20 mai 1990. Selon lui, l’ordre de faire arrêter les étudiants venait d’un civil notamment le cabinet du président Blaise Compaoré. Et de nuancer que c’est difficile d’affirmer que les ordres venaient de Salifou Diallo. L’avocat Alidou Ouédraogo, lui, en sait quelque chose sur la disparition de Dabo Boukary. Le peu de choses qu’il dit savoir, est qu’il a été saisi par l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) de l’enlèvement de leurs camarades et détenus au Conseil de l’entente. Il usera de ses contacts pour demander la libération de Dabo Boukary auprès de Salifou Diallo, directeur de cabinet de Blaise Compaoré à l’époque. Selon ses dires, Salifou Diallo lui annoncé que sa requête a été acceptée et que le président Blaise Compaoré, a ordonné la libération des étudiants. Cela concernait les premières arrestations des étudiants le 16 mai 1990. S’en est suivi une période de méfiance et de peur selon lui, et qu’il apprendra plus tard la disparition de Dabo Boukary. Toutes ses sollicitations auprès des autorités administratives et politiques sont restées vaines et sans suite, a-t-il conclu.
Camille Baki