A la faveur d’assises criminelles, deux employés de commerce, Abdoul Fataho Sanfo et Lassané Baguian ont été jugés par contumace ce mardi 27 septembre devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou. Reconnus coupables des faits de vol aggravé de plus de 100 millions de F CFA, chacun des deux a écopé de 20 ans d’emprisonnement ferme.
C’est une affaire vielle de plus de 10 ans qui vient de connaitre un dénouement judiciaire devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou. Les faits datent précisément du 12 septembre 2014. Cette nuit-là, la boutique du commerçant Edouard Nana à Ouagadougou a été cambriolée. Le butin emporté par les cambrioleurs est pharaonique: un coffre-fort contenant 80 millions de F CFA, un sac contenant 24 autres millions et un chèque de 4000 euros soit un peu plus de 3 millions de nos francs. En tout donc, près de 110 millions de F CFA.
Selon l’accusation, trois personnes ne devraient pas être dédouanés de ce forfait. Parmi elles, deux employés d’Edouard Nana que sont : Abdoul Fataho Sanfo et Lassané Baguian. Le scénario du cambriolage retracé par l’ordonnance de mise en accusation ne s’éloigne pas de celui d’un film d’action. Après s’être introduit dans la boutique de leur patron et d’en ressortir avec le coffre-fort, le sac d’argent et le chèque, les deux employés d’Edouard Nana ont eu recours aux services d’un taximan, Raphaël Sawadogo pour transporter leur butin et s’éloigner de la scène du crime. Ils se retrouvèrent à la sortie nord de la ville pour le partage. Là, le coffre a été sauté à l’aide d’un arrache-clou. De la cagnotte emportée, une part de 11 millions de F CFA a été impartie au taximan. Les deux autres s’arrogent la part du lion. Cela aurait fait d’Abdoul Fataho Sanfo en un homme généreux, allant même à offrir un tricycle à une de ses connaissances.
Des trois hommes poursuivis, seul Raphaël Sawadogo a été appréhendé par les enquêteurs, les deux autres s’étant volatilisés dans la nature et restés introuvables jusqu’au jugement de l’affaire ce 27 septembre. Mais le taximan étant décédé (lors de sa détention), l’action publique à son encontre est éteinte, il ne restait donc plus qu’à juger par défaut les deux fugitifs. Raison d’une instruction à la barre plus ou moins expéditive à ces assises criminelles.
Pour la partie civile tout comme le parquet, l’infraction de vol aggravé est suffisamment caractérisée, d’autant plus que le vol a été commis la nuit et par effraction, que le butin a été transporté à l’aide d’un engin motorisé et qu’il y a eu réunion de plusieurs personnes. C’est pour cela que le l’avocat général a requis contre chacun des deux accusés une peine d’emprisonnement de 20 ans ferme.
Les deux mis en cause sont-ils coupables de l’infraction de vol aggravé ? Existe-t-il des circonstances atténuantes ? A la première question, les juges ont répondu par l’affirmative et à la deuxième par la négative. En clair, Abdoul Fataho Sanfo et Lassané Baguian sont coupables des griefs à eux reprochés et ne peuvent bénéficier de circonstances atténuantes, sans doute du fait qu’ils sont en cavale. Finalement, les deux accusés ont été condamnés chacun à 20 ans d’emprisonnement ferme non sans se voir décerner un mandat d’arrêt. Recevant favorablement une demande des avocats de la partie civile, la cour a par ailleurs condamné les deux cambrioleurs au remboursement de la somme volée et le paiement de 50 millions de F CFA à la victime à titre de dommages et intérêts.
Bernard Kaboré
