Difficile de ne pas les apercevoir au niveau des carrefours, non loin du site du 75e anniversaire des Assemblées de Dieu, au quartier Bonheur ville de Ouagadougou. Ces femmes et ces enfants qui ont fui les attaques terroristes ont pour principale activité la mendicité sur les voies publiques, malgré les dangers de la route. Nous leurs avons rendu visite, le 11 juin 2020.
Les attaques terroristes ont entrainé un afflux des populations vers les centres urbains et cela n’est pas sans conséquences. Dans la capitale Ouagadougou et particulièrement dans le quartier Belle ville ; ils sont nombreux ces femmes et ces enfants à squatter les carrefours aux feux tricolores du matin au soir à la recherche de leur pitance quotidienne. En effet, c’est au péril de leur vie qu’ils slaloment entre véhicules et motocyclettes pour quémander la charité.
A la vue de notre équipe, un petit groupe composé de mères et d’enfants nous accueille abandonnant des conducteurs d’automobiles qui n’ont pas daigné leur jeter un regard. Se disputant pour arracher la parole, c’est finalement la plus âgée qui nous apprend qu’elles ont fui Dori. A défaut de pouvoir vérifier nous nous demandons s’ils viennent tous de Dori. « On a plus d’autre choix que de mendier. Nous sommes nombreux et en location dans une zone périphérique non loin d’ici. Quand le jour se lève, hommes comme femmes se livrent à la mendicité à travers la ville », a-t-elle dit dans un mooré approximatif.
Non loin de là, c’est le même constat. Certaines femmes sont assises sous le soleil avec leurs rejetons et envoient les moins jeunes tenter leur chance auprès des passants. Installé à quelques mètres du feu tricolore, un commerçant, Souleymane, nous explique que le phénomène s’est accentué avec les attaques dans le Sahel et le centre-nord. « Certains enfants sont souvent victimes d’accidents de la circulation. Ces gens vivent la misère et malgré tout cela nos autorités restent insensibles », a-t-il déploré.
Selon l’un des employés de M. Tiendrébeogo, un matin, certains mineurs ont été embarqués de force et convoyés vers Tanghin où ils seraient nourris, logés et scolarisés. « Nous avons appris cela grâce à deux d’entre eux qui ont pu s’échapper. », a-t-il relaté.
Une passante nous confie qu’elle est venu faire une offrande (douaga) avec un sachet de galette et 100 F. « J’ai une dermatose et j’espère que le très haut me viendra au secours. Quand j’ai également un peu de sou, je n’hésite pas à faire un geste », a-t-elle précisé.
Nous quittons le carrefour après avoir mis la main à la poche en promettant de revenir avec plus de vivres ou de moyens financiers. Mais ce serait plus indiqué si des institutions plus qualifiées entendaient le cri du cœur de ces déplacés internes.
W. Harold Alex Kaboré
