Grande prière Aïd-el-fitr : quand musulmans et chrétiens unissent leurs vœux pour la paix
Après trente jours de jeûne, les musulmans du Burkina, comme un peu partout dans le monde, célèbrent ce 21 avril 2023 l’Aïd-el-fitr, qui marque la fin du ramadan. A Ouagadougou, des milliers de fidèles se sont donné rendez-vous à la Place de la nation pour la Grande prière à laquelle ont pris part le nonce apostolique et le cardinal Philippe Ouédraogo. Symbole de fraternité et de cohésion mais aussi un moment d’union de prières pour le retour de la paix dans un Burkina en guerre contre l’hydre terroriste.
Des jours comme l’Aïd-el-fitr sont des occasions pour l’emblématique Place de la nation de montrer sa capacité à accueillir une foule immense. Ils étaient, en effet, des centaines, voire de milliers à prendre d’assaut ce lieu pour la Grande prière marquant la fin du Ramadan. Parmi ce monde, la présence de personnalités a été remarquée : le Mogho Naaba, le cardinal Philippe Ouédraogo, le nonce apostolique, l’ex-président de l’Assemblée nationale, Alassane bala Sakandé, des membres du gouvernement de transition avec comme chef de délégation le ministre délégué à la sécurité, Mahamadou Sana, etc.
Comme des années antérieures, le Ramadan 2023 est célébré dans un contexte d’insécurité. C’est donc sans surprise que, dans son sermon, l’Imam Abdalah Ouédraogo, qui a dirigé la prière, a fait du retour de la paix l’un des principaux thèmes abordés dans son message. Convaincu que la prière, cette arme du croyant, peut contribuer à cet objectif commun, l’Imam Ouédraogo a invité à ne pas s’en lasser.
Dans un autre de ses thèmes abordés, celui qui a dirigé la prière a invité au partage et à la solidarité en ce jour singulier. Il s’agit d’être généreux envers les nécessiteux. « Aujourd’hui nous ne devons pas avoir un musulman qui ne puisse pas avoir à manger », a-t-il souhaité. Et d’insister sur l’aide aux déplacés internes, ces milliers, voire des millions de personnes qui ont fui les violences terroristes. Envers ces personnes, la population est invitée à être sensible à leur situation à les soutenir autant que possible. Invite est aussi lancée à ne pas oublier les malades dans les hôpitaux, à leur réserver prières et soutien.
Pour le gouvernement, cette célébration est l’occasion d’exprimer de la compassion à l’endroit des personnes déplacées internes et toutes les victimes de l’hydre terroriste. L’occasion également, selon le ministre Mahamadou Sana, d’adresser hommages et chers vœux aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et aux Forces de défense et de sécurité (FDS » qui « se battent jour et nuit pour offrir la quiétude aux populations », et qui permettent même la présente célébration.
Une tradition depuis plusieurs années, la célébration de la fin du Ramadan est l’occasion d’un témoignage de la tolérance et la fraternité entre les différentes confessions au Burkina. Le cardinal Philippe Ouédraogo le dit en ces termes : « Ce qui appartient au marigot appartient au caïman. Ce proverbe de la savane pour dire que la joie des musulmans est aussi celle de tous. Vous priez Allah, nous prions le Seigneur pour qu’ensemble nous puissions aller très loin dans l’amitié, dans l’amour ». Et d’ajouter : « Notre Saint père, le pape a donné un message à tous les musulmans en ce jour béni et voudrais que catholiques, chrétiens et musulmans, nous puissions être des promoteurs d’amitié, des promoteurs de fraternité, des promoteurs d’amour. Ensemble nous devons nous donner la main pour démolir les murs de haine et d’incompréhension, de violence et de terrorisme et construire des ponts de compréhension, de fraternité d’amour et de vivre-ensemble ».
Toujours dans l’élan d’un Burkina uni et de paix, le président de la Communauté musulmane du Burkina (CMBF), Moussa Kouanda, a lancé un appel au dépôt des armes à l’endroit de ceux qui en ont pris contre leurs pays. « Il n’y a pas de raison qu’un Africain tire sur un Africain. De même, il n’y a pas de raison qu’un Burkinabè tire sur un autre Burkinabè », a-t-il déclaré. Moussa Kouanda est convaincu d’une chose : cette situation de guerre que traverse le Burkina « relèvera de l’histoire un jour et donc derrière nous ». La même conviction anime le ministre délégué, Mahamadou Sana qui a espéré qu’« on ne parle plus de terrorisme au Burkina Faso d’ici au prochain ramadan ».
Bernard Kaboré