Société

Rencontres sur la situation sécuritaire  avec les autorités : « le collectif des journalistes se démarque de ces rendez-vous précipités »

Ceci est un communiqué  du collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina, relatif aux notes d’invitation pour une rencontre d’information sur la situation sécuritaire nationale.

Le ministre de l’administration territoriale de la décentralisation et de la sécurité et le ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale viennent d’initier une série de rencontres, tout azimuts, avec les forces sociales et politiques notamment les partis politiques, les organisations de la société civile et les syndicats ce mercredi 3 mai 2023. Lesdites rencontres ont pour objet principal tel que mentionné dans les convocations, « information sur la situation sécuritaire nationale ». Nous constatons que lesdites rencontres sont convoquées à seulement 24 heures de leur tenue et se dérouleront au pas de course en une seule après-midi. On peut bien se demander quelle est l’urgence qui conduit à une telle démarche commando. Mais également s’inquiéter quant aux intentions réelles du gouvernement qui semble vouloir mettre les acteurs devant le fait accompli. 

Qu’est-ce-qui existe en matière sécuritaire dont les acteurs ne sont pas au courant aujourd’hui ?

Il faut rappeler que le Burkina Faso est endeuillé par le drame de Karma pour lequel les ressortissants du village, les rescapés du massacre, des organisations internationales de droit de l’homme comme Amnesty international ont pointé la responsabilité de notre armée nationale. Ces tristes évènements de crime de guerre où 45 enfants et des mères ont été massacrés et d’autres drames comme la mort de 33 soldats à Ougarou dans l’Est n’ont pas empêché la tenue de la SNC sans qu’un deuil national n’ait été observé. Le Gouvernement s’est plutôt comporté avec dédain et sans empathie dans ces circonstances très douloureuses pour les victimes et pour la nation entière. 

En tout état de cause, les autorités, avec en tête le président de la Transition, ont déjà tenu un grand nombre de rencontres pour expliquer le contexte sécuritaire et les difficultés inhérentes? Il n’y a pas longtemps, la classe politique s’était entretenue avec le président Traoré sur les questions nationales. Par ailleurs , un décret portant ordre de mobilisation générale et de mise en garde a été adopté donnant au président plein droit d’exercer ses pouvoirs exceptionnels au terme de l’article 59 de la constitution. Les acteurs n’ignorent rien aujourd’hui de la situation sécuritaire nationale. Ils le prouvent si bien à travers leur soutien aux initiatives pour l’effort de guerre.

Le Collectif s’attendait, et ce, jusqu’à ce jour à l’adresse à la nation du président comme le veut la loi fondamentale avant la mise en œuvre de cette mobilisation générale. Cela reste toujours insatisfait et n’est point conforme à l’Etat de droit. Il invite à faire les choses dans les règles de l’art.

C’est pourquoi au niveau du Collectif nous marquons notre grand étonnement pour ces convocations Manu militari des acteurs et nous nous inquiétons par rapport à la réelle intention du gouvernement. Face à ce qui pourrait ressembler à un traquenard, le Collectif voudrait se démarquer d’ores et déjà de ces rendez-vous précipités afin de ne pas cautionner certaines décisions hâtivement sans réflexion préalable. 

Cependant, nous tenons à le réaffirmer, nous demeurons très soucieux de la situation nationale et pensons qu’il urge que les autorités ouvrent des concertations avec l’ensemble des acteurs de la gouvernance. Mais à la condition que l’on mette la  méthode pour plus de transparence qui puisse garantir un minimum de préalable et de considération pour les interlocuteurs des autorités. Le Collectif tient au respect des libertés démocratiques et de l’Etat de droit, raison pour laquelle, il se réserve le droit de dénoncer et de rejeter toute décision qui violerait la charte et l’agenda de la transition ainsi que les dispositions de la constitution du Burkina Faso.

Fait à Ouagadougou, le 3 mai 2023

Pour le Collectif 

Dr Arouna Louré

Porte-parole

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