Les Humeurs de Barry : Irzan ! Nous sommes à la Mecque ! Pagtazé !!!
«Non, ça ne peut être vrai ! », me suis-je écrié à la vue des deux vidéos surtout que par ces temps qui courent, on invente tout et n’importe quoi pour tenir l’internaute en haleine.
Et pourtant c’est vrai : La première vidéo a pour cadre les alentours de la Kaaba. On y voit deux personnes drapées de blanc, au dos un écriteau en guise de clin d’œil à Ibrahim Traoré, aux FDS et aux VDP. Et l’un des porteurs du message de dire, en français et comme pour marquer le symbolisme de leur présence dans ce lieu saint de l’islam : « Hommage au président Ibrahim Traoré… Les Burkinabè sont là ». La seconde vidéo elle, a carrément pour cadre l’enceinte de la Kaaba, avec pour ambiance, des pèlerins faisant la circonvolution autour de l’édifice, ô ! combien vénéré. Et la voix, en langue nationale mooré, vraisemblablement celle de Sinon Mohamed, de rendre un hommage appuyé aux présidents Ibrahim Traoré et Assimi Goïta.
On n’aurait pas trouvé à redire si cette belle symphonie à l’endroit de nos gouvernants du moment était faite ailleurs. Mais ça se passe à la Mecque. Et nulle part ailleurs. Je ne suis pas un Cheikh, encore moins un Mollah et le nombre de versets que je connais tient dans la paume d’une main. Excusez donc que je me goure, mais je suis enclin à penser que quand on va à ce genre d’endroit, l’on se doit de prier pour sa propre âme et non pour y faire de la politique. Et même si on se sentait le devoir impérieux de le faire, ce devrait être en toute intimité, pourquoi pas en marmonnant (dico : murmurer entre ses dents). Conscient de mes tares, j’ai bouquiné un peu et j’ai trouvé un hadith du prophète, authentifié par Al Boukhari et Mouslim, qui dit : “L’Omra à l’Omra est une expiation pour tous les péchés commis entre elles, et le pèlerinage (Hadj) pieux n’a d’autre récompense que le paradis ».
Qu’ils sont forts le Irissi ! On dirait que ça ne les a pas suffi de chanter à tue-tête les exploits d’IB à la place de la Nation ; maintenant, il faut aller jusqu’à la Kaaba pour une portée plus grande. Je me demande même si de telles manifestations, qui frisent l’idolâtrie, sont tolérées à la Mecque. Selon toute vraisemblance en effet, la loi saoudienne interdit de lancer des slogans politiques pendant la Omra ou le Hadj. Si quelqu’un violait cette interdiction, cela est considéré comme un crime et puni comme tel. Vivement donc que Sinon me revienne libre de tous ses mouvements pour éclairer ma lanterne sur ce meeting politique qu’il a réussi l’exploit d’organiser à la Mecque… Ou si d’aventure je devais être enrôlé, je chausse du 41.
Issa K. Barry